TAHITI, le 2 novembre 2022 - Coréalisateur du documentaire Patutiki, l’art du tatouage des îles Marquises projeté ce jeudi soir au Grand théâtre de la Maison de la culture, Heretu Tetahiotupa est installé dans une vallée inaccessible de Nuku Hiva. Musicien, réalisateur, dessinateur, tatoueur, il a trouvé sa voie en explorant ses racines marquisiennes.
Son père est marquisien, sa mère française. Il est né à Paris en 1992. Mais c’est à Anaho, une vallée de Nuku Hiva à Marquises que Heretu Tetahiotupa a trouvé son chemin. C’est là-bas que ses doubles racines, réconciliées, font sens.
À l’âge de 3 ans, il revient, en famille, vivre en Polynésie. Il passe un peu plus d’un an à Tahiti, puis part aux Marquises. Son père était administrateur, la famille recevait “du grand monde”. Plus tard, il est inscrit au lycée La Mennais où il obtient un baccalauréat scientifique. Il reconnaît avoir été doué à l’école, attribuant cela à sa grande curiosité. “Je reste émerveillé par tout, j’aime apprendre. J’absorbe toute nouvelle information.”
À 18 ans, il prend la direction de la France. Il poursuit ses études à Strasbourg, en musicologie. “Je voulais être artiste, musicien en fait. À l’époque, j’étais surtout dans la musique.” Il pense, au-delà de ses apprentissages, que ce choix va être “positif”. “Je me disais qu’en m’éloignant de ma famille, mes proches, mon environnement, j’allais avoir comme une révélation, j’allais trouver un sens à ma vie.” Mais la révélation n’arrive, “en tous les cas, pas comme je l’attendais.”
“J’ai pris conscience de la richesse de la Polynésie”
Il n’apprécie pas son expérience métropolitaine. Le climat d’abord est difficile à supporter. Des mois durant, il supporte péniblement un ciel bas et des journées grises. “C’était oppressant.” Heretu Tetahiotupa a grandi au soleil, “sous un ciel bleu et infini”. Il explique : “Mon corps a mal réagi. C’était physiologique.” Et puis, le tempérament des gens n’a pas su lui plaire. “Les gens sont quand même moins sympas.” Lui qui voyait son île comme une sorte de prison limitée par l’océan ouvre finalement les yeux sur les trésors que sa terre natale renferme. “En expérimentant une vie à l’étranger, j’ai pris conscience de la richesse de la Polynésie. ” À 19 ans, il est de retour chez lui.
Son père est marquisien, sa mère française. Il est né à Paris en 1992. Mais c’est à Anaho, une vallée de Nuku Hiva à Marquises que Heretu Tetahiotupa a trouvé son chemin. C’est là-bas que ses doubles racines, réconciliées, font sens.
À l’âge de 3 ans, il revient, en famille, vivre en Polynésie. Il passe un peu plus d’un an à Tahiti, puis part aux Marquises. Son père était administrateur, la famille recevait “du grand monde”. Plus tard, il est inscrit au lycée La Mennais où il obtient un baccalauréat scientifique. Il reconnaît avoir été doué à l’école, attribuant cela à sa grande curiosité. “Je reste émerveillé par tout, j’aime apprendre. J’absorbe toute nouvelle information.”
À 18 ans, il prend la direction de la France. Il poursuit ses études à Strasbourg, en musicologie. “Je voulais être artiste, musicien en fait. À l’époque, j’étais surtout dans la musique.” Il pense, au-delà de ses apprentissages, que ce choix va être “positif”. “Je me disais qu’en m’éloignant de ma famille, mes proches, mon environnement, j’allais avoir comme une révélation, j’allais trouver un sens à ma vie.” Mais la révélation n’arrive, “en tous les cas, pas comme je l’attendais.”
“J’ai pris conscience de la richesse de la Polynésie”
Il n’apprécie pas son expérience métropolitaine. Le climat d’abord est difficile à supporter. Des mois durant, il supporte péniblement un ciel bas et des journées grises. “C’était oppressant.” Heretu Tetahiotupa a grandi au soleil, “sous un ciel bleu et infini”. Il explique : “Mon corps a mal réagi. C’était physiologique.” Et puis, le tempérament des gens n’a pas su lui plaire. “Les gens sont quand même moins sympas.” Lui qui voyait son île comme une sorte de prison limitée par l’océan ouvre finalement les yeux sur les trésors que sa terre natale renferme. “En expérimentant une vie à l’étranger, j’ai pris conscience de la richesse de la Polynésie. ” À 19 ans, il est de retour chez lui.
