Zone bio-marine de Faratea : le projet taillé sur mesure pour les professionnels


Teva Rohfritsch veut impliquer les professionnels dans l'aménagement de la future zone bio-marine de Faratea
PAPEETE, le 07/09/2016 - Mutualiser les moyens, c'est le souhait du gouvernement en termes d'aquaculture. Le ministre de l'économie bleue, Teva Rohfritsch a rencontré ce mercredi après-midi les aquaculteurs afin de discuter ensemble des projets qui pourraient être mis en place sur le site de Faratea, à Taravao. L'idée est de définir les équipements à mettre en place. Les professionnels devront donc proposer leurs projets. Ils se reverront dans trois mois pour définir le cahier des charges.

Fini l'imposition de projets en termes aquacole, le gouvernement a décidé de donner la parole aux professionnels afin de définir ensemble les différents projets qui pourront être mis en place sur la zone bio-marine de Faratea. Une rencontre a eu lieu ce mercredi après-midi entre le ministre de l'économie bleue, Teva Rohfritsch et les aquaculteurs.

L'idée est de les écouter et de les impliquer dans l'aménagement de cette future zone bio-marine. "Je souhaite que dès ce mois-ci les porteurs de projets aillent voir la Direction des ressources marines pour parler de leur projet car chacun veut certainement garder la primauté de son projet", explique Teva Rohfritsch.

"La somme de tous ces projets nous permettra de définir des équipements communs à mettre en place : une station de pompage de l'eau de mer, les réseaux électriques, le traitement des eaux usées et surtout la taille des exploitations. Certains auront besoin d'un hectare, d'autres de 10 hectares. On a besoin de quantifier tout ça avec eux. Ensuite, il y aura un appel à projets."

Dans trois mois, ils se retrouveront afin de définir le cahier des charges. "Si on arrive à être tous d'accord et que ça répond aux besoins des professionnels, on lancera l'appel à projets ensuite. Je pense démarrer cette zone en 2017."

UNE MANIÈRE INTÉRESSANTE DE TRAVAILLER POUR LES PORTEURS DE PROJETS

C'est la première fois, que des professionnels participent avec le pays à l'élaboration de projets. Une idée bien accueillie par l'ensemble des aquaculteurs. "Ce sont les porteurs de projet qui vont solutionner et c'est le ministère qui décidera où s'aligner. Je pense qu'ils veulent avant tout des acteurs qui peuvent avoir des projets rapidement et qui maitrisent le sujet. Pour nous, l'aquaculture, on y est depuis plus de 25 ans, donc on pourrait effectivement s'y mettre", lance Georges Siu, de la ferme Aquapac.

Avec deux fermes de crevetticulture à la Presqu'île, Georges Siu estime que cette future zone bio-marine devrait répondre aux attentes, mais, "il y a les conditions qu'il faut mettre en place et il reste encore des risques, notamment biologiques. Aujourd'hui, nous avons des maladies qui peuvent créer des difficultés pour les fermes. Donc, il y a ce risque qui est permanent avec l'introduction des virus, parce qu'on continue à faire venir des crevettes marinées crues. Et lorsque les gens n'ont en pas besoin, ils peuvent les utiliser en appât, les remettre dans l'eau et contaminer toute la filière crevetticole. Donc c'est un risque", prévient-il.

"On veille aussi à ce qu'on ne vienne pas introduire des espèces invasives. Qu'on ne vienne pas remettre en cause la faune polynésienne et qu'on se protège autant que possible de la venue de virus extérieurs", lui répond le ministre de l'économie bleue.

Mais Teva Rohfritsch assure que tous les problèmes ne seront pas résolus en un seul claquement de doigt. Pour lui, Faratea sera plutôt "une mise à disposition de foncier. Après, il y a tout un pan qui est assez exhaustif de protection de nos espèces. C'est pour ça qu'il faut passer par des systèmes d'installations classés. C'est ce qui est appliqué à Hao et qui le sera aussi à Faratea."

Et le foncier, serait la demande principale des professionnels, comme nous l'explique Georges Siu : "On va bientôt arriver à saturation et le marché nécessite plus de crevettes, et c'est un secteur qui nécessite une certaine taille. Ça reste encore une activité unique en termes de rentabilité, donc il nous faudrait passer à une taille un peu plus grande pour pouvoir atteindre une économie d'échelle."

Aquapac produit chaque année 80 tonnes de crevettes, consommées localement. Si leur crainte est de trouver les dispositifs adéquats pour éviter d'infecter nos espèces marines. Ces professionnels veulent néanmoins trouver les moyens nécessaires pour rentabiliser leur activité : "Aujourd'hui, pour faire de l'aquaculture, il faut de la terre. On est sur des bassins sur terre et nous n'avons pas beaucoup de terres près de l'eau. On ne peut pas être trop loin, parce qu'il faut pomper de l'eau de mer et c'est un coût élevé. Donc c'est beaucoup de coûts d'investissements, de personnel et d'électricité, parce qu'on pompe l'eau en permanence, en grosse capacité. On aère les bassins, donc cela représente un coût élevé. Il y a les aliments, c'est plus de 30 % au niveau du coût, avec l'alimentation et l'électricité."

Et même si les 30 hectares qui seront mis à la disposition des aquaculteurs, seront à louer. Le pays opterait pour un lotissement aquacole, en fournissant les équipements communs. "L'avantage est de baisser ces charges récurrentes, et sur le plan technique aquacole, on va créer un peu notre Silicon Valley de l'aquaculture, c'est-à-dire des échanges de techniques. Et je suis sûre que de cet échange entre les aquaculteurs, qui pour l'instant sont très morcelés, vont naitre de nouveaux projets. On envisage aussi de laisser une petite zone pour la recherche et développement, c'est-à-dire que les gens qui viennent et qui te disent : j'ai une idée et j'ai besoin d'un site pilote, mais je ne sais pas si je peux en faire un projet gérable. Et si vous permettez de tester mon idée sur 4 000 m3, et que, derrière je peux créer mon entreprise, eh bien, on va réserver une partie aussi pour ça", conclut le ministre.

Continuer à produire des produits sains tout en préservant l'environnement, reste tout de même la priorité aussi bien du pays que des professionnels.

Le ministre pense démarrer les travaux sur cette zone en 2017

Rédigé par Corinne Tehetia le Mercredi 7 Septembre 2016 à 18:49 | Lu 2233 fois