"Vous n'avez rien à faire avec elle, et je vous le dis aussi clairement que je puisse le faire"


Tahiti, le 26 août 2024 – Un jeune homme de 19 ans a comparu ce lundi devant le tribunal correctionnel de Papeete pour des faits de violence sur sa (trop) jeune copine, âgée d'à peine 15 ans, et sur un passant venu secourir la victime.
 
Les bras croisés, le regard dédaigneux, le prévenu, un jeune homme de presque 20 ans, n'a pas eu la langue dans sa poche lors de son procès. Vêtu d'un maillot de moto rouge, il comparaissait devant le tribunal correctionnel ce lundi pour des faits de violence, avec et sans usage d'arme, sur sa copine et sur un passant, commis à Paea le 18 août dernier, mais également pour des faits de violence, commis plus tôt dans l'année, encore sur sa (trop) jeune moitié.
 
Tout a commencé, comme souvent en Polynésie, par une querelle de couple. Un couple “spécial”, puisque la victime n'aurait que 15 ans, et que les deux jeunes gens se seraient mis ensemble alors qu'elle n'avait que 12 ans. “Vous n'avez rien à faire avec elle, et je vous le dis aussi clairement que je puisse le faire (...) c'est une relation problématique en soi”, a d'ailleurs tonné la présidente du tribunal, visiblement outrée par cette différence d'âge, presque criminelle.
 
Le 18 août dernier, lors d'une de leurs habituelles disputes, non loin du lieu de travail de la mère de la victime, le jeune homme aurait attrapé sa copine par le cou. Alerté par le bruit, un homme a accouru pour l'aider. Un sauvetage qui lui a valu deux points de suture sur le côté du crâne et un hématome sur la mandibule après avoir subi “un high kick” et un jet de pierre.
 
“Un cauchemar”
 
Sauf que cet épisode, certainement traumatisant pour la jeune fille d'à peine 15 ans, n'était visiblement pas le premier. En effet, il y a quelques mois, le prévenu l'a également bloquée au sol, puis mordue au nez, à la joue et à l'index, photos des blessures à l'appui. Pour la mère de la victime, cette relation est un vrai calvaire. À tel point que, le visage serré, à la barre, elle décrit “un cauchemar”. “Il fait du chantage affectif. Il revient toujours chez nous, souvent avec une corde en disant qu'il va se suicider. J'ai peur pour ma fille. Il faut faire quelque chose. Il pourrait y avoir un mort la prochaine fois. Ce n'est plus ma petite fille comme avant... Il est toujours là à l'attendre devant son collège”, détaille-t-elle au tribunal, avouant même que sa fille va devoir redoubler son année de troisième, certainement troublée par la tournure qu'a prise sa relation avec le prévenu.
 
Sa fille, non présente lors de l'audience, a confié aux enquêteurs une version similaire en expliquant “l'avoir quitté plusieurs fois, mais à chaque fois, il revient”.
 
Le prévenu, lui, se défend encore et toujours avec les mêmes arguments : “C'est sa mère qui ne la laisse pas faire ce qu'elle veut”, “c'est sa fille qui revient vers moi”. Des tentatives de minimiser ses actes et de trouver des excuses, sur un ton las et trop sûr de lui, qui ne sont pas passées auprès de la présidente du tribunal, qui lui a rappelé que c'est sa mère qui a autorité sur sa fille et non lui.
 
Après délibération, le tribunal a prononcé une peine de neuf mois de prison avec sursis, avec une interdiction de contact avec la jeune victime, d'approcher son domicile, son lieu de scolarité, mais aussi le lieu de travail de sa mère. Il a également écopé de 117 heures de travail d'intérêt général et devra indemniser autant sa jeune copine que le passant qu'il a agressé, à hauteur de 200 000 et 50 000 francs.
 

Rédigé par Thibault Segalard le Lundi 26 Aout 2024 à 21:03 | Lu 9025 fois