Xi Jinping met en garde contre le climat de "guerre froide" en Asie-Pacifique


MANDEL NGAN, Anthony WALLACE / AFP
Wellington, Nouvelle-Zélande | AFP | jeudi 11/11/2021 - Le président chinois Xi Jinping a mis en garde contre un contexte digne de la "guerre froide", au sein de la région Asie-Pacifique, au moment où Taïwan est au coeur de tensions grandissantes. 

A l'approche du sommet virtuel avec le président américain Joe Biden, qui doit se tenir la semaine prochaine, Xi Jinping a affirmé que tous les pays de la région devaient oeuvrer de concert pour faire face aux défis communs, de la pandémie de Covid-19 au commerce, en passant par le changement climatique.

"Les tentatives de créer des clivages idéologiques ou de former des cercles restreints sur le plan géopolitique sont vouées à l'échec", a-t-il déclaré au cours d'une conférence virtuelle en marge du sommet du Forum de Coopération économique Asie-Pacifique (Apec).

"La région Asie-Pacifique ne peut ni ne doit retomber dans les confrontations et les divisions de la Guerre froide".

Ces déclarations interviennent quelques heures après l'annonce surprise des Etats-Unis et de la Chine, au sommet de Glasgow, de redoubler conjointement d'efforts pour lutter contre le réchauffement climatique.

Le leader chinois n'a pas expressément évoqué cet accord mais a assuré que "nous pouvons tous nous engager sur la voie d'un développement durable à faible émission de carbone". "Ensemble, nous pouvons ouvrir la voie à un avenir plus vert", a-t-il déclaré.

Les dirigeants américain et chinois devraient "bientôt" s'entretenir virtuellement, selon le secrétaire d'Etat des Etats-Unis Antony Blinken.

Selon certains médias, cela pourrait avoir lieu dès la semaine prochaine.

 "Moment historique" 

Bien que l'administration Biden a identifié les questions liées à l'environnement comme un possible terrain d'entente entre Pékin et Washington, les tensions dans la région Asie-Pacifique ne cessent de croître, notamment au sujet de Taïwan.

La Chine a intensifié ses activités militaires près de cette île démocratique qu'elle revendique. Début octobre, un nombre record d'incursions d'avions militaires chinois a été enregistré dans la zone d'identification de la défense aérienne (Adiz) de Taïwan. 

En réaction, le secrétaire d'État américain Antony Blinken a affirmé mercredi que les Etats-Unis veilleront à ce que ce territoire puisse se défendre afin d'éviter que quiconque "tente de rompre le statu quo par la force". 

Le conseiller national à la sécurité des Etats-Unis, Jake Sullivan a affirmé que les États-Unis et la Chine avaient le choix de ne pas connaître à nouveau le contexte de divisions qui avait marqué la Guerre froide. 

"La Chine a un système de valeurs différent. Elle a des intérêts différents. Et c'est en partie sur quoi portera la rivalité actuelle", a déclaré M. Sullivan dans un discours en ligne prononcé jeudi devant l'Institut d'études australien Lowy. 

"Mais il n'y a aucune raison pour que cette rivalité se transforme en conflit ou en confrontation. Et c'est ce que nous devons gérer de manière responsable et collective dans le cadre de notre travail dans les années à venir", a-t-il insisté.

"Moment historique" 

Pékin revendique également la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, riche en ressources naturelle, par laquelle transitent chaque année des milliards de dollars d'échanges maritimes, refusant les revendications de Brunei, de la Malaisie, des Philippines, de Taïwan et du Vietnam.

Dans ce contexte, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l'Australie ont scellé en septembre une alliance de défense permettant à l'Australie d'acquérir des sous-marins à propulsion nucléaire utilisant la technologie américaine. 

Même si la livraison n'est pas prévue avant plusieurs années et que la Chine n'est pas explicitement citée, cette annonce avait suscité la colère de Pékin et, séparément, déclenché un important incident diplomatique avec la France à qui le contrat sur les sous-marins était initialement promis.

Mais la deuxième économie mondiale a fait un pas vers son rival dans la soirée de mardi.

"Les relations entre la Chine et les États-Unis se trouvent à un moment historique critique. Les deux pays ont tout à gagner dans la coopération et tout à perdre dans la confrontation", a souligné M. Xi, selon un communiqué de l'ambassade.

Dans son discours aux dirigeants d'entreprise d'Asie-Pacifique, le président chinois a en outre appelé à déployer des efforts conjoints pour se rapprocher de l'immunité collective, en rendant les vaccins plus accessibles aux pays défavorisés.

"Nous devrions traduire le consensus que les vaccins sont un bien public mondial en actions concrètes pour assurer leur distribution honnête et équitable", a-t-il exprimé.

M. Xi a déclaré que les pays doivent intensifier leur coopération en matière de recherche, de production, de tests et de reconnaissance mutuelle des vaccins, "afin de sortir de l'ombre de la pandémie et de parvenir rapidement à une reprise économique régulière".

le Vendredi 12 Novembre 2021 à 02:08 | Lu 638 fois