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Du ferme pour les bourreaux d’une personne handicapée


Tahiti, le 5 mars 2025 - Ce mardi, le tribunal correctionnel de Papeete a condamné deux habitants de Faa’a pour violences et agression sexuelle en réunion sur une personne vulnérable. L’un écope de deux ans de prison ferme, l’autre, déjà incarcéré pour trafic de stupéfiants, voit sa peine prolongée de trois ans.
 
L’affaire examinée ce mardi par le tribunal correctionnel de Papeete aurait pu ne jamais éclater. Elle n’a été révélée que par la découverte fortuite de vidéos compromettantes lors d’une enquête sur les stupéfiants.
 
Les faits remontent à mars 2018, dans le quartier de Oremu II à Faa’a. L’homme qui se retrouve victime dans cette affaire, paralysé du côté gauche depuis un accident de moto en 1994, dépendait de ses deux agresseurs, notamment en raison de sa consommation de stupéfiants. Cherchant leur acceptation et leur protection, il est devenu leur souffre-douleur.
 
Tout a commencé par “des claques à l’aide d’un paquet de cigarettes”. Puis, la situation a dégénéré. Celui qui se décrivait comme “le protecteur” de la victime lui a tiré dans la cuisse avec une carabine à plomb, dont le projectile est encore logé dans sa chair. Pourquoi ? La question du président du tribunal, Marcel Tastevin, restera sans réponse.
 
Mais l’acte le plus ignoble reste l’agression sexuelle, captée en vidéo et diffusée dans le quartier. Le substitut du procureur Michel Mazars décrit cet épisode en des termes forts : “Ils ont abusé de sa vulnérabilité, abusé de sa faiblesse jusqu'à cet épisode sordide durant lequel, pendant près de 30 minutes, ils vont l'humilier, le forcer à retirer ses vêtements et lui introduire dans les fesses ce manche de pelle”.
 
“Pablo Escobar du quartier”
 
La diffusion de cette scène n’a fait qu’accentuer la souffrance de la victime, qui s’est depuis murée dans le silence. “Pourquoi avez-vous filmé cette scène ?”, insistent le président et les assesseurs. “Comme ça… Sur le coup. (…) Quand je regardais après, ça me faisait rire”, répond l’un des deux prévenus, décrit comme un “suiveur” à la personnalité immature, tentant de minimiser les faits. Celui qui a tiré avec la carabine, en revanche, est le “meneur”. Qualifié par la sœur de la victime de “Pablo Escobar du quartier”, il a déjà été condamné à de la prison ferme pour trafic de stupéfiants et comparaissait mardi sous escorte policière.
 
Pour la sœur de la victime, aucun doute : cette violence et l’antipathie à l’égard de son frère découlent de sa couleur de peau. “C’est du racisme”, témoigne-t-elle en larmes devant le juge.
 
Le “meneur”, père d’une fillette de six ans, se défend tout en affirmant avoir fait un “gros travail sur lui-même” depuis son emprisonnement. Le “suiveur”, lui, reste muet. “Ce que mon frère a vécu, c'est une trahison de son corps, une destruction de sa dignité. Ce n'est pas seulement une agression physique, c'est une blessure qui ne cesse de saigner dans son cœur et dans son esprit. (…) Ce que nous demandons aujourd’hui, ce n’est pas de la pitié, mais de la justice”, plaide la sœur de la victime.
 
Le tribunal l’a entendue. L’homme déjà incarcéré voit sa peine prolongée de cinq ans, dont trois ferme, avec interdiction d’entrer en contact avec la victime, privation du droit d’éligibilité pendant trois ans, obligation de soins et inscription au fichier judiciaire des auteurs d’infractions sexuelles. L’autre prévenu, jusque-là sans casier, est condamné à trois ans de prison, dont deux ferme, avec les mêmes obligations. Il a été directement conduit en détention.

Rédigé par Darianna Myszka le Mercredi 5 Mars 2025 à 14:21 | Lu 1941 fois