Il s’inscrit à l’Université de la Polynésie française en physique-chimie. “J’ai toujours aimé les arts et les sciences”, explique-t-il. Les sciences, pour lui, étant “une promesse de comprendre les secrets de l’univers.” Pendant cette période, il reste tout de même un peu perdu. Il est à cet âge crucial de passage vers le monde adulte. Il constate qu’aujourd’hui, dans de nombreuses sociétés, il n’y a plus de rituel. “Personne pour nous accompagner. Alors on glisse, on se cogne, on s’improvise adulte.” Heretu Tetahiotupa constate un décalage entre ses projections et la réalité. Il aura eu besoin de temps pour comprendre ce qui l’entoure, pour se comprendre. “Le documentaire Patutiki, pour cela, a joué un très grand rôle.”
À l’université, il prend rendez-vous avec la cellule d’orientation “qui m’a beaucoup aidé”, se rappelle-t-il. Il parle de son intérêt pour les arts et les sciences. “Pourquoi ne pas essayer l’audiovisuel ?”, lui suggère la cellule orientation. En 2011, il effectue un stage au service production d’une chaîne de télévision locale. Il redécouvre “plein de trucs que je faisais déjà, pour m’amuser.” Adolescent, il s’était amusé à réaliser des courts montages vidéo. Lors du stage, il prête également sa voix, si particulière. En 2012, il prend une patente et travaille régulièrement pour la chaîne. “Ce qui me plaisait bien.”
En plus, Heretu Tetahiotupa chante et joue de la guitare dans les bars et boîtes de nuit de Tahiti. “On avait monté une formation avec un copain.” Il reprend des musiques, mais cela ne lui convient pas tout à fait. Il cherche à créer quelque chose de pertinent, “c’est-à-dire d’original”. Or, quoi de plus original que l’individu lui-même ? Sa quête identitaire prend de plus en plus de place. Il sait qu’enfouie au fond de lui se trouve sa part marquisienne, mais il ne la comprend pas encore. “Je l’avais évitée en fait.” À cette époque-là, Heretu Tetahiotupa monte aussi le collectif Lucid Dream. En 2013, ce collectif est récompensé pour deux courts-métrages lors de la 2e édition du Vini film festival : Tikaito (Grand prix du jury et prix du public) et Make the Kitchen (prix de la meilleure réalisation).
Un séjour bouleversant
En 2013, Heretu Tetahiotupa passe des vacances aux Marquises. Ses parents ont une maison isolée dans la vallée d’Anaho. Aucune route ne dessert le fa’e, “on y va à cheval, ou à pied, comme j’ai fait pendant longtemps. Aujourd’hui, j’ai un vélo électrique”, avoue-t-il. Il y séjourne quelques semaines. Ce retour aux sources le bouleverse.
À l’université, il prend rendez-vous avec la cellule d’orientation “qui m’a beaucoup aidé”, se rappelle-t-il. Il parle de son intérêt pour les arts et les sciences. “Pourquoi ne pas essayer l’audiovisuel ?”, lui suggère la cellule orientation. En 2011, il effectue un stage au service production d’une chaîne de télévision locale. Il redécouvre “plein de trucs que je faisais déjà, pour m’amuser.” Adolescent, il s’était amusé à réaliser des courts montages vidéo. Lors du stage, il prête également sa voix, si particulière. En 2012, il prend une patente et travaille régulièrement pour la chaîne. “Ce qui me plaisait bien.”
