Yan Jambet démissionne de l'OPH


Interrogé à son retour de Paris jeudi soir, le président du Pays a indiqué avoir reçu la démission de Yan Jambet de l'OPH. crédit photo Stéphanie Delorme
Tahiti, le 15 septembre 2023. Interrogé à son retour de Paris jeudi soir, le président du Pays a indiqué avoir reçu la démission de Yan Jambet dont certains membres de sa famille étaient présents à l'aéroport. Si Oscar Temaru a évoqué une "erreur de casting", Moetai Brotherson maintient que "c'était le bon candidat" pour l'OPH et regrette "le lynchage qui a suivi". Interview. 

Monsieur le président on va commencer par la question qui fâche : le cas de Yan Jambet. Sa famille est là dehors pour le soutenir. Nous l'avons eu au téléphone hier (mercredi, NDLR) et il nous a dit qu'il avait adopté une position dont il vous avait fait part. Qu'est-ce qu'il en est ?

J'ai reçu effectivement un message de Yan Jambet m'indiquant qu'il posait sa démission. Je vais donc examiner ça dès demain matin quand j'aurai le document entre mes mains.

Vous allez l'accepter ?

Ecoutez si quelqu'un veut démissionner, on ne peut pas le forcer à rester.

C'est lui-même qui a voulu déposer sa démission ou est-ce vous qui l'avez incité à le faire ?

Comme je l'ai déjà indiqué à vos correspondants à Paris, il y a eu un comité de majorité qui s'est tenu. Des conclusions sont sorties. J'ai transmis ces conclusions à monsieur Jambet. Une de ces conclusions c'était qu'il présente sa démission, ensuite je lui ai laissé la main, et donc on m'a indiqué qu'il avait déposé sa démission.

Mais pourquoi l'avoir choisi si vous connaissiez déjà son passif assez lourd ?

Moi ce que je regrette sur cette affaire, c'est le lynchage qui a suivi. On oublie que c'est un être humain, c'est un papa d'une petite fille. C'est quelqu'un de compétent, c'est pour ça que moi, je l'avais retenu. Il a fait la banque, il a fait les agences immobilières, il a fait un passage chez les notaires donc pour moi c'était le bon candidat pour ce poste. Maintenant, ce qui a pu se passer entre deux personnes privées, ça pour moi, ce n'est pas fondamental.

Vous avez déjà une idée de qui pourrait le remplacer ?

Oui on a déjà des noms.

En interne à l'OPH ou ce sont des candidatures externes ?

Vous verrez

Pour en venir à votre voyage à Paris, vous avez vu Emmanuel Macron pendant le match de la coupe du monde de rugby. Avez-vous pu aborder avec lui la question de la présence ou non de la France en octobre prochain à la commission Onusienne ?

Vous allez me faire paraître obsessionnel mais non, j'ai déjà beaucoup discuté de ces sujets avec lui. Je ne pense pas avoir besoin de l'embêter avec ça lors d'un match d'ouverture de la coupe du monde de rugby. C'est un sujet pour moi qui est entendu.

Mais pour l'instant, on ne sait toujours pas si la France sera là ou pas...

On verra en octobre

Vous avez également évoqué avec son conseiller des dossiers où il y avait des blocages. De quels dossiers s'agit-il exactement et avez-vous réussi à déverrouiller des choses ?

Oui moi ce qui m'intéresse, ce ne sont pas les dossiers individuels. C'est comprendre, sur tel dossier, qu'est-ce qui bloque dans le système et c'est ce qu'on a évoqué. Dans certains cas ces blocages, c'est du côté de l'Etat et dans d'autres cas, c'est du côté de la Polynésie et on essaie de faire en sorte qu'à l'avenir, ce genre de blocages ne se produise plus c'est tout. Mais de savoir de quels dossiers il s'agit, ce n'est pas important.

Une petite question par rapport à la future directrice de la CPS. Le 28 août dernier, la CCBF (commission de contrôle budgétaire et financier) a émis un avis favorable unanime quant à la nomination Romina Ma mais elle n'a toujours pas pris ses fonctions officiellement. Qu'est-ce qui coince ?

J'ai cru comprendre qu'il y avait une réclamation d'un des administrateurs de la CPS. Là encore je n'ai pas le fond du dossier. On m'a averti alors que je prenais l'avion. Je prendrai connaissance du fond de ce dossier demain matin.

Vous repartez à la fin du mois aux Etats-Unis avant même la commission Onusienne. Vous avez été invité par le président Joe Biden. Qu'allez-vous y faire ?

Le président des Etats-Unis avait déjà l'an dernier invité tous les chefs d'Etat du Pacifique. Il s'agit ici des trois grandes puissances qui sont présentes dans notre zone : les Etats-Unis, la Chine et la France qui font leur lobbying et qui essaient de déployer leur stratégie. Tout comme la France a sa stratégie indo-pacifique, les Etats-Unis ont leur stratégie et reçoivent régulièrement les chefs d'Etat du Pacifique pour nous expliquer ce que les Etats-Unis ont l'intention de faire dans les années qui viennent dans le Pacifique et que l'on puisse se positionner par rapport à ça.

La semaine prochaine, le congrès des communes se tiendra à Teahupo'o. C'est la première fois que vous y participerez en tant que président du pays. Le thème retenu cette année, c'est la transition écologique. Allez-vous y participer pendant les quatre jours ou juste au début ?

J'aimerais beaucoup y participer pendant toute la durée du congrès. En tout cas il y aura une séquence dédiée au gouvernement où nous expliquerons ce que nous voulons faire en termes d'évolution des relations entre le Pays et les communes dans les années qui viennent.

Justement à ce propos, le prochain conseil des ministres décentralisé est toujours prévu à Tubuai ?

C'est là qu'on se rend compte que c'est compliqué de se déplacer chez nous. On a dû annuler car il n'y avait pas de places sur les avions.

Et pour finir, avez-vous retrouvé votre valise ?

Et non ! Comme dit la chanson de Gabilou "adieu la valise". En tout cas pour l'instant, on ne l'a toujours pas retrouvée.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Vendredi 15 Septembre 2023 à 10:25 | Lu 7036 fois