​“La protection de la Polynésie guide notre action”


Tahiti, le 17 janvier 2024 - Au terme d'une “dense” année 2023, le Régiment d'infanterie de marine du Pacifique (Rimap-p) s'apprête, cette année, à participer à l'exercice Marara. Dans un entretien accordé à Tahiti Infos, le colonel Loïc Wierzbinski rappelle la mission principale de ce corps de l'armée en Polynésie qui vise à “protéger” la population. 

En premier lieu, pouvez-vous rappeler globalement quelles sont les missions du Rimap-p en Polynésie ?
 
“Notre mission première est assez simple, il s'agit de la protection de la Polynésie et de ses habitants. Notre devise, paruru te fenua, illustre assez bien cette mission. Nous avons en permanence une soixantaine de personnes prêtes à intervenir sur court préavis au profit de la population si une crise devait se déclarer quelque part. Nous pouvons également intervenir dans les missions plus difficiles, où l'emploi des armes serait nécessaire. Il n'y a pas vraiment de menace sur la Polynésie, nous sommes assez loin dans le Pacifique donc nous contribuons à l'assistance à la population. Cela est notre mission courante mais à côté, nous assurons la protection de certaines infrastructures militaires à Tahiti et à Moruroa et Fangataufa où nous sommes présents en permanence. De manière plus ponctuelle, nous effectuons aussi des missions d'aide à la population dans les îles en y allant une dizaine de jours pour donner un coup de main, comme aider à la réfection d'un fare ou à l'entretien d'une cocoteraie. Avec les services du haut-commissariat, nous menons ces projets afin qu'ils puissent bénéficier à la population. Le Pays donne également des moyens et nous fournissons la main-d'œuvre.”
 
Quelles sont les différentes catégories de personnels qui composent le Rimap-p ?
 
“Notre colonne vertébrale, ce sont les militaires qui sont en mission de longue durée de trois ou quatre ans. Ils viennent de métropole et habitent ici. Ensuite, j'ai un premier bras armé : les militaires en mission de courte durée qui passent ici tous les quatre mois. Mon deuxième bras armé, c'est la compagnie de réserve de 200 personnes que nous avons. Elle peut être composée d'anciens militaires d'active retirés au Fenua, comme de civils qui sont étudiants ou policiers, ou encore entrepreneurs dans le bâtiment. Ces réservistes exercent ces deux activités-là, militaire parfois et civile le reste du temps. La particularité de la réserve du Rimap-p est que nous avons beaucoup de moyens de l'employer puisque nous l'utilisons sur les mêmes missions que nos soldats d'active. Nous avons le même niveau d'exigence et de compétences.”
 
Quel bilan tirez-vous de l'année écoulée ? 
 
“Cette année a été très intéressante car nous avons réussi à bien utiliser les capacités du régiment et à bien rentabiliser nos troupes ici en offrant un maximum d'activités. Outre les missions que j'ai citées et que nous avons assurées en permanence, nous avons huit régiments qui se sont succédé en mission de courte durée. Nous avons aussi pu intervenir en mars dernier auprès de la population de Teahupo'o après les inondations afin d'aider à déblayer au moment où l'eau commençait à redescendre. C'était un moment et une expérience assez riches pour les soldats et une bonne illustration de notre mission première.”
 
Quelles sont les opérations prévues cette année ? 
 
“Cette année va se dérouler un peu sur le même tempo que l'année passée, c’est-à-dire qu'elle va être assez dense. Nous allons notamment participer à l'exercice Marara 2024 – à Raiatea, Taha'a et peut-être Huahine – qui est un exercice d'aide aux populations et qui permet à la force d'entraîner sa capacité à intervenir dans une autre île de Polynésie tout en fédérant les armées de la région. Il y aura des forces étrangères et le Rimap-p sera notamment renforcé par des soldats de l'US marine, de l'US Army, des Tonga et d'IndonésieNous aurons donc beaucoup de renforts internationaux et il sera intéressant de voir comment nous serons capables de fédérer une telle force, et d'agir en commun si une catastrophe majeure devait frapper l'un des pays de la zone Pacifique. Pour nous, cet exercice est donc très intéressant.”
 
Allez-vous contribuer au dispositif de sécurité mis en place pour l'épreuve de surf des Jeux olympiques en 2024 ?
 
“Nous allons effectivement concourir à l'aide à la sécurisation de l'épreuve des Jeux olympiques. Nous sommes en deuxième rideau car nous n'avons pas encore de missions définies. Mais nous sommes en mesure d'intervenir pour soutenir les forces de l'ordre comme nous pouvons le faire en Métropole sur des missions Sentinelle car il y aura la venue de chefs d'État étrangers. Il faudra aussi sécuriser certains sites mais tout n'est pas encore établi quant à notre potentielle participation. En termes d'événement à venir, nous organiserons de nouveau, au mois de juin, une journée pour médiatiser la cause des blessés des armées car il y en a un certain nombre en Polynésie. Les bénéfices de cette journée seront intégralement consacrés à ces personnes blessées.” 
 
Dans un tout autre domaine, constatez-vous un engouement particulier des jeunes Polynésiens pour l'armée ?
 
“Effectivement, il y a un bel engouement. Les taux de recrutement de l'armée en général en Polynésie sont très forts et plus importants que dans les autres outre-mer. Les Polynésiens progressent bien dans l'armée et leurs valeurs sont compatibles avec celles de notre institution. 
 
Avec la nouvelle loi de programmation militaire, vos effectifs vont-ils être renforcés ?
 
“Effectivement, nous allons bénéficier de cette loi puisque dans le cadre de ce programme, 89 personnes vont rejoindre notre régiment d'ici à 2030. Cela représente un bon tiers d'augmentation qui va également être accompagné d'une modernisation du matériel et du doublement de la réserve. Nous étions jusqu'à présent en effectif contraint.”
 

Rédigé par Garance Colbert le Jeudi 18 Janvier 2024 à 07:00 | Lu 1020 fois