En plus, Heretu Tetahiotupa chante et joue de la guitare dans les bars et boîtes de nuit de Tahiti. “On avait monté une formation avec un copain.” Il reprend des musiques, mais cela ne lui convient pas tout à fait. Il cherche à créer quelque chose de pertinent, “c’est-à-dire d’original”. Or, quoi de plus original que l’individu lui-même ? Sa quête identitaire prend de plus en plus de place. Il sait qu’enfouie au fond de lui se trouve sa part marquisienne, mais il ne la comprend pas encore. “Je l’avais évitée en fait.” À cette époque-là, Heretu Tetahiotupa monte aussi le collectif Lucid Dream. En 2013, ce collectif est récompensé pour deux courts-métrages lors de la 2e édition du Vini film festival : Tikaito (Grand prix du jury et prix du public) et Make the Kitchen (prix de la meilleure réalisation).
Un séjour bouleversant
En 2013, Heretu Tetahiotupa passe des vacances aux Marquises. Ses parents ont une maison isolée dans la vallée d’Anaho. Aucune route ne dessert le fa’e, “on y va à cheval, ou à pied, comme j’ai fait pendant longtemps. Aujourd’hui, j’ai un vélo électrique”, avoue-t-il. Il y séjourne quelques semaines. Ce retour aux sources le bouleverse.
À Nuku Hiva, il retrouve des copains d’enfance, restés, eux “dans la culture, la musique, la danse”. Il enregistre des sons qu’il mixe avec ceux qu’il a apporté de Tahiti. Là apparait quelque chose de vraiment nouveau. Un déclic a lieu pour Heretu Tetahiotupa. Il est touché émotionnellement. “Sauf que je ne connaissais pas les outils de cette création, les rythmes, la musique, la langue et tout ce qu’ils signifiaient.” Il veut les utiliser mais sans rien laisser au hasard.
Détruire pour reconstruire
En 2014, il décide de s’installer à Anaho. “Un véritable changement de vie.” Il (re)met les mains dans la terre. Il fait du coprah, chasse sur terre, initié par des amis, et en mer comme il le faisait avec son père, lorsqu'il était petit. “Je l’accompagnais alors que j’avais 6, 7 ans, j’ai toujours aimé l’apnée. Je tenais bien sous l’eau. Je restais sur le kayak, mais faisais quelques descentes sous-marines pendant les parties de pêche.” Il se met à apprendre le marquisien. Dans la maison se trouve une grande bibliothèque qui le nourrit. Il reconnaît avoir grandi, attiré par l’Occident, bercé par les rythmes de Jimmy Hendrix et les pensées de Spinoza et Nietzsche. À Anaho, dans la maison familiale, il dévore tous les écrits liés aux Marquises. Il cite le travail de Marie-Noëlle et Pierre Ottino-Garanger, “des amis de la famille”. Il parle de son oncle Edgar Tetahiotupa qui lui a offert des clés de compréhension de la culture marquisienne. “Tout cela a donné une valeur extraordinaire à toutes ces choses qui me semblaient anodines jusqu’alors.” Il explore depuis son installation aux Marquises la culture de ses ancêtres.
Pour Heretu Tetahiotupa, il n’y a pas de rupture entre l’art et la spiritualité. Cela affecte désormais le moindre de ses gestes. Il dit être arrivé aux Marquises avec plein d’angoisses, de problématiques qui appartiennent à la civilisation moderne. Il s’est débarrassé de tout cela, s’est “soigné”. Il a tout détruit, puis tout reconstruit. “Je m’éclate à exploiter tout ça.” Il a trouvé un équilibre. Dans la société occidentale, “on mentalise et on catégorise”, dans la société polynésienne en général, marquisienne en particulier, “on connecte, on fait des liens. On a une approche holistique”. Pour autant, il ne rejette pas sa double culture. Les deux sont intimement liées. Il utilise les outils et concepts de l’une pour maintenir l’universalité de l’autre.
“J’étais là pour ça”
Il raconte comment avec Teiki Huukena, rencontré en 2015, il est allé à la rencontre de témoins dans les vallées. “J’adore l’approche de Teiki.” Le documentaire Patutiki, l’art du tatouage marquisien, prend sa source là. “Quand il a commencé à en parler, j’ai compris. Je savais que j’avais quelque chose à faire aux Marquises, c’était ça, ce projet. J’étais là pour ça.” Le documentaire a été réalisé avec Christophe Cordier.
