
Il y a d’abord ce principe, que l’avocat de la défense a rappelé avec fermeté lors de sa plaidoirie: “In dubio pro reo – Le doute profite à l’accusé”. Crédit photo : Archives TI.
Tahiti, le 3 juin 2025 - Un homme de 26 ans comparaissait ce mardi devant le tribunal correctionnel de Papeete pour homicide involontaire. Une mort sur fond d’alcool, de disputes familiales, et accompagnée de témoignages confus.
Il y a d’abord ce principe, que l’avocat de la défense a rappelé avec fermeté lors de sa plaidoirie: “In dubio pro reo – Le doute profite à l’accusé”. Et du doute, ce dossier n’en manque pas, selon lui. Le jeune prévenu, jugé pour homicide involontaire, est accusé d’avoir causé involontairement la mort d’un homme d’une cinquantaine d’années lors d’une soirée alcoolisée à Faa’a, en 2021.
Ce soir-là aurait pu ressembler à tant d’autres : des jeunes et des moins jeunes rassemblés pour “boire la bière”, comme le dira un témoin. Au milieu de cette beuverie, une querelle éclate entre le prévenu et sa mère. L’ambiance dégénère entre les deux. Selon les conclusions de l’enquête, l’homme aurait giflé sa mère, avant de tenter une seconde claque. Cette dernière l’esquive, perd l’équilibre, bouscule involontairement la victime, qui chute. Sa tête frappe le sol. Il succombera, quelques heures plus tard au CHPF, d'une hémorragie cérébrale.
Le rapport médical confirme une lésion interne grave, et un taux d’alcool de plus de 3 grammes par litre de sang chez la victime. Le scénario semble clair. Pourtant, les témoignages embrouillent les contours de cette apparente vérité judiciaire.
Témoins enivrés, mémoire brumeuse
Car cette soirée arrosée a laissé dans la mémoire des protagonistes des souvenirs bien flous et parfois contradictoires. Les deux seules adolescentes sobres ce soir-là ont livré un récit jugé crédible par les enquêteurs, en cohérence avec les constats de la police scientifique. Mais d'autres déclarations, souvent faites par des personnes fortement alcoolisées, jettent le trouble : certains certifiant avoir vu la victime tomber seule, d’autres parlant d’un coup reçu, d'autres affirmant que le prévenu n'a pas giflé sa mère...
À la barre, le prévenu l’assure : “Je n’ai jamais frappé ma mère. J’ai levé le bras pour qu’elle se taise, c’est tout.” Pour lui, la victime se trouvait bien trop loin pour être atteinte. “Je n'ai jamais eu l'intention de porter atteinte à la victime”, rajoute-t-il. Même ligne de défense chez la mère, dont le discours a pourtant évolué depuis l’enquête initiale. “J’ai eu plusieurs années pour réfléchir à ce qui s’est passé”, se justifie-t-elle aujourd’hui, esquissant un virage dans sa version des faits. Elle expliquait au début de l'enquête aux gendarmes, que la victime s’est interposée entre elle et son fils.
Une quête de vérité en suspens
Mardi, les trois sœurs de la victime, venues de Nouméa pour assister au procès, ont écouté en silence, le visage fermé. L’avocate de la partie civile, elle aussi venue de Nouvelle-Calédonie, s’est d’emblée emportée au sujet de la posture du prévenu : “Je suis surprise et agacée d'entendre le prévenu et sa mère atténuer leur responsabilité”, a-t-elle grondé. “On voudrait nous faire croire qu’il [la victime, NDLR] est tombé tout seul.”
Elle le martèle : il n’est nul besoin d’un coup pour caractériser un homicide involontaire. Une faute suffit. “Il y a pléthore de jurisprudences de la Cour de cassation là-dessus”, a-t-elle lancé, en réclamant 1,7 million de francs pour chacune des trois sœurs, au titre du préjudice moral.
La procureure, elle, s’est indignée à propos d’un duo mère-fils qui “chipote et pinaille sur les faits pour éviter la prison ”. Quatre ans de prison dont trois avec sursis ont été requis.
