Dans le cadre de ce projet, pour la désinfection en aquarium et surtout en bassin, le choix technique a été fait de travailler avec du nano-argent.
HAO, le 13 mars 2016. Grâce à l'étude d'impact sur l'environnement, rendue publique la semaine dernière, au sujet du vaste complexe aquacole que Tahiti Nui Ocean Foods va installer sur l'atoll de Hao, on en sait un peu plus sur les modes opératoires de cette aquaculture massive. Nourriture des poissons, traitements thérapeutiques, rejets des effluents, utilisation inédite en Polynésie du nano-argent : on vous dit tout ce qu'on a trouvé.
L'aquaculture à Hao : comment ça va fonctionner ? On sait que le site industriel de Tahiti Nui Ocean Foods qui sera construit à terre concerne exclusivement l'écloserie, un pré-grossissement des poissons, la fabrication d'aliments pour les poissons et la préparation et la transformation des produits pour l'exportation. Sur le site également des activités annexes : le centre de recherches, des bâtiments de vie pour les employés et de résidence pour les cadres, une station de désalinisation d'eau de mer, une centrale électrique et une station d'épuration entre autres. Toutes ces constructions ou activités annexes peuvent avoir un effet sur l'environnement : mais il s'agit de process maîtrisés que l'on rencontre dans quasiment toutes les autres activités humaines. La réglementation locale existe, les moyens de contrôle aussi. Même si l'installation de cet immense centre industriel aquacole a nécessairement un impact sur la vie de l'atoll (son eau, sa faune, sa flore et sa population) tout cela est quantifiable et traçable.
Quand on se penche sur les modes opératoires de l'élevage des poissons à Hao, l'approche est différente et les données de comparaison locales sont inexistantes. Or, l'aquaculture, particulièrement lorsqu'elle est intensive (Tahiti Nui Ocean Foods vise 50 000 tonnes de production annuelle) inquiète par les pollutions de l'environnement qu'elle peut produire. L'étude d'impact sur l'environnement portée à la connaissance du public la semaine dernière indiquait les limites de son application : on n'y évoque pas les conséquences sur le milieu lagonaire des fermes aquacoles puisque cette activité, la plus impactante, est sous-traitée à des aquaculteurs polynésiens et sera étudiée plus tard. Néanmoins en vue des 50 000 tonnes à produire, le site industriel de Tahiti Nui Ocean Foods (TNOF) traitera simultanément dans la centaine de bassins de l'écloserie et de pré-grossissement jusqu'à 90 tonnes de poissons. Le site fabriquera aussi sur place une partie des aliments de nourrissage des poissons à partir notamment des restes de poissons élevés, une fois que les filets seront levés.
PAS D'ANTIBIOTIQUES MAIS DU NANO-ARGENT
Pour assurer la bonne croissance de ces 90 tonnes de poissons (œufs, larves, juvéniles) installés dans les bassins de l'écloserie et de pré-grossissement, un renouvellement quotidien de l'eau de mer (10% de chacun de la centaine de bassins) est effectué. Or, les eaux des bassins et bacs du complexe à terre contiennent notamment des effluents organiques constitués d'aliments non ingérés, des excrétions métaboliques, des fèces (matières fécales) voire des poissons morts et charrient des résidus solides et des nutriments, organiques et inorganiques (des protéines, des lipides, des sucres).
Quant aux composés chimiques, sous-produits liés au métabolisme des poissons, ils sont à base de carbone, d'azote et de phosphore. Au final, précise le rapport "aucune information n'a été communiquée quant à la composition chimique exacte de l'effluent. Les protocoles communiqués sur la conduite de l'écloserie et du pré-grossissement sont réduits". Selon l'exploitant l'utilisation de produits chimiques et même thérapeutiques sera limitée au sein de l'usine aquacole. "TNOF assure que ses procédures ne comprennent pas de traitements préventifs ou de facteurs de croissance ou hormones, assez classique en élevage. La présente étude d'impact sur l'environnement a pris compte cette affirmation. Des mesures de suivi, de la colonne d'eau mais aussi des intrants sur l'atoll de Hao peuvent aisément permettre de vérifier la sincérité de la démarche".
De même, pour lutter contre les épidémies dans les bassins, l'exploitant a indiqué qu'il n'utiliserait pas d'antibiotiques ou d'antifongiques. "Dans le cadre de ce projet, pour la désinfection en aquarium et surtout en bassin, le choix technique a été fait de travailler avec du nano-argent". L'utilisation de ce produit comme alternative aux produits phytosanitaires - habituellement "un des points noirs de l'aquaculture" - sera une première en Polynésie française. Mais elle pose des interrogations. "Dans le cas du nano-argent, peu de données indiscutables (c'est-à-dire obtenues selon des protocoles reproductibles, répétables et validés, à la fois par les experts scientifiques et réglementaires) relatives à l'impact des nano-objets sur la santé et l'environnement sont actuellement disponibles" Le nano-argent est-il toxique ou pas ? "L'insuffisance de données doit conduire à considérer que celui-ci peut être potentiellement dangereux" conclut à ce sujet l'étude d'impact sur l'environnement.
