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Agression sexuelle sur une sans-abri : cinq ans de prison pour l'agression sexuelle de son ex-compagne


Interrogée lors de l’enquête, la victime a confié que ce n’était pas la première fois qu’elle était agressée sexuellement. “C’est déjà arrivé qu’il soit violent et qu’il me force”, a-t-elle déclaré aux enquêteurs. Crédit photo : Archives TI.
Interrogée lors de l’enquête, la victime a confié que ce n’était pas la première fois qu’elle était agressée sexuellement. “C’est déjà arrivé qu’il soit violent et qu’il me force”, a-t-elle déclaré aux enquêteurs. Crédit photo : Archives TI.
 Tahiti, le 3 juin 2025 - Une femme sans domicile fixe a été agressée sexuellement et frappée par son ex-compagnon en juin 2023, sur une plage de Mahina. Jugé ce mardi, l’homme a reconnu les faits. Il a été condamné à cinq ans de prison ferme. La sans-abri victime de ces faits se trouve être la même qui a subi le viol sordide et barbare dans les jardins de la cathédrale de Papeete, le 23 mai dernier.
 
Une femme sans domicile fixe, victime d’un viol barbare particulièrement violent le 23 mai dernier dans les jardins de la cathédrale de Papeete, était au cœur d'une autre affaire de violences sexuelles, ce mardi. Elle était absente du ban des victimes en raison de son état de santé actuel.

Cette fois, les faits remontent à juin 2023. Son ex-compagnon, également sans-abri et en détention provisoire depuis près de deux ans, a répondu devant le tribunal correctionnel de Papeete des faits d’agression sexuelle aggravée par des violences.
 
Ce mardi, l’homme, quadragénaire aux cheveux longs noués en arrière, s’est présenté sans nier les faits. Au contraire, il a reconnu, sans jamais sourciller, l’intégralité des violences. “Je me suis fâché”, a-t-il simplement expliqué à la barre.
 
Une nuit d’alcool et de violences
 
Les faits se déroulent en juin 2023 sur une plage de Mahina où le prévenu et la victime avaient l’habitude de dormir. Ce soir-là, les deux compagnons de galère consomment, selon le prévenu lui-même, une bouteille d’alcool chacun – une habitude, dit-il. Puis une dispute éclate, sur fond de jalousie amoureuse. Et la nuit vire au cauchemar.
 
Sous l’emprise de l’alcool et de stupéfiants, l’homme arrache la culotte de sa compagne, la jette à la mer, la pousse sur le sable. Il lui assène plusieurs coups de poing, lui mord la lèvre, puis la pénètre de force avec ses doigts, dans le vagin et l’anus.
 
Alertés par un ami de la victime, la gendarmerie arrive au petit matin. Le certificat médical établi alors est sans ambiguïté : abrasion de la cuisse droite et des parties génitales, fissure anale, hématomes au visage… Des blessures parfaitement compatibles avec le récit de la victime.
 
Interrogée lors de l’enquête, cette dernière confie que ce n’était pas la première fois. “C’est déjà arrivé qu’il soit violent et qu’il me force”, déclare-t-elle aux enquêteurs.
 
Une spirale d’abandon
 
La situation sociale des deux protagonistes pèse lourd dans le dossier. La victime, sans domicile, est particulièrement vulnérable. Son agresseur, lui aussi à la rue depuis l’adolescence après avoir été abandonné par sa famille à l’âge de 12 ans, a enchaîné les petits boulots et les condamnations. Déjà connu de la justice pour des faits de violence, il se trouvait en état de récidive au moment de l'agression.
 
Face à la gravité des faits, la procureure a requis six ans de prison, dont deux avec sursis. La défense, sans nier l’horreur des actes, a insisté sur l’itinéraire brisé de l’accusé et sur l’abandon social qui a marqué toute sa vie. Mais le tribunal a tranché : cinq ans de prison ferme, avec mandat de dépôt.
 
Une victime encore livrée à elle-même
 
Ironie tragique du calendrier judiciaire, la victime, dont la fragilité est aujourd’hui connue des institutions, a de nouveau été agressée il y a quelques jours, le 23 mai, dans des conditions d’une extrême violence. Elle aurait subi un viol sordide en pleine rue, dans les jardins de la cathédrale de Papeete. Un autre homme a depuis été placé en détention provisoire dans ce dossier, il encourt jusqu’à trente ans de réclusion criminelle.
 
Ces deux affaires, à deux ans d’écart, illustrent crûment l’impunité que rencontrent certaines violences sexuelles quand elles frappent les plus invisibilisées : femmes précaires, marginalisées, sans domicile, sans défense.
 

Rédigé par Thibault Segalard le Mardi 3 Juin 2025 à 15:54 | Lu 1926 fois