Tahiti, le 5 juin 2025 - Le climat des affaires reste orienté positivement en ce début d’année 2025, mais les signaux d’alerte s’accumulent en arrière-plan : consommation frileuse, investissements d’entreprises en berne, demande touristique en retrait…
C’est un tableau en demi-teinte que brosse l’Institut d’émission d’outre-mer (IEOM) dans sa dernière note de conjoncture publiée en juin. En surface, les indicateurs généraux semblent “favorables” pour ce premier trimestre. En effet, l’indice du climat des affaires reste au-dessus de sa moyenne de longue période (105), l’emploi progresse dans les services, l’inflation est contenue. Pourtant, derrière cette apparente stabilité, des “points d’attentions sont à souligner” selon l’IEOM, car ils pourraient à terme “peser sur la croissance”.
Socle apparemment stable
À première vue, les fondamentaux tiennent bon, dans la continuité du dernier trimestre 2024. L’emploi salarié marchand affiche une croissance de 2,6% sur un an, portée par le dynamisme du secteur tertiaire, notamment l’hôtellerie-restauration (+4,1%) et le commerce (+3,1%). Le marché du travail s’améliore même à la marge : les demandes d’emploi non satisfaites ont baissé de 1,7% sur un an. Côté prix, l’indice à la consommation reste modéré (+1,1% en mars), tiré vers le haut par les loyers (+4,3%) et l’alimentation (+1,3%), mais contrebalancé par la chute des prix dans l’habillement et les télécommunications.
Ce vernis de stabilité se reflète également dans l’indicateur du climat des affaires (ICA), qui reste élevé, même s’il recule légèrement (-4 points par rapport au trimestre précédent). Un détail qui compte : toutes ses composantes fléchissent, sauf celle liée à la trésorerie prévue, signe que les entreprises n’anticipent pas de retournement immédiat mais restent prudentes.
Une consommation qui s’essouffle
Pourtant, dès que l’on pousse un peu l’analyse, les fragilités apparaissent. Premier signal : la consommation des ménages. La production de crédits à la consommation recule de près de 9% sur un an et reste inférieure à la moyenne des trois dernières années. En parallèle, les commerçants interrogés par l’IEOM font état de stocks anormalement élevés. En somme, les ménages consomment moins, ou moins vite.
Le paradoxe réside dans les chiffres d’importation : les biens de consommation non alimentaires progressent de 8,1%. Ce qui reflète un décalage. L’offre semble toujours arriver, mais la demande ne suit pas. Les commerçants interrogés par l’IEOM s’inquiètent d’un ralentissement et maintiennent des hausses de prix, non pour spéculer, mais pour tenter de “restaurer une trésorerie” déjà sous tension.
Manque d’investissements pour les entreprises
Autre point de crispation : l’investissement productif, en chute par rapport à la moyenne des premiers trimestres des années précédentes. La production de crédits à l’équipement en faveur des entreprises chute lourdement (-19%), et les importations de biens d’équipement reculent de 5,6%. Les entreprises investissent moins, et donc produise moins.
Ce contraste est d’autant plus marqué que les ménages, eux, semblent timidement revenir sur le marché de l’habitat. En effet, après sept trimestres de baisse, les crédits immobiliers repartent à la hausse, soutenus par un début d’assouplissement des taux bancaires. Une situation qui doit beaucoup aux promesses gouvernementales : un prêt à taux zéro pour les primo-acquéreurs est attendu très prochainement. Le dispositif, qui est doté d’une enveloppe annuelle de 400 millions de francs, reste modeste. Mais il pourrait alléger et fluidifier le marché immobilier, tout en permettant à de nombreuses familles d’acheter des biens plus adéquats à leurs besoins.
Tourisme en recul et perle salvatrice
Pour le secteur secondaire, le tourisme a baissé légèrement. Sur les trois premiers mois de l’année, la fréquentation touristique recule de 3%, principalement à cause d’un repli des croisières (-10,2%), en raison de la mise hors circuit du Paul Gauguin, en maintenance et rénovation. Si cette baisse est temporaire, elle reflète une tendance mondiale. La plupart des zones touristiques déclinent, notamment dans la zone Pacifique (-9,9%). Seul le marché européen progresse résiste à +0,9%.
Dans les hôtels internationaux, les effets sont visibles : baisse du taux d’occupation (57% contre 59,5% l’an dernier), du revenu par chambre (-9,7%). “Pour le deuxième trimestre 2025, les hôteliers anticipent une stabilisation de leur activité et envisagent de réduire leurs effectifs. Ils projettent en outre de réviser à la baisse leur politique tarifaire, estimant que leur situation de trésorerie ne devrait pas en être affectée”, explique l'IEOM
Le secteur primaire, lui, est sauvé par la perle. Les exportations de perles brutes explosent (+47,4%), représentant 70% de la valeur des exportations locales. Mais pour le reste, c’est la chute : -32% pour la pêche, -6,7% pour la vanille.
Contexte mondial délicat
Dans le même sens que la conjoncture locale, le contexte international souffre d’optimisme. L’inflation mondiale reste élevée, tirée par la hausse des prix des matières premières et les tensions commerciales exacerbées par les États-Unis. La croissance est revue à la baisse dans la plupart des pays développés – États-Unis, Japon, zone euro. Les pays émergents comme la Chine ou l’Indonésie montrent aussi des signes de ralentissement.
L’Asie-Pacifique, zone de projection naturelle pour la Polynésie française, devrait voir sa croissance passer de 4,6% à 3,9% selon le FMI (Fonds monétaire international). Des chiffres qui pèseront immanquablement et dès cette année sur les flux touristiques et les échanges commerciaux avec nos voisins du Pacifique.