Détruire pour reconstruire
En 2014, il décide de s’installer à Anaho. “Un véritable changement de vie.” Il (re)met les mains dans la terre. Il fait du coprah, chasse sur terre, initié par des amis, et en mer comme il le faisait avec son père, lorsqu'il était petit. “Je l’accompagnais alors que j’avais 6, 7 ans, j’ai toujours aimé l’apnée. Je tenais bien sous l’eau. Je restais sur le kayak, mais faisais quelques descentes sous-marines pendant les parties de pêche.” Il se met à apprendre le marquisien. Dans la maison se trouve une grande bibliothèque qui le nourrit. Il reconnaît avoir grandi, attiré par l’Occident, bercé par les rythmes de Jimmy Hendrix et les pensées de Spinoza et Nietzsche. À Anaho, dans la maison familiale, il dévore tous les écrits liés aux Marquises. Il cite le travail de Marie-Noëlle et Pierre Ottino-Garanger, “des amis de la famille”. Il parle de son oncle Edgar Tetahiotupa qui lui a offert des clés de compréhension de la culture marquisienne. “Tout cela a donné une valeur extraordinaire à toutes ces choses qui me semblaient anodines jusqu’alors.” Il explore depuis son installation aux Marquises la culture de ses ancêtres.
Pour Heretu Tetahiotupa, il n’y a pas de rupture entre l’art et la spiritualité. Cela affecte désormais le moindre de ses gestes. Il dit être arrivé aux Marquises avec plein d’angoisses, de problématiques qui appartiennent à la civilisation moderne. Il s’est débarrassé de tout cela, s’est “soigné”. Il a tout détruit, puis tout reconstruit. “Je m’éclate à exploiter tout ça.” Il a trouvé un équilibre. Dans la société occidentale, “on mentalise et on catégorise”, dans la société polynésienne en général, marquisienne en particulier, “on connecte, on fait des liens. On a une approche holistique”. Pour autant, il ne rejette pas sa double culture. Les deux sont intimement liées. Il utilise les outils et concepts de l’une pour maintenir l’universalité de l’autre.
“J’étais là pour ça”
Il raconte comment avec Teiki Huukena, rencontré en 2015, il est allé à la rencontre de témoins dans les vallées. “J’adore l’approche de Teiki.” Le documentaire Patutiki, l’art du tatouage marquisien, prend sa source là. “Quand il a commencé à en parler, j’ai compris. Je savais que j’avais quelque chose à faire aux Marquises, c’était ça, ce projet. J’étais là pour ça.” Le documentaire a été réalisé avec Christophe Cordier.
Heretu Tetahiotupa et Teiki Huukena ont pu rencontrer 70 personnes. “Parmi elles, se trouvaient des enfants des derniers Marquisiens tatoués.” Les entretiens sont le terreau du documentaire. Heretu Tetahiotupa, à l’époque, n’est pas tatoué. Il a couvert son corps de motifs soigneusement choisis, dessinés et placés au fur et à mesure de son apprentissage et de la réalisation du documentaire. Une fois ce dernier terminé, il a été projeté dans 23 vallées des six îles marquisiennes en avant-première. Heretu Tetahiotupa a tiré un autre documentaire de ces projections.
Le documentaire d’Heretu Tetahiotupa et Christophe Cordier, produit par Les Studios hashtag, Eka Eka productions, Association Patutiki et Sydélia Guirao, a été présenté au Festival international du film documentaire océanien (Fifo) en 2019. Il y a remporté le prix du public. C’est le prix du cœur pour les habitués du festival. Heretu Tetahiotupa disait, à l’issue de la remise des prix, “c’est mon premier film, je n’avais donc pas d’attente, mais c’est vraiment incroyable.”
En 2016, il participe à l’organisation d’un festival de musique à Nuku Hiva. Pendant l’événement, il joue avec son groupe rock électro marquisien baptisé Kiva. C’est pour lui un “laboratoire”. Il ne diffuse pas ses créations car il considère ne pas maîtriser suffisamment ses outils de créations. Aujourd’hui, il est prêt et cela s’ajoute à la longue liste de ses projets.
