Voiture dans un carnaval: les motivations du conducteur restent floues


Volkmarsen, Allemagne | AFP | mardi 25/02/2020 - Les autorités allemandes s'efforçaient mardi d'établir les motivations d'un homme qui a foncé en voiture dans un cortège de carnaval, blessant plusieurs dizaines de personnes, dans un pays déjà frappé la semaine dernière par un attentat raciste.

La police locale a révisé son bilan un peu à la hausse, faisant état désormais de près de 60 blessés, dans un communiqué diffusé dans l'après-midi. Au moins 18 enfants font partie des victimes.
Les motifs du conducteur allemand de 29 ans restent une énigme. Une chose est sûre: il n'était pas ivre, a précisé le parquet de Francfort, qui a ouvert une enquête pour "tentative de meurtre".
Il n'a toutefois pas exclu que l'homme originaire de Volkmarsen, ville de 7.000 habitants de la région de Hesse où se sont déroulés les faits, ait pu être sous l'influence de drogues.
"Je l'ai vu démarrer, il paraissait drogué et il a dit +Bientôt je serai dans les journaux+", a affirmé un voisin de l'auteur présumé à la télévision RTL.
Les autorités ne peuvent toujours pas dire mardi avec certitude s'il a agi intentionnellement ou non. Et elles ont vite arrêté d'évoquer une attaque, avant de pouvoir l'interroger. L'homme s'est lui aussi blessé en fonçant dans la foule avec sa Mercedes gris métallisé. 
Le parquet a annoncé avoir arrêté une deuxième personne qui avait filmé les événements, sans préciser si elle était liée ou non au conducteur. 
  - 18 enfants blessés  
Le chef de l'Etat Frank-Walter Steinmeier s'est déclaré  "profondément bouleversé" par l'incident, sur son compte Facebook, et a souhaité un prompt rétablissement aux blessés.
Selon la police, 35 personnes sont encore hospitalisées, plusieurs dans un état grave. 
Des témoins interrogés par le quotidien régional Frankfurter Rundschau ont eu l'impression que le suspect visait particulièrement les enfants après avoir foncé à plein gaz dans la foule et poursuivi sa course sur une trentaine de mètres. 
"Ma femme m'a appelé, j'ai couru vers elle tout de suite et j'ai vu ma fille ensanglantée, allongée sur le sol", raconte Sven Hirdler, 33 ans, au journal populaire Bild. La petite Emilia, 4 ans, s'en sort finalement avec des blessures relativement légères.
Le parquet fédéral anti-terroriste ne s'est pas saisi du dossier, signe que les autorités privilégient pour l'heure la piste d'un acte volontaire mais pas d'un attentat.
Le suspect n'était pas connu des autorités comme un extrémiste. Il s'était toutefois fait remarquer dans le passé par des insultes, violation de domicