​2022, le rebond d'une économie encore fragile


Tahiti, le 25 juillet 2023 - Le Cerom a présenté à la presse mardi les comptes économiques rapides 2022. Des comptes nécessairement meilleurs que les années passées, et même supérieurs aux attentes. Une croissance jamais observée depuis 2006 et l'avant crise des subprimes.
 
 
L'Agence française de développement, l'Institut d'émission d'outre-mer et l'Institut de la statistique en Polynésie française, réunis dans le Cerom (Comptes économiques rapides de l'outre-mer) ont présenté mardi les comptes non consolidés de la Polynésie française en 2022. Des comptes bien au-delà des espérances de rebond affichées pendant la crise Covid qui dépeignent surtout une société polynésienne résiliente dans ses habitudes de consommation malgré l'inflation galopante des douze derniers mois qui, enfin, tend à ralentir.
 
En 2022, selon les premiers recoupages de chiffres, le Produit intérieur brut de la Polynésie française croit de 4,5% pour atteindre 660 milliards de francs, soit un gain de 40 milliards de francs sur un an. Une croissance à contre-courant de celle observée par l'Hexagone notamment, puisque à Paris cette dernière avait atteint les 7% en 2021 pour redescendre en 2022 à 2,5%. Ce retour de la croissance au fenua place l'année 2022 à hauteur de l'activité économique engagée en 2019.

Le tourisme, locomotive économique du pays

Ce n'est pas une surprise. La santé économique de la Polynésie française dépend toujours fortement de l'activité touristique. Avec des chiffres record en 2022 avoisinant ceux de 2019 – et qui seront très probablement dépassés en 2023 –, la fréquentation touristique tire l'économie du fenua vers le haut. Ce tourisme n'est pas tant porté par le retour en masse des ressortissants extérieurs dans nos hébergements touristiques que par les prix pratiqués par ces mêmes hébergements. Leurs chiffres d'affaires ont plus que doublé sur une année, gagnant 105% en valeur en 2022 par rapport à 2021 (60,8 milliards contre 28,8 milliards de francs). Cette activité est même supérieure à celle de 2019, avant crise Covid (52,3 milliards de francs). Cette hausse de chiffre d'affaires n'est pas tant due à l'augmentation de la fréquentation touristique, puisque 2022 est inférieure en nombre de touristes par rapport à 2019, que par la hausse des prix pratiqués. En 2019, le prix moyen d'une chambre était de 40 000 francs alors qu'en 2022, cette même chambre, sans extension de services, est autour de 60 000 francs.

Résilience paradoxale face à l'inflation

Ce qui marque dans l'analyse des comptes économiques de la Polynésie en 2022, c'est la résilience des Polynésiens face à la forte inflation qui touche le pays depuis plus d'un an. Les dépenses des ménages constituent toujours les 2/3 de la production de la Polynésie. Malgré un environnement inflationniste et gorgé d'incertitude pour les entreprises, les familles ont continué à consommer : +0,7% sur une année alors que la commande publique s'affaisse légèrement pour sa part.
 
La consommation des ménages s'étire donc autour de 400 milliards de francs, paradoxalement, comme si les prix n'avaient jamais évolué. L'inflation galopante et les crises géopolitiques n'ont pas précipité la hausse des épargnes pour autant, malgré une baisse du pouvoir d'achat. Et si l'emploi salarié a connu une hausse que le fenua n'avait pas connu depuis 17 ans, la hausse des revenus moyens des ménages n'a augmenté que de 5%, quand l'inflation a augmenté pour sa part de 6,4% en glissement annuel. Les ménages polynésiens ont donc perdu pour 1,4 point de pouvoir d'achat l'année dernière mais ont augmenté leur consommation de 0,7%.

Rédigé par Bertrand PREVOST le Mardi 25 Juillet 2023 à 19:33 | Lu 1610 fois