“Un honneur.” Et une “grosse responsabilité”
En 2021, Heretu Tetahiotupa participe à l’ouverture de l’école de tatouage aux Marquises. Une première session de 12 élèves a pu suivre des cours donnés par différents professionnels pendant dix mois. La prochaine session pourrait démarrer en 2024. Lui-même tatoue beaucoup à Nuku Hiva, parfois à Tahiti. Il dit avoir une pratique ethno-anthropologique de son activité. Il travaille “comme le faisaient les anciens”. Il ne trouve pas d’intérêt dans la réalisation de tatouages selon les principes d’aujourd’hui. La pratique du patutiki respecte des codes, un langage, une grammaire, un vocabulaire. Autant de contraintes qui bornent une route de création “presque infinie”. À entendre Heretu Tetahiotupa, dans ce cadre, tout est possible, ou presque.
Sollicité par l’auteur Patrick Chastel, il réalise également en 2022 les illustrations d’un ouvrage de légendes marquisiennes qui sortira d’ici quelques jours. Il va participer à une exposition d’arts visuels qui sera organisée à Tahiti en 2023. Il travaille sur ses toiles. Il réalise de courts documentaires pour des émissions en Nouvelle-Zélande mais il refuse tout autre projet d’ampleur. En février 2022, il devient le président du Comité organisateur du Matavaa o te Henua Enata (Comothe). “Un honneur.” Et une “grosse responsabilité”. Les préparatifs du festival des Marquises de décembre 2023 ont démarré. “C’est très gratifiant”, dit-il avec une visible reconnaissance, “cela me semble sanctionner toutes ces années de recherches”. C’est un challenge, une pierre de plus dans la construction collective du peuple marquisien, mais aussi dans la construction personnelle de Heretu Tetahiotupa.
Le documentaire d’Heretu Tetahiotupa et Christophe Cordier, produit par Les Studios hashtag, Eka Eka productions, Association Patutiki et Sydélia Guirao, a été présenté au Festival international du film documentaire océanien (Fifo) en 2019. Il y a remporté le prix du public. C’est le prix du cœur pour les habitués du festival. Heretu Tetahiotupa disait, à l’issue de la remise des prix, “c’est mon premier film, je n’avais donc pas d’attente, mais c’est vraiment incroyable.”
En 2016, il participe à l’organisation d’un festival de musique à Nuku Hiva. Pendant l’événement, il joue avec son groupe rock électro marquisien baptisé Kiva. C’est pour lui un “laboratoire”. Il ne diffuse pas ses créations car il considère ne pas maîtriser suffisamment ses outils de créations. Aujourd’hui, il est prêt et cela s’ajoute à la longue liste de ses projets.
“Un honneur.” Et une “grosse responsabilité”
En 2021, Heretu Tetahiotupa participe à l’ouverture de l’école de tatouage aux Marquises. Une première session de 12 élèves a pu suivre des cours donnés par différents professionnels pendant dix mois. La prochaine session pourrait démarrer en 2024. Lui-même tatoue beaucoup à Nuku Hiva, parfois à Tahiti. Il dit avoir une pratique ethno-anthropologique de son activité. Il travaille “comme le faisaient les anciens”. Il ne trouve pas d’intérêt dans la réalisation de tatouages selon les principes d’aujourd’hui. La pratique du patutiki respecte des codes, un langage, une grammaire, un vocabulaire. Autant de contraintes qui bornent une route de création “presque infinie”. À entendre Heretu Tetahiotupa, dans ce cadre, tout est possible, ou presque.
Sollicité par l’auteur Patrick Chastel, il réalise également en 2022 les illustrations d’un ouvrage de légendes marquisiennes qui sortira d’ici quelques jours. Il va participer à une exposition d’arts visuels qui sera organisée à Tahiti en 2023. Il travaille sur ses toiles. Il réalise de courts documentaires pour des émissions en Nouvelle-Zélande mais il refuse tout autre projet d’ampleur. En février 2022, il devient le président du Comité organisateur du Matavaa o te Henua Enata (Comothe). “Un honneur.” Et une “grosse responsabilité”. Les préparatifs du festival des Marquises de décembre 2023 ont démarré. “C’est très gratifiant”, dit-il avec une visible reconnaissance, “cela me semble sanctionner toutes ces années de recherches”. C’est un challenge, une pierre de plus dans la construction collective du peuple marquisien, mais aussi dans la construction personnelle de Heretu Tetahiotupa.