Zone rouge : "prendre en charge le coût des études "


Te Vai Ara demande que "la puissance publique prenne en charge le coût des études et des protections" pour que les zones passent de rouge à bleu et soient donc de nouveau constructibles.
PAPEETE, le 4 septembre 2018. Le Pays souhaite réaliser une étude pour sortir de "l'impasse juridique" liée aux zones rouges, qui y interdit la construction. L'association Te Vai Ara demande que des aides publiques soient mises en place pour rendre ces terrains constructibles.

La semaine dernière, nous relevions que le Pays souhaitait sortir de "l'impasse" et "faciliter les possibilités de projets d'aménagements futurs dans les zones identifiées comme à risque". Le ministre de l'Aménagement du Territoire cherche en effet un prestataire capable de réaliser "une analyse juridique de la réglementation" concernant les risques naturels en Polynésie française et dans d'autres territoires comme la Martinique, La Réunion, la Nouvelle-Calédonie mais aussi les Etats-Unis. L'objectif : trouver l'option "la plus favorable pour répondre à la problématique d'inconstructibilité en zone d'aléa fort".

Cette décision répond aux demandes de nombreux propriétaires terriens qui s'estiment floués par la création des zones rouges (espace inconstructible car soumis aux risques d'inondation et d'éboulement). Depuis octobre dernier, l'association Te Vai Ara dénonce le classement de terrains en zone rouge au détriment des propriétaires terriens. L'association, qui regroupe désormais une centaine de propriétaires venant de communes de Tahiti, mais aussi des Marquises, des Tuamotu et des îles du Vent, demande que des aides publiques soient mises en place pour rendre ces terrains constructibles.

Pour elle, il ne s'agit pas de pouvoir construire sans prendre en compte les risques. Te Vai Ara demande que "la puissance publique prenne en charge le coût des études et des protections" pour que les zones passent de rouge à bleu et soient donc de nouveau constructibles". "Nous sommes conscients des risques", souligne François Raoulx, président de l'association. "Mais il n'y a plus de terres. Toutes les terres sont en zone rouge. Si on n'a plus de terres, les gens vont construire sans permis. Il faut que les puissances publiques prennent en charge les travaux de confortement. Les Polynésiens ne peuvent pas prendre en charge ce coût. "

"Avec la création de ces zones rouges, les plus beaux terrains de l'ile sont devenus d'un coup inconstructibles", regrette un propriétaire terrien avant d'énumérer les étapes à réaliser afin de demander le déclassement d'un terrain en zone rouge : "Il faut faire appel à un bureau d'études, puis faire des travaux. Le Laboratoire des travaux publics doit aussi passer avant et après pour dire si les travaux effectués sont corrects. Le service de l'urbanisme doit ensuite valider et transmettre au conseil municipal qui fera suivre au gouvernement, qui décidera in fine de déclasser ou non un terrain. On a une législation extrêmement contraignante. "

Te Vai Ara dénonce le classement de terrains en zone rouge au détriment des propriétaires terriens. Certains ont ainsi décidé de franchir le pas et de construire sans permis, ne pouvant acheter un autre terrain. Au-delà des risques de cette construction en dehors de tout cadre légal, il y a aussi la question de la petite fourmi de feu. En effet, des terrassements non autorisés sont réalisés et certains n'hésitent pas à évacuer la terre en risquant de propager la petite fourmi de feu.

La petite fourmi de feu (PFF) est une toute petite fourmi rouge, à la piqure très douloureuse. En Nouvelle-Calédonie, on l'appelle "fourmi électrique" parce que sa morsure fait l'effet d'un électrochoc.

La PFF est une des dix espèces les plus envahissantes au monde parce qu'elle est redoutablement adaptée à la conquête. Originaire de la jungle tropicale américaine, elle progresse sur la planète entière. Parmi ses adaptations, notons que les différentes colonies ne s'attaquent pas entre elles, mais collaborent sur leur zone d'influence, quand les autres espèces de fourmi se font la guerre entre elles. Elles ont aussi plusieurs reines dans chaque colonie, rendant le nid pratiquement immortel

Pour l'association, le classement de terrains en zone rouge est aussi un frein à la sortie de l'indivision. François Raoulx cite ainsi le cas d'une famille de Pirae qui a reçu l'aide du Pays pour sortir de l'indivision. Une fois l'accord obtenu de tous, ils se sont rendu compte que deux parcelles étaient en zone rouge et non constructible. L'accord trouvé n'est donc plus d'actualité.

Te Vai Ara dénonce "une règlementation qui dévalorise les biens immobiliers" et demande la création d’une caisse d’indemnisation en faveur de propriétaires terriens lésés par une règlementation défavorable.


Rédigé par Mélanie Thomas le Mardi 4 Septembre 2018 à 16:00 | Lu 2932 fois