C’est un tableau en demi-teinte que brosse l’Institut d’émission d’outre-mer (IEOM) dans sa dernière note de conjoncture publiée en juin. En surface, les indicateurs généraux semblent “favorables” pour ce premier trimestre. En effet, l’indice du climat des affaires reste au-dessus de sa moyenne de longue période (105), l’emploi progresse dans les services, l’inflation est contenue. Pourtant, derrière cette apparente stabilité, des “points d’attentions sont à souligner” selon l’IEOM, car ils pourraient à terme “peser sur la croissance”.
Socle apparemment stable
À première vue, les fondamentaux tiennent bon, dans la continuité du dernier trimestre 2024. L’emploi salarié marchand affiche une croissance de 2,6% sur un an, portée par le dynamisme du secteur tertiaire, notamment l’hôtellerie-restauration (+4,1%) et le commerce (+3,1%). Le marché du travail s’améliore même à la marge : les demandes d’emploi non satisfaites ont baissé de 1,7% sur un an. Côté prix, l’indice à la consommation reste modéré (+1,1% en mars), tiré vers le haut par les loyers (+4,3%) et l’alimentation (+1,3%), mais contrebalancé par la chute des prix dans l’habillement et les télécommunications.
Ce vernis de stabilité se reflète également dans l’indicateur du climat des affaires (ICA), qui reste élevé, même s’il recule légèrement (-4 points par rapport au trimestre précédent). Un détail qui compte : toutes ses composantes fléchissent, sauf celle liée à la trésorerie prévue, signe que les entreprises n’anticipent pas de retournement immédiat mais restent prudentes.
Une consommation qui s’essouffle
Pourtant, dès que l’on pousse un peu l’analyse, les fragilités apparaissent. Premier signal : la consommation des ménages. La production de crédits à la consommation recule de près de 9% sur un an et reste inférieure à la moyenne des trois dernières années. En parallèle, les commerçants interrogés par l’IEOM font état de stocks anormalement élevés. En somme, les ménages consomment moins, ou moins vite.
Le paradoxe réside dans les chiffres d’importation : les biens de consommation non alimentaires progressent de 8,1%. Ce qui reflète un décalage. L’offre semble toujours arriver, mais la demande ne suit pas. Les commerçants interrogés par l’IEOM s’inquiètent d’un ralentissement et maintiennent des hausses de prix, non pour spéculer, mais pour tenter de “restaurer une trésorerie” déjà sous tension.
Manque d’investissements pour les entreprises
Autre point de crispation : l’investissement productif, en chute par rapport à la moyenne des premiers trimestres des années précédentes. La production de crédits à l’équipement en faveur des entreprises chute lourdement (-19%), et les importations de biens d’équipement reculent de 5,6%. Les entreprises investissent moins, et donc produise moins.
Ce contraste est d’autant plus marqué que les ménages, eux, semblent timidement revenir sur le marché de l’habitat. En effet, après sept trimestres de baisse, les crédits immobiliers repartent à la hausse, soutenus par un début d’assouplissement des taux bancaires. Une situation qui doit beaucoup aux promesses gouvernementales : un prêt à taux zéro pour les primo-acquéreurs est attendu très prochainement. Le dispositif, qui est doté d’une enveloppe annuelle de 400 millions de francs, reste modeste. Mais il pourrait alléger et fluidifier le marché immobilier, tout en permettant à de nombreuses familles d’acheter des biens plus adéquats à leurs besoins.
Tourisme en recul et perle salvatrice
Pour le secteur secondaire, le tourisme a baissé légèrement. Sur les trois premiers mois de l’année, la fréquentation touristique recule de 3%, principalement à cause d’un repli des croisières (-10,2%), en raison de la mise hors circuit du Paul Gauguin, en maintenance et rénovation. Si cette baisse est temporaire, elle reflète une tendance mondiale. La plupart des zones touristiques déclinent, notamment dans la zone Pacifique (-9,9%). Seul le marché européen progresse résiste à +0,9%.
Dans les hôtels internationaux, les effets sont visibles : baisse du taux d’occupation (57% contre 59,5% l’an dernier), du revenu par chambre (-9,7%). “Pour le deuxième trimestre 2025, les hôteliers anticipent une stabilisation de leur activité et envisagent de réduire leurs effectifs. Ils projettent en outre de réviser à la baisse leur politique tarifaire, estimant que leur situation de trésorerie ne devrait pas en être affectée”, explique l'IEOM
Le secteur primaire, lui, est sauvé par la perle. Les exportations de perles brutes explosent (+47,4%), représentant 70% de la valeur des exportations locales. Mais pour le reste, c’est la chute : -32% pour la pêche, -6,7% pour la vanille.
Contexte mondial délicat
Dans le même sens que la conjoncture locale, le contexte international souffre d’optimisme. L’inflation mondiale reste élevée, tirée par la hausse des prix des matières premières et les tensions commerciales exacerbées par les États-Unis. La croissance est revue à la baisse dans la plupart des pays développés – États-Unis, Japon, zone euro. Les pays émergents comme la Chine ou l’Indonésie montrent aussi des signes de ralentissement.
L’Asie-Pacifique, zone de projection naturelle pour la Polynésie française, devrait voir sa croissance passer de 4,6% à 3,9% selon le FMI (Fonds monétaire international). Des chiffres qui pèseront immanquablement et dès cette année sur les flux touristiques et les échanges commerciaux avec nos voisins du Pacifique.