Wang Cheng promet le « plus grand projet aquacole du monde » à Hao


Shanghai, le 30 novembre 2019 - Nous avons rencontré le P-dg de la société Tahiti Nui Ocean Foods, Wang Cheng, à Shanghai pour évoquer le projet de la ferme aquacole de Hao. L’homme d’affaires, qui arrivera à Tahiti le 16 décembre en compagnie de deux délégations, assure que le projet sera finalisé en 2020.

Où en est le projet aquacole que vous avez lancé il y a déjà plusieurs années ?

"Je suis très heureux car notre projet est arrivé à sa dernière étape avant son démarrage. Je sais qu’à l’heure actuelle, les Polynésiens attendent ce projet. Je sais également que l’instruction de ce dossier par le gouvernement de la Polynésie française touche à sa fin. Nous souhaitons suivre étape par étape la réglementation du Pays. Nous ne voulons pas déroger à la loi. Le 16 décembre, je viendrai à Tahiti avec deux délégations et cela démontre que j’ai envie de continuer ce projet. J’ai un principe : je veux que ce projet soit conforme à la réglementation afin qu’il y ait une très bonne base de départ."

Vous tenez à ce que ce projet soit accompagné de mesures de protection de l’environnement, pouvez-vous expliquer quelles seront ces mesures ?

"Je tiens déjà à préciser que nous sommes en partenariat avec l’université de l’océan de Shanghai et la condition préalable de ce partenariat est la protection de l’environnement. C’est avec cette base que nous allons entamer le projet (…) Je veux établir des partenariats avec deux organismes renommés, la FAO (Onu) et la SCP, afin que notre projet ne génère pas que des bénéfices commerciaux mais qu’il soit fait conformément à la protection de l’environnement. J’aimerais que les jeunes générations de la Polynésie française jouent un rôle important dans le développement de notre projet. Une fois qu’il sera réalisé, je pense qu’il sera le plus grand projet du monde dans le domaine de l’aquaculture."

Vous avez également évoqué un port en Chine d’où partirait du matériel pour être amené en Polynésie, pourriez-vous nous donner quelques détails ?

"J’aimerais avoir une ligne de production complète en Chine à l’avenir. Nous fabriquerons des matériaux qui seront ensuite amenés à Tahiti. Et les poissons que nous élèverons à Tahiti seront acheminés en Asie via un des plus grands ports de Chine qui est situé à 1h30 de Shanghai et qui va permettre aux produits importés de Polynésie française d’entrer facilement dans le marché de notre ville mais aussi de Pékin. Nous visons également les marchés européen et américain. En ce qui concerne les États-Unis, les produits aquacoles importés de Tahiti seront amenés à Los Angeles et pourront ensuite être distribués dans les grandes villes du pays. L’Europe est aussi un marché important notamment dans le domaine des crustacés et le bon milieu maritime polynésien y est réputé. Nous avons choisi Tahiti car nous voulons les meilleurs produits dans les meilleures eaux et la Polynésie française a les plus grandes zones lagunaires. Il y a un bon niveau d’éducation en Polynésie. Les dix élèves qui ont été envoyés à Shanghai par votre gouvernement pour suivre une formation ont laissé un très bon souvenir au sein de l’université. Ils ont travaillé dur. Je souhaite qu’à l’avenir, 90 % des cadres de ce projet soient des polynésiens. C’est la raison pour laquelle je veux lancer une deuxième session de formation en 2020."

Avez-vous établi un calendrier précis ?

"Je viens en Polynésie française le 16 décembre prochain. Durant mon voyage, je ferai des séances de travail avec le gouvernement et c’est à ce moment-là que j’aurai la certitude d’avoir les permis de construire. Je sais que cela se fera étape par étape avec un premier permis pour le terrassement puis pour poser les bases du chantiers. Mais nous aimerions tout de même avoir tous les permis en même temps afin de démarrer le projet à Hao. Je vous confirme mon engagement et je sais que le gouvernement travaille durement sur ce dossier."

Sept ans de gestation du projet aquacole

Novembre 2012 : Oscar Temaru, président du Pays, signe une lettre d’intention pour un projet aquacole à Hao, avec le groupe chinois Tian Rui International Investment, représenté par Wang Cheng.
Mai 2014 : après avoir un temps envisagé l’implantation du projet de ferme aquacole à Makemo, l’atoll de Hao est choisi pour accueillir ce projet.
Juin 2014 : les 32 hectares de terres domaniales sur lesquelles le projet doit s’implanter sont confiés à l’établissement Tahiti Nui aménagement et développement.
13 octobre 2014 : Création de la SAS Tahiti Nui Ocean Foods, filiale polynésienne du groupe Tian Rui International Investment.
Mai 2015 : Pose de la première pierre du projet de Tahiti Nui Ocean Foods à Hao.
Novembre 2015 : En visite sur place, Wang Chen annonce le lancement imminent des travaux et l’entrée en exploitation de la ferme dès 2018.
Septembre 2017 : aménagement d’une route de contournement et prolongement de la digue de protection. Les travaux sont cofinancés par le Pays et l’Etat.
22 décembre 2017 : Promulgation de la loi du Pays portant incitation fiscales à la réalisation de grands investissements en Polynésie française. Le projet de Hao peut ainsi notamment bénéficier d'une exemption de taxes à l'importation pendant 30 ans, d’impôt sur les bénéfices et de la contribution des patentes pendant 10 ans. 
Le 29 mars 2018 : l’agrément est accordé au projet de ferme aquacole de Hao par le gouvernement, pour un investissement de 31,9 milliards de francs. La date prévisionnelle d’achèvement du programme d’investissement est portée à 2022.
Mai 2018 : Cérémonie officielle organisée à Hao pour fêter le lancement des travaux. Des travaux de terrassement sont réalisés sur 11 hectares.
Janvier 2019 : L’annonce est faite de l’arrivée de 237 conteneurs aménagés à Hao dès avril, et un début de la construction "dans les jours qui suivront"
Mai 2019 : De nouveaux permis de construire sont demandés suite des modifications techniques du projet. L’arrivée des conteneurs aménagés est reportée "dans les prochains mois"

Rédigé par Garance Colbert le Samedi 30 Novembre 2019 à 15:23 | Lu 4045 fois