​ “Aucun médicament ne remplace le sang”


Pour Virginie, donneuse régulière, le don du sang relève d'un “acte de citoyenneté”.
Tahiti, le 19 juin 2024 - Alors que les besoins de sang sont en constante augmentation sur le territoire, une “grande journée du don du sang” a été organisée mercredi au CHPF afin de sensibiliser la population à cet acte qui permet aussi bien d'aider des patients atteints de maladies chroniques que de soigner des personnes victimes de traumatismes ou d'accouchements avec hémorragies.

Initialement célébrée le 14 juin, la Journée mondiale du don du sang a finalement été organisée mercredi au CHPF. Un décalage notamment lié au passage de la flamme olympique le 13 juin. En cette fin de matinée, quelques volontaires s'étaient en effet rendus au Centre de transfusion sanguine (CTS) afin de donner leur sang à l'image de Virginie, une mère de famille qui donne son sang depuis quatre ans. “Je donne mon sang depuis 2020 de manière régulière tous les 3 à 4 mois, car je me dis que ça peut sauver des vies et qu'il peut aussi m'arriver, un jour, d'avoir besoin d'une transfusion. Pour recevoir, il faut donner et le don du sang est un acte de citoyenneté. Je ne connais pas beaucoup de gens dans mon entourage qui donnent leur sang et j'essaie d'inculquer cela à mes enfants, mon fils est d'ailleurs déjà donneur.”
 
“Il n'y a aucun médicament qui remplace le sang, c'est pour cela qu'il est important de donner du sang régulièrement”, rappelait à cette occasion Valérie Ségalin, médecin responsable des collectes de sang, de la promotion du don du sang et aussi d'hémovigilance donneur. Les patients qui ont besoin de produits sanguins sont en effet atteints de maladies très variées. “Cela peut être des maladies chroniques comme les cancers ou des situations aiguës comme la traumatologie avec des accouchements avec hémorragies. Les donneurs de sang donnent du sang de manière bénévole, anonyme et gratuite.”

 

Des produits trop “précieux”

Le Dr Valérie Ségalin, médecin responsable des collectes de sang et de la promotion du don du sang.
Tel que l'explique la praticienne, ces patients “donnent du sang total car le sang est un liquide, du plasma, avec des cellules fabriquées par la moelle osseuse” : “Ces cellules, ce sont les globules rouges qui transportent l'oxygène aux organes, les plaquettes qui aident à arrêter les hémorragies et les globules blancs qui aident à se défendre contre les infections. Lorsque l'on prélève un donneur de sang, c'est donc du sang dit “total” et ce sang est techniqué par le laboratoire du centre de transfusion sanguine pour pouvoir séparer les différents composants du sang. Après avoir effectué cela, on centrifuge les poches de sang et comme les cellules ont une densité différente, on arrive à séparer les différents composants du sang pour arriver à des produits dit “sanguins”, c’est-à-dire une poche de plasma, une poche de globules rouges ou une poche de plaquettes. Car les malades vont recevoir ce dont ils ont besoin selon les situations cliniques.”
 
En Polynésie, le CTS est le seul centre habilité à prélever les donneurs, à techniquer les poches et les qualifier. Il gère aussi les chambres froides pour pouvoir avoir un stock. “Nous délivrons à toute la Polynésie, les cliniques, hôpitaux mais aussi les archipels en Smur Evasan ou dans certaines îles où le personnel médical dispose de dépôt de sang d'urgence pour parer à l'extrême urgence”, précise le Dr Ségalin. Ces produits sanguins sont “labiles” car ils ont une “durée de vie limitée dans le temps”. Une poche de globules rouges se conserve 42 jours, une poche de plaquettes sept jours et le plasma se garde un an au congélateur. Le CTS veille à ce que “le stock tourne” et à ce que “les dates soient respectées afin de ne pas avoir à détruire des produits trop précieux”.
 
Les besoins sont en constante augmentation d'environ 5% chaque année. C'est le fait, selon de Dr Ségalin, de “plusieurs choses” : “Nous traitons de plus en plus de personnes sur place car de moins en moins d'entre elles sont évasanées. Tant mieux mais cela va de pair avec des besoins qui augmentent. De plus, la population vieillit. Il faut toujours être réactif car nous avons une visibilité sur au moins 15 jours dans notre stock.” ll y a donc des “besoins constants” qui sont évalués sur l'année antérieure.

Rédigé par Garance Colbert le Mercredi 19 Juin 2024 à 17:12 | Lu 1112 fois