Au final, les rejets d'eau des bassins du complexe aquacole ne seront pas traités mais directement renvoyés dans l'océan, en profondeur, via l'émissaire des eaux usées domestiques. Ce rejet dans l'océan devrait assurer une bonne dilution des polluants, en faible charge dans le cas de l'usine aquacole de Tahiti Nui Ocean Foods car il ne s'agit pas de poissons adultes.
Lire aussi : Hao l'étude d'impact livrée, l'enquête publique démarre CLIQUER ICI
L'aquaculture à Hao : comment ça va fonctionner ? On sait que le site industriel de Tahiti Nui Ocean Foods qui sera construit à terre concerne exclusivement l'écloserie, un pré-grossissement des poissons, la fabrication d'aliments pour les poissons et la préparation et la transformation des produits pour l'exportation. Sur le site également des activités annexes : le centre de recherches, des bâtiments de vie pour les employés et de résidence pour les cadres, une station de désalinisation d'eau de mer, une centrale électrique et une station d'épuration entre autres. Toutes ces constructions ou activités annexes peuvent avoir un effet sur l'environnement : mais il s'agit de process maîtrisés que l'on rencontre dans quasiment toutes les autres activités humaines. La réglementation locale existe, les moyens de contrôle aussi. Même si l'installation de cet immense centre industriel aquacole a nécessairement un impact sur la vie de l'atoll (son eau, sa faune, sa flore et sa population) tout cela est quantifiable et traçable.
Quand on se penche sur les modes opératoires de l'élevage des poissons à Hao, l'approche est différente et les données de comparaison locales sont inexistantes. Or, l'aquaculture, particulièrement lorsqu'elle est intensive (Tahiti Nui Ocean Foods vise 50 000 tonnes de production annuelle) inquiète par les pollutions de l'environnement qu'elle peut produire. L'étude d'impact sur l'environnement portée à la connaissance du public la semaine dernière indiquait les limites de son application : on n'y évoque pas les conséquences sur le milieu lagonaire des fermes aquacoles puisque cette activité, la plus impactante, est sous-traitée à des aquaculteurs polynésiens et sera étudiée plus tard. Néanmoins en vue des 50 000 tonnes à produire, le site industriel de Tahiti Nui Ocean Foods (TNOF) traitera simultanément dans la centaine de bassins de l'écloserie et de pré-grossissement jusqu'à 90 tonnes de poissons. Le site fabriquera aussi sur place une partie des aliments de nourrissage des poissons à partir notamment des restes de poissons élevés, une fois que les filets seront levés.
PAS D'ANTIBIOTIQUES MAIS DU NANO-ARGENT
Pour assurer la bonne croissance de ces 90 tonnes de poissons (œufs, larves, juvéniles) installés dans les bassins de l'écloserie et de pré-grossissement, un renouvellement quotidien de l'eau de mer (10% de chacun de la centaine de bassins) est effectué. Or, les eaux des bassins et bacs du complexe à terre contiennent notamment des effluents organiques constitués d'aliments non ingérés, des excrétions métaboliques, des fèces (matières fécales) voire des poissons morts et charrient des résidus solides et des nutriments, organiques et inorganiques (des protéines, des lipides, des sucres).
Quant aux composés chimiques, sous-produits liés au métabolisme des poissons, ils sont à base de carbone, d'azote et de phosphore. Au final, précise le rapport "aucune information n'a été communiquée quant à la composition chimique exacte de l'effluent. Les protocoles communiqués sur la conduite de l'écloserie et du pré-grossissement sont réduits". Selon l'exploitant l'utilisation de produits chimiques et même thérapeutiques sera limitée au sein de l'usine aquacole. "TNOF assure que ses procédures ne comprennent pas de traitements préventifs ou de facteurs de croissance ou hormones, assez classique en élevage. La présente étude d'impact sur l'environnement a pris compte cette affirmation. Des mesures de suivi, de la colonne d'eau mais aussi des intrants sur l'atoll de Hao peuvent aisément permettre de vérifier la sincérité de la démarche".