L’avocat de la défense, enfin, s’est attardé sur ce flou qui persiste : “Certains ont vu des coups, d’autres non...” Et de conclure, en plaidant pour la relaxe de son client : “Le doute profite à l’accusé.” Le jugement a été mis en délibéré. Le tribunal rendra sa décision le 10 juin, à 8 heures.
Il y a d’abord ce principe, que l’avocat de la défense a rappelé avec fermeté lors de sa plaidoirie: “In dubio pro reo – Le doute profite à l’accusé”. Et du doute, ce dossier n’en manque pas, selon lui. Le jeune prévenu, jugé pour homicide involontaire, est accusé d’avoir causé involontairement la mort d’un homme d’une cinquantaine d’années lors d’une soirée alcoolisée à Faa’a, en 2021.
Ce soir-là aurait pu ressembler à tant d’autres : des jeunes et des moins jeunes rassemblés pour “boire la bière”, comme le dira un témoin. Au milieu de cette beuverie, une querelle éclate entre le prévenu et sa mère. L’ambiance dégénère entre les deux. Selon les conclusions de l’enquête, l’homme aurait giflé sa mère, avant de tenter une seconde claque. Cette dernière l’esquive, perd l’équilibre, bouscule involontairement la victime, qui chute. Sa tête frappe le sol. Il succombera, quelques heures plus tard au CHPF, d'une hémorragie cérébrale.
Le rapport médical confirme une lésion interne grave, et un taux d’alcool de plus de 3 grammes par litre de sang chez la victime. Le scénario semble clair. Pourtant, les témoignages embrouillent les contours de cette apparente vérité judiciaire.
Témoins enivrés, mémoire brumeuse
Car cette soirée arrosée a laissé dans la mémoire des protagonistes des souvenirs bien flous et parfois contradictoires. Les deux seules adolescentes sobres ce soir-là ont livré un récit jugé crédible par les enquêteurs, en cohérence avec les constats de la police scientifique. Mais d'autres déclarations, souvent faites par des personnes fortement alcoolisées, jettent le trouble : certains certifiant avoir vu la victime tomber seule, d’autres parlant d’un coup reçu, d'autres affirmant que le prévenu n'a pas giflé sa mère...
À la barre, le prévenu l’assure : “Je n’ai jamais frappé ma mère. J’ai levé le bras pour qu’elle se taise, c’est tout.” Pour lui, la victime se trouvait bien trop loin pour être atteinte. “Je n'ai jamais eu l'intention de porter atteinte à la victime”, rajoute-t-il. Même ligne de défense chez la mère, dont le discours a pourtant évolué depuis l’enquête initiale. “J’ai eu plusieurs années pour réfléchir à ce qui s’est passé”, se justifie-t-elle aujourd’hui, esquissant un virage dans sa version des faits. Elle expliquait au début de l'enquête aux gendarmes, que la victime s’est interposée entre elle et son fils.
Une quête de vérité en suspens
Mardi, les trois sœurs de la victime, venues de Nouméa pour assister au procès, ont écouté en silence, le visage fermé. L’avocate de la partie civile, elle aussi venue de Nouvelle-Calédonie, s’est d’emblée emportée au sujet de la posture du prévenu : “Je suis surprise et agacée d'entendre le prévenu et sa mère atténuer leur responsabilité”, a-t-elle grondé. “On voudrait nous faire croire qu’il [la victime, NDLR] est tombé tout seul.”
Elle le martèle : il n’est nul besoin d’un coup pour caractériser un homicide involontaire. Une faute suffit. “Il y a pléthore de jurisprudences de la Cour de cassation là-dessus”, a-t-elle lancé, en réclamant 1,7 million de francs pour chacune des trois sœurs, au titre du préjudice moral.
La procureure, elle, s’est indignée à propos d’un duo mère-fils qui “chipote et pinaille sur les faits pour éviter la prison ”. Quatre ans de prison dont trois avec sursis ont été requis.
L’avocat de la défense, enfin, s’est attardé sur ce flou qui persiste : “Certains ont vu des coups, d’autres non...” Et de conclure, en plaidant pour la relaxe de son client : “Le doute profite à l’accusé.” Le jugement a été mis en délibéré. Le tribunal rendra sa décision le 10 juin, à 8 heures.