Wallis et Futuna: le préfet officialise la désignation d'un des deux rois coutumiers


Photo prise le 12 novembre 2008 à Matâ'utu à Wallis et Futuna de l'ancien Lavelua (roi coutumier) Kappeliele Faupala (illustration).

Le préfet de Wallis et Futuna, où deux rois coutumiers rivaux ont été intronisés en avril, a officiellement pris acte de la désignation de l'un d'eux, au motif que l'autre avait maille à partir avec la justice, a-t-on appris jeudi de source officielle.

L'affaire concerne l'île de Wallis, en proie à des tensions au sein des autorités traditionnelles, qui ont abouti les 15 et 17 avril derniers à l'intronisation de deux rois (Lavelua) concurrents. 

Pour "ne pas s'immiscer" dans les affaires coutumières, le préfet Marcel Renouf n'avait jusqu'alors pris acte administrativement de la nomination d'aucun des deux souverains. Le Lavelua et ses "ministres" sont étroitement associés à la gestion de l'archipel et rémunérés par l'Etat.

Mais, mercredi, le préfet "a transmis pour publication au journal officiel de Wallis et Futuna la délibération du Conseil de circonscription de Patalione Kanimoa", a indiqué à l'AFP le cabinet du préfet.

Sa décision est intervenue après que Tominiko Halagahu, l'autre roi désigné, n'a pas répondu lundi à une convocation de la justice dans le cadre d'une instruction sur le blocage de l'aéroport de Wallis en novembre 2015. Un mandat d'amener a été délivré à son encontre. 

Trois proches de M. Halagahu ont été mis en examen pour entrave à la navigation aérienne et à la liberté du travail.         "Aujourd'hui, vous avez des membres d'une grande chefferie qui se trouvent dans une situation où la justice a qualifié les faits et les met en examen", a déclaré M. Renouf à Wallis et Futuna 1ère. 

"On peut légitimement considérer que ces personnes ne peuvent pas prétendre siéger dans les instances officielles du Territoire (...). Je ne parle pas des instances coutumières, ça ne me regarde pas", a-t-il ajouté. 

L'initiative du préfet a suscité des réactions controversées dans cette île, qui avait connu un accès de violence en 2005 sur fond de conflit coutumier et de parti pris de l'administration. 

"Il (le préfet) a déclaré à plusieurs reprises qu'il n'allait pas s'immiscer dans les affaires coutumières. Je suis tenté de douter de la parole et de la neutralité de l'Etat", a déclaré Mikaele Kulimoetoke, président de l'Assemblée territoriale, regrettant cette "précipitation". 

Territoire français le plus éloigné de la Métropole, Wallis et Futuna (12.200 hab) est divisé en trois royaumes coutumiers, un à Wallis et deux à Futuna, dont les dirigeants exercent, avec l'église catholique, une influence prépondérante.

Avec AFP


Rédigé par RB le Jeudi 2 Juin 2016 à 03:35 | Lu 3130 fois