Y a-t-il eu enlèvement au parc Vaipoopoo ?


PAPEETE, le 19 août 2019 - Samedi dernier à Punaauia un homme de 22 ans est suspecté d’avoir enlevé une fillette de trois ans dans le parc Vaipoopoo. "Je voulais juste l'aider à descendre du toboggan", s'est défendu le prévenu lundi en comparution immédiate, le tribunal a demandé une expertise psychiatrique de l'homme. Il a été placé en détention en attendant, au moins jusqu’au 19 septembre.

L'affaire a créé un buzz tentaculaire ce week-end sur les réseaux sociaux. Un homme de 22 ans a été interpellé samedi soir par les gendarmes à Punaauia pour une suspicion d’enlèvement d’une fillette de trois ans dans le parc Vaipoopoo.

Selon le témoignage du père, "il faisait des va-et-vient entre les aires de jeux et regardait bizarrement les enfants." L'homme s'est ensuite rapproché de la fillette qui jouait sur un toboggan avec un autre enfant, avant de la prendre dans ses bras et de se diriger vers la sortie de l'aire de jeux. Mais au moment de s’en aller, il a été arrêté par un membre de la famille qui l’a sommé de déposer la petite fille. Le jeune homme a alors reposé alors la fillette et pris la fuite lorsqu'il a vu le père arriver. 

"JE VOULAIS LA METTRE EN LIEU SUR"

Le jeune homme a été présenté lundi en comparution immédiate. Suite au rappel des faits, le président du tribunal a interrogé le prévenu sur les motifs de son acte. ”J'ai vu qu'elle était plus faible que les autres enfants et j'ai voulu l'aider à descendre du toboggan. Imaginez, un enfant tombe, il faut bien quelqu'un pour les surveiller", s'est-il-défendu. Lors de sa garde à vue, l'homme a même avoué aux gendarmes "vouloir mettre la fille en lieu sûr dans un magasin." 

Au casier judiciaire du prévenu ne figure aucune condamnation. Ce dernier a quitté le domicile de ses parents à Tiarei il y a quatre mois pour venir s'installer à Punaauia. Sa mère, appelée à la barre hier, a indiqué que son fils "avait beaucoup changé ces derniers mois. Il parlait tout seul et rigolait tout seul." Elle a fait également allusion à un suivi médical de son fils auprès du docteur en psychiatrie Stéphane Amadéo. "C'était il y a longtemps, et c'était parce que j'avais des problèmes à l'oreille", a expliqué l'homme. 

"UN COMPORTEMENT EXTREMENT INQUIETANT"

Lors de son réquisitoire, le procureur a parlé d'un "comportement extrêmement inquiétant" du prévenu. "Nous avons affaire ici à un homme isolé qui rode dans un parc avec des enfants. S'il n'a rien à se reprocher, pourquoi prend-il la fuite lorsque le père arrive. Il aurait très bien pu s'expliquer. Pour moi l'enlèvement est parfaitement caractérisé", a insisté le représentant du parquet avant de requérir 12 mois de prison, dont 6 avec sursis, et une obligation de soins. 

"Parler d'enlèvement me paraît artificiel", a plaidé pour sa part Me Fromaigeat, avocat du prévenu. "Il n'a bougé la fillette que de quelques mètres. Mon client n'est même pas sorti du parc et les parents avaient toujours un contact visuel avec leur fille. On ne peut parler à ce moment-là d'enlèvement."

Après en avoir délibéré, le tribunal a finalement demandé une expertise psychiatrique plus approfondie du prévenu. La décision du tribunal a donc été renvoyée au 19 septembre prochain. En attendant les magistrats ont tout de même décidé de placer le prévenu en incarcération provisoire.

Rédigé par Désiré Teivao le Lundi 19 Aout 2019 à 18:48 | Lu 4307 fois