De même, pour lutter contre les épidémies dans les bassins, l'exploitant a indiqué qu'il n'utiliserait pas d'antibiotiques ou d'antifongiques. "Dans le cadre de ce projet, pour la désinfection en aquarium et surtout en bassin, le choix technique a été fait de travailler avec du nano-argent". L'utilisation de ce produit comme alternative aux produits phytosanitaires - habituellement "un des points noirs de l'aquaculture" - sera une première en Polynésie française. Mais elle pose des interrogations. "Dans le cas du nano-argent, peu de données indiscutables (c'est-à-dire obtenues selon des protocoles reproductibles, répétables et validés, à la fois par les experts scientifiques et réglementaires) relatives à l'impact des nano-objets sur la santé et l'environnement sont actuellement disponibles" Le nano-argent est-il toxique ou pas ? "L'insuffisance de données doit conduire à considérer que celui-ci peut être potentiellement dangereux" conclut à ce sujet l'étude d'impact sur l'environnement.
Au final, les rejets d'eau des bassins du complexe aquacole ne seront pas traités mais directement renvoyés dans l'océan, en profondeur, via l'émissaire des eaux usées domestiques. Ce rejet dans l'océan devrait assurer une bonne dilution des polluants, en faible charge dans le cas de l'usine aquacole de Tahiti Nui Ocean Foods car il ne s'agit pas de poissons adultes.
Lire aussi : Hao l'étude d'impact livrée, l'enquête publique démarre CLIQUER ICI
Quels aliments pour les poissons ?
L'alimentation des écloseries est produite à base de déchets de poissons transformés et mélangés avec
de la farine de soja et de maïs. La fabrication de ces aliments s'effectue dans l'usine de confection
d'aliments des poissons. Cette usine pourra traiter 5 000 tonnes de déchets de poisson par
an, (21,8 tonnes par jour avec 230 jours de travail dans l’année). Ces déchets de poissons seront récupérés au sein des unités de transformation et seront mélangés avec 40 000 tonnes de granulés de soja et de maïs (non OGM est-il précisé) et 17 500 tonnes de farine de poissons importés de Norvège.
L'alimentation des écloseries est produite à base de déchets de poissons transformés et mélangés avec
de la farine de soja et de maïs. La fabrication de ces aliments s'effectue dans l'usine de confection
d'aliments des poissons. Cette usine pourra traiter 5 000 tonnes de déchets de poisson par
an, (21,8 tonnes par jour avec 230 jours de travail dans l’année). Ces déchets de poissons seront récupérés au sein des unités de transformation et seront mélangés avec 40 000 tonnes de granulés de soja et de maïs (non OGM est-il précisé) et 17 500 tonnes de farine de poissons importés de Norvège.
Quid de la ciguatera ?
Pour alimenter les écloseries des captures de poissons géniteurs dans les stocks sauvages seront effectuées en veillant à ne pas entraver la viabilité des populations sauvages. Toutefois comme on'il y a pas d'inventaire initial réalisée, une évaluation "sera difficile en l'absence de données initiales". On sait néanmoins que les trois espèces de poissons qui seront élevées (Mara ou Napoléon ; Tonu et Ha'apu qui sont des loches) sont des "espèces territoriales, piscivores, peu pêchées en raison de la ciguatera sur l'atoll".
Grâce au suivi des cas de ciguatera réalisé sur l'atoll depuis quelques années, on sait qu'il y a eu à Hao 125 cas déclarés depuis 2007. "Les poissons de l'atoll sont réputés potentiellement empoisonnés". Dans le cadre de l'élevage aquacole, l'alimentation étant assurée en interne par l'usine elle-même, il n'y a plus le risque d'accumulation de la toxine par l'ingestion d'autres poissons atteints tout au long de la chaîne alimentaire naturelle.
Pour alimenter les écloseries des captures de poissons géniteurs dans les stocks sauvages seront effectuées en veillant à ne pas entraver la viabilité des populations sauvages. Toutefois comme on'il y a pas d'inventaire initial réalisée, une évaluation "sera difficile en l'absence de données initiales". On sait néanmoins que les trois espèces de poissons qui seront élevées (Mara ou Napoléon ; Tonu et Ha'apu qui sont des loches) sont des "espèces territoriales, piscivores, peu pêchées en raison de la ciguatera sur l'atoll".
Grâce au suivi des cas de ciguatera réalisé sur l'atoll depuis quelques années, on sait qu'il y a eu à Hao 125 cas déclarés depuis 2007. "Les poissons de l'atoll sont réputés potentiellement empoisonnés". Dans le cadre de l'élevage aquacole, l'alimentation étant assurée en interne par l'usine elle-même, il n'y a plus le risque d'accumulation de la toxine par l'ingestion d'autres poissons atteints tout au long de la chaîne alimentaire naturelle.