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​"Pas de plan B" pour les voiliers ancrés à Outumaoro


PAPEETE, le 7 novembre 2019 – Le ministre de l’Equipement a annoncé jeudi que le gouvernement n’envisageait pas de plan de repli pour reloger la centaine de voiliers ancrés à proximité du littoral de Outumaoro et sommés de lever l’ancre.
 
 Un vent de précarité souffle sur le plan d’eau d’Outumaoro. Fin octobre, lors d’une réunion d’information, les plaisanciers qui stationnent à l’ancre, de manière irrégulière, ont été informés de l’obligation de lever les voiles sous peu. La nécessité est justifiée sous couvert de "reprofiler"  le littoral pour préparer la zone du projet Village tahitien. Des arrêtés municipaux sont à l’étude à Faa’a et Punaauia pour interdire le mouillage des voiliers dans la zone lagonaire des 50 mètres, c’est-à-dire dans les 300 mètres de compétence communale. En dehors des 130 voiliers amarrés sur corps-mort et régulièrement sous contrat avec le Port autonome, dans le secteur, outre les sept épaves recensées, de 60 à 80 voiliers sont concernés en fonction des saisons. 
 
Et pour eux, "il n’y a pas de plan B" a annoncé jeudi le ministre de tutelle du Port autonome. La suggestion d’un déménagement de ces voiliers vers la baie Phaëton à la Presqu’île avait été avancée durant la réunion du 29 octobre par Jean-Christophe Bouissou. Cette baie est gérée par le Port autonome. Jeudi, la représentante souverainiste Valentina Cross, élue de Teva i Uta, est montée au créneau lors de la séance des questions au gouvernement en redoutant l’arrivée sur place de "squatteurs de lagon". Pour elle "ça ne fait que déplacer le problème de Punaauia à Papeari", alors que la commune vient de prendre des arrêtés en faveur du Rahui. "Je ne veux pas stigmatiser tous les plaisanciers. (…) Mais quand j’entends ça, je dis au secours ! ". Elle en appelle à une concertation la plus large possible, entre gouvernement, élus, usagers et administrés.
 
En réponse, René Temeharo a évoqué un projet de loi du Pays à l’étude à la Direction des affaires maritime. Le texte qui vise à "réguler l’ensemble des stationnements sur l’ensemble du territoire, définir les infractions et modalités de poursuites des contrevenants" devrait être présenté à l’examen des élus de l’Assemblée en avril prochain, à l’entame de la prochaine session administrative. "Il est important que l’on trouve un équilibre dans nos lagons", a-t-il insisté.
 
En attendant, s'il souhaite également que la gestion de ces voiliers soit l'objet d'une concertation la plus large possible, le président de l’association des voiliers de Polynésie met en garde : "Si on ne s’occupe pas d’autre chose que de chasser les voiliers du lagon, au bout d’un moment, il n’y aura plus de voiliers", dit-il en soulignant que ce secteur de l’économie bleue génère chaque année près 1,5 milliard de Fcfp d’activité. "Il faut raisonner en flux", explique-t-il. "Un voilier ça bouge. Et les bateaux ventouses, c'est-à-dire dans l’incapacité de naviguer pour une raison ou une autre, personne n’en veut."

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 7 Novembre 2019 à 14:18 | Lu 7377 fois