Warren Dexter remplace Tevaiti Pomare : “C'est l'homme de la situation”


“Ça fait longtemps qu'on m'a demandé de changer de ministre, mais ceux qui venaient me voir venaient avec des noms plus farfelus les uns que les autres”, a expliqué le président du Pays qui a finalement réussi à convaincre Warren Dexter de remplacer Tevaiti Pomare.
Tahiti, le 19 août 2024 – Le président du Pays Moetai Brotherson a annoncé, ce lundi matin, à Tevaiti Pomare qu'il mettait fin à ses fonctions de ministre de l'Économie. Pressenti depuis plusieurs mois, c'est son conseiller technique, Warren Dexter, qui a finalement accepté de le remplacer. C'est “l'homme de la situation” selon le président qui espère ainsi un meilleur dialogue et surtout davantage de “concertation” avec les acteurs économiques.
 

Conférence de presse surprise ce lundi matin à la présidence sur le thème de “l'économie”, sans plus de précisions. Mais le mystère a rapidement été levé en voyant arriver le président du Pays en compagnie de Warren Dexter, jusqu’alors conseiller technique du ministre de l’Économie Tevaiti Pomare. La messe était dite. Le président l'a notifié au principal intéressé à 8 heures ce lundi, et en a informé le comité de majorité du Tavini dans la foulée. Après l'éviction d'Éliane Tevahitua en juin dernier, c'est donc au tour de Tevaiti Pomare d'être invité à sortir du gouvernement. Une sortie qui fait en revanche davantage l'unanimité et qui était même attendue par beaucoup, il ne faut pas s'en cacher.
 
Mais “je ne suis pas quelqu'un qui aime jeter les gens sous le bus à la moindre contradiction”, a indiqué d'emblée Moetai Brotherson qui a longtemps défendu son ministre de l'Économie bec et ongles. “Ça fait longtemps qu'on m'a demandé de changer de ministre, mais ceux qui venaient me voir venaient avec des noms plus farfelus les uns que les autres”, a justifié le président du Pays qui reproche à Tevaiti Pomare son manque de “concertation” avec les acteurs économiques. “On a essayé de faire en sorte que les choses changent mais parfois, c'est l'homme qui ne peut pas changer, donc il faut changer l'homme”. Et pour le chef du gouvernement, Warren Dexter est justement “l'homme de la situation”.
 
Une “personnalité de nature à faciliter le dialogue”
 
C'est aussi parce qu'entre le fiasco de sa loi fiscale et la rigidité de ses rapports avec le patronat, cela ne se bousculait pas vraiment au portillon pour remplacer Tevaiti Pomare. Son conseiller technique, Warren Dexter, avait déjà été sollicité par le président pour le remplacer. En toute logique d'ailleurs puisque c'est bien lui – et pas le ministre – qui accompagnait le président dans tous ses déplacements à l'étranger. Mais il avait décliné la proposition. Warren Dexter n'est pas un politique. Il le dit lui-même. C'est en revanche la véritable cheville ouvrière du ministère des Finances et il connaît très bien le tissu économique local et ses acteurs. Et maintenant qu'il a enfin accepté de relever le défi, il entend travailler en étroite collaboration avec les entreprises, avec une feuille de route déjà établie dont le mot d'ordre sera donc la “concertation”.
 
Le président et son nouveau ministre sont sur la même longueur d'ondes sur ce point. Ce sont les entreprises qui créent de l'emploi, pas l'administration. “Ce changement répond en partie à leurs attentes et la personnalité de Warren qui est connue des patrons est de nature à faciliter la reprise de ce dialogue”, a assuré Moetai Brotherson. Objectif à court terme, proposer des mesures pour lutter contre la cherté de la vie, même si les leviers pour y arriver vont être difficiles à trouver, prévient déjà le nouveau ministre de l'Économie et des Finances qui est néanmoins confiant.

Warren Dexter : “Je ne suis pas politique, je suis technicien”

Qu'est-ce qui vous a poussé à accepter le poste ?
 
“C'est une longue histoire mais on va dire qu'il y avait beaucoup trop d'adversité autour du ministère dans lequel j'œuvrais, donc au bout d'un moment, le président a décidé de changer les choses et m'a proposé de prendre le poste, et j'ai fini par accepter.”
 
Dans quel état d'esprit prenez-vous ces fonctions ?
 
“J'aime les challenges et donc je suis content de pouvoir réussir celui-ci. J'espère bien réussir. Je ne suis pas politique, je suis technicien, donc je vais essayer d'aborder les dossiers comme je sais le faire, avec beaucoup de concertation, et essayer d'avoir le maximum d'adhésion autour des démarches qu'on va faire.”
 
La reprise du dialogue avec le patronat, c'est important ?
 
“Oui, c'est indispensable. On ne peut pas réussir dans l'économie si on n'a pas les entreprises avec soi, ce n'est pas possible. Donc on est obligé de les associer. J'ai déjà eu l'occasion d'échanger avec eux. Ça ne veut pas dire qu'on sera d'accord sur tout, mais au moins sur les points de désaccord, ils vont être mis au courant que le gouvernement va dans tel ou tel sens.”
 
C'est un peu ce manque de concertation qui a motivé la décision du président de changer de ministre de l'Économie. Vous le connaissez bien puisque vous travailliez avec lui. Quels vont être vos chantiers prioritaires ?
 
“Il y a le chantier que veut promouvoir la majorité gouvernementale, c’est-à-dire la lutte contre la cherté de la vie. Le challenge est immense parce que notre petite économie insulaire est au cœur du Pacifique où on dépend à 80% des importations, et on va avoir du mal à trouver les leviers qu'il faut pour faire sentir la baisse des prix dans le panier des courses.”
 
Vous avez déjà des pistes ?
 
“Oui, on en a plein. Ça fait un an qu'on est aux affaires au ministère. On a largement eu le temps de réfléchir sur les sujets, on a une feuille de route bien arrêtée dessus, donc on va essayer de la mettre en place avec l'aide des chefs d'entreprise.”

Rédigé par Stéphanie Delorme le Lundi 19 Aout 2024 à 15:42 | Lu 4417 fois