
Les déchets électroniques “ne doivent pas être jetés dans une poubelle normale”, rappelle Benoît Layrle (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 10 mars 2025 – Une semaine après l’incendie, l’activité a repris au centre d’enfouissement technique (CET) de Paihoro. Les fouilles se poursuivent pour éteindre les “points chauds” et la vigilance reste de mise face au danger des appareils électroniques portatifs, toujours plus nombreux dans notre quotidien. Enviropol et Fenua Ma appellent à une “prise de conscience” de la part des usagers et des revendeurs, tandis que les incidents se multiplient. Les fusées de détresse ne sont pas en reste : ce lundi matin, trois ont été retrouvées au milieu des ordures ménagères.
Une semaine après l’incendie survenu dans un casier d’ordures ménagères, le centre d’enfouissement technique (CET) de Taravao a retrouvé un rythme normal avec le va-et-vient incessant des camions. “Vendredi, on a rouvert l’accès aux communes après une journée de rattrapage, mais on peut dire que la reprise d’activité est totalement effective depuis ce lundi”, confirme Benoît Layrle, directeur général du syndicat Fenua Ma. Chaque année, 47.000 tonnes de déchets sont acheminées à Paihoro, soit 3.500 à 4.000 tonnes par mois, dont 85% en provenance des 12 communes membres de Tahiti et Moorea, le reste émanant de sociétés privées.
Une semaine après l’incendie survenu dans un casier d’ordures ménagères, le centre d’enfouissement technique (CET) de Taravao a retrouvé un rythme normal avec le va-et-vient incessant des camions. “Vendredi, on a rouvert l’accès aux communes après une journée de rattrapage, mais on peut dire que la reprise d’activité est totalement effective depuis ce lundi”, confirme Benoît Layrle, directeur général du syndicat Fenua Ma. Chaque année, 47.000 tonnes de déchets sont acheminées à Paihoro, soit 3.500 à 4.000 tonnes par mois, dont 85% en provenance des 12 communes membres de Tahiti et Moorea, le reste émanant de sociétés privées.

Des fusées de détresse, un téléphone portable et une batterie de vélo électrique stockés dans la caisse anti-déflagration du site.
Un record alarmant
Tout est revenu à la normale, ou presque. Les ordures ménagères sont stockées en amont de la zone incendiée, le temps que celle-ci soit entièrement sécurisée. Des “points chauds” persistent et doivent être éteints avant d’être recouverts de terre pour permettre la reprise de l’exploitation de cette partie du casier 9B. Cette mission incombe à Jérôme Camus, responsable d’exploitation pour Enviropol, équipé d’une caméra thermique mobile : “Cet outil me permet d’aller vérifier les points chauds pour lutter contre les feux couvants. Après une semaine, on n’a plus de flammes, mais il y a encore des risques. On reste vigilants pour éviter une reprise : la semaine dernière, on a fait revenir nos agents en astreinte et les pompiers plusieurs fois entre jeudi et samedi, parce qu’il y avait de nouveaux départs de feu”. Un drone équipé d’une caméra thermique a également été mobilisé pour avoir une vision complète de la zone et guider le conducteur de la pelle mécanique mobilisé sur les fouilles.
La thèse d’un départ de feu causé par la combustion spontanée d’un appareil électronique portatif a été confirmée par les caméras de surveillance du site. L’objet concerné n’avait pas été manipulé depuis plusieurs jours, voire plusieurs semaines, et était positionné sous la géomembrane anti-pluie, qui s’est enflammée.
“2024 a été une année record avec 40 incendies sur nos sites. En 2023, on était à 20. C’est de pire en pire ! Ça prouve la multiplication de tous ces produits, qui ne sont pas des déchets comme les autres. C’est un problème mondial et on va continuer d’y être confrontés”, s’inquiète Benoît Layrle. Ces incendies à répétition représentent un danger pour l’installation et l’environnement, mais aussi pour le personnel confronté à des départs de feu quasi-hebdomadaires. “Les batteries lithium-ion grossissent : elles sont passées de 30 grammes pour un téléphone portable à plus de 3 kilos pour un vélo électrique, ce qui décuple le risque d’explosions. Il y a six mois, ici même, un de mes agents a fini aux urgences à cause des projections. L’année dernière, certaines communes ont été confrontées à des départs de feu dans les bennes à ordures ménagères au moment de la collecte, comme Arue”, poursuit Jérôme Camus.
“Plus d’excuses”
Malgré la vidéosurveillance et les caméras thermiques, le gardiennage interrompu du site et les extincteurs à portée de main, dans certaines circonstances, comme en 2020 et en 2012, la propagation de l’incendie est inévitable. La prévention, via l’incitation au tri, reste la principale arme de Fenua Ma pour tenter de se prémunir contre ces catastrophes. Benoît Layrle appelle à “une prise de conscience” à l’intention des usagers, mais aussi des revendeurs. “Les téléphones et les ordinateurs portables, les tablettes, les enceintes, les montres et les cigarettes électroniques, les appareils de bricolage, les vélos électriques et même les jouets, tous ces appareils autonomes dès lors qu’ils ont été rechargés, ils ne doivent pas être jetés dans une poubelle normale. C’est interdit ! J’en appelle aux consommateurs, car ces appareils représentent un danger. J’en appelle aussi aux vendeurs, au moins pour renseigner leurs clients sur les modalités de prise en charge de ces déchets”, insiste le référent.
La collecte des déchets électroniques se fait dans des points d’apport volontaires (PAV) autorisés et gratuits. À Tahiti, il en existe un par commune, généralement auprès des services techniques municipaux, en plus du centre de recyclage et de transfert (CRT) de Motu Uta, chaque mercredi. Entre fin 2025 et début 2026, deux nouvelles déchetteries s’ajouteront au carnet d’adresses, à Paihoro et Punaauia. Quant à Moorea, les dépôts s’effectuent à la déchetterie de Temae. “Plus d’excuses” donc, même si dans les faits, les sanctions se font rares. “Malheureusement, chaque fois que nous avons pu fournir des preuves pour identifier un propriétaire négligeant, la justice n’a pas donné suite”, remarque Benoît Layrle, confronté avec ses équipes à des enjeux de sécurité grandissants et récurrents. Ce lundi matin, trois fusées de détresse, qui représentent une autre grande source d’incendies, ont été retrouvées au milieu des ordures ménagères.
Infos pratiques
Plus d’infos sur les points d’apport volontaire (appareils électroniques, fusées de détresse et autres déchets dangereux) sur www.fenuama.pf/pav