Washington, Etats-Unis | AFP | mercredi 07/06/2017 - L'ex-directeur du FBI James Comey a provoqué une déflagration politique mercredi en déclarant que Donald Trump lui avait personnellement demandé d'enterrer une enquête sur l'un de ses proches, dans la vaste affaire des ingérences russes aux Etats-Unis.
Si les démocrates ont immédiatement dénoncé le franchissement d'une ligne rouge par le président, ouvrant pour certains la voie à une procédure de destitution, de nombreux républicains serraient au contraire les rangs, soulignant que l'ancien grand policier, au-delà de son trouble, s'était gardé de dénoncer aucun délit.
Le récit de M. Comey a été publié sous la forme d'un texte liminaire de sept pages que celui-ci prévoit de lire lors de son audition très attendue devant la commission du Renseignement du Sénat jeudi à 14H00 GMT, sa première apparition publique depuis son limogeage le 9 mai.
Il y confirme ce qui avait fuité dans la presse: Donald Trump lui aurait demandé d'abandonner toute enquête sur Michael Flynn, son conseiller à la sécurité nationale évincé en février.
"J'espère que vous pourrez trouver une façon d'abandonner cela, de lâcher Flynn. C'est un homme bien", aurait dit le président à M. Comey en tête à tête le 14 février dans le Bureau ovale.
Selon M. Comey, cette requête concernait toute investigation relative aux "fausses déclarations de M. Flynn concernant ses conversations avec l'ambassadeur russe en décembre", et non l'enquête plus large du FBI sur une éventuelle coordination entre membres de l'équipe de campagne de Donald Trump et la Russie.
"Cela m'a néanmoins inquiété, étant donné le rôle du FBI comme service d'investigations indépendant", écrit M. Comey.
- Trump 'satisfait' -
Interrogé le 18 mai lors d'une conférence de presse, Donald Trump avait répondu "non, non, questions suivante" à la question de savoir s'il avait, d'une quelconque façon, fait pression pour aider le général Flynn.
L'ancien chef du FBI relate aussi en détails un dîner dans le salon vert de la Maison Blanche, le 27 janvier, lors duquel Donald Trump lui aurait dit: "J'ai besoin de loyauté, je m'attends à de la loyauté".
Après "un silence gênant", le policier aurait fini par lui promettre une "loyauté honnête".
Le président n'a pas nié le contenu de ce témoignage, se disant au contraire par la voix de son avocat "complètement conforté" par celui-ci.
Il est "satisfait" que James Comey ait "finalement confirmé publiquement ses informations privées disant que le président ne faisait pas l'objet d'une enquête en lien avec une investigation sur la Russie", écrit l'avocat, Marc Kasowitz.
Hasard ou pas du calendrier, il avait nommé le matin-même le nouveau directeur du FBI, Christopher Wray.
- Des notes écrites -
A trois reprises, notamment au téléphone le 30 mars, M. Comey a confirmé à M. Trump qu'il n'était pas visé par l'enquête. Mais il a refusé de l'exonérer publiquement, comme le lui demandait le dirigeant républicain.
"Le président a ajouté que si certains de ses proches +satellites+ avaient fait quelque chose de mal, ce serait bien de le découvrir, mais qu'il n'avait rien fait de mal et qu'il espérait que je trouve une façon de dire que nous n'enquêtions pas sur lui", poursuit-il.
James Comey confirme dans son récit, très détaillé, qu'il a consigné par écrit le contenu de ses neuf conversations individuelles avec le président en quatre mois (trois en personne et six au téléphone).
La première remonte au 6 janvier. "Par souci de précision, j'ai commencé à taper sur un ordinateur portable dans un véhicule du FBI à l'extérieur de la Trump Tower dès que je suis sorti de la réunion", raconte-t-il.
Le récit de M. Comey est frappant par la description de son malaise face aux requêtes insistantes du milliardaire.
Après l'épisode du Bureau ovale, James Comey a "imploré" le ministre de la Justice Jeff Sessions "d'empêcher toute future communication directe entre (lui et) le président".
- Destitution ? -
Ces faits renforcent le dossier des élus qui voient dans le limogeage de M. Comey une tentative d'entrave à la justice. Une poignée d'entre eux va jusqu'à réclamer l'ouverture d'une procédure de destitution, notamment les démocrates Al Green et Brad Sherman.
Afin de protéger l'indépendance de l'enquête russe, la Justice a nommé un procureur spécial, Robert Mueller, le 17 mai.
"Le directeur du FBI doit sa loyauté au peuple américain. Pas au président", a réagi le démocrate Jeff Merkley.
Le président républicain de la Chambre des représentants, Paul Ryan, a estimé que cette demande de loyauté n'était pas appropriée, dans une interview sur MSNBC.
Mais de nombreux républicains faisaient valoir que l'ancien patron de la police fédérale n'avait pas accusé M. Trump.
"La meilleure preuve que vous n'avez pas commis de délit est que le directeur du FBI n'a rien fait", a jugé le sénateur républicain Lindsey Graham.
"Je n'ai rien vu d'illégal", a constaté Richard Burr, président de la commission qui l'interrogera jeudi.
ico/sha
Si les démocrates ont immédiatement dénoncé le franchissement d'une ligne rouge par le président, ouvrant pour certains la voie à une procédure de destitution, de nombreux républicains serraient au contraire les rangs, soulignant que l'ancien grand policier, au-delà de son trouble, s'était gardé de dénoncer aucun délit.
Le récit de M. Comey a été publié sous la forme d'un texte liminaire de sept pages que celui-ci prévoit de lire lors de son audition très attendue devant la commission du Renseignement du Sénat jeudi à 14H00 GMT, sa première apparition publique depuis son limogeage le 9 mai.
Il y confirme ce qui avait fuité dans la presse: Donald Trump lui aurait demandé d'abandonner toute enquête sur Michael Flynn, son conseiller à la sécurité nationale évincé en février.
"J'espère que vous pourrez trouver une façon d'abandonner cela, de lâcher Flynn. C'est un homme bien", aurait dit le président à M. Comey en tête à tête le 14 février dans le Bureau ovale.
Selon M. Comey, cette requête concernait toute investigation relative aux "fausses déclarations de M. Flynn concernant ses conversations avec l'ambassadeur russe en décembre", et non l'enquête plus large du FBI sur une éventuelle coordination entre membres de l'équipe de campagne de Donald Trump et la Russie.
"Cela m'a néanmoins inquiété, étant donné le rôle du FBI comme service d'investigations indépendant", écrit M. Comey.
- Trump 'satisfait' -
Interrogé le 18 mai lors d'une conférence de presse, Donald Trump avait répondu "non, non, questions suivante" à la question de savoir s'il avait, d'une quelconque façon, fait pression pour aider le général Flynn.
L'ancien chef du FBI relate aussi en détails un dîner dans le salon vert de la Maison Blanche, le 27 janvier, lors duquel Donald Trump lui aurait dit: "J'ai besoin de loyauté, je m'attends à de la loyauté".
Après "un silence gênant", le policier aurait fini par lui promettre une "loyauté honnête".
Le président n'a pas nié le contenu de ce témoignage, se disant au contraire par la voix de son avocat "complètement conforté" par celui-ci.
Il est "satisfait" que James Comey ait "finalement confirmé publiquement ses informations privées disant que le président ne faisait pas l'objet d'une enquête en lien avec une investigation sur la Russie", écrit l'avocat, Marc Kasowitz.
Hasard ou pas du calendrier, il avait nommé le matin-même le nouveau directeur du FBI, Christopher Wray.
- Des notes écrites -
A trois reprises, notamment au téléphone le 30 mars, M. Comey a confirmé à M. Trump qu'il n'était pas visé par l'enquête. Mais il a refusé de l'exonérer publiquement, comme le lui demandait le dirigeant républicain.
"Le président a ajouté que si certains de ses proches +satellites+ avaient fait quelque chose de mal, ce serait bien de le découvrir, mais qu'il n'avait rien fait de mal et qu'il espérait que je trouve une façon de dire que nous n'enquêtions pas sur lui", poursuit-il.
James Comey confirme dans son récit, très détaillé, qu'il a consigné par écrit le contenu de ses neuf conversations individuelles avec le président en quatre mois (trois en personne et six au téléphone).
La première remonte au 6 janvier. "Par souci de précision, j'ai commencé à taper sur un ordinateur portable dans un véhicule du FBI à l'extérieur de la Trump Tower dès que je suis sorti de la réunion", raconte-t-il.
Le récit de M. Comey est frappant par la description de son malaise face aux requêtes insistantes du milliardaire.
Après l'épisode du Bureau ovale, James Comey a "imploré" le ministre de la Justice Jeff Sessions "d'empêcher toute future communication directe entre (lui et) le président".
- Destitution ? -
Ces faits renforcent le dossier des élus qui voient dans le limogeage de M. Comey une tentative d'entrave à la justice. Une poignée d'entre eux va jusqu'à réclamer l'ouverture d'une procédure de destitution, notamment les démocrates Al Green et Brad Sherman.
Afin de protéger l'indépendance de l'enquête russe, la Justice a nommé un procureur spécial, Robert Mueller, le 17 mai.
"Le directeur du FBI doit sa loyauté au peuple américain. Pas au président", a réagi le démocrate Jeff Merkley.
Le président républicain de la Chambre des représentants, Paul Ryan, a estimé que cette demande de loyauté n'était pas appropriée, dans une interview sur MSNBC.
Mais de nombreux républicains faisaient valoir que l'ancien patron de la police fédérale n'avait pas accusé M. Trump.
"La meilleure preuve que vous n'avez pas commis de délit est que le directeur du FBI n'a rien fait", a jugé le sénateur républicain Lindsey Graham.
"Je n'ai rien vu d'illégal", a constaté Richard Burr, président de la commission qui l'interrogera jeudi.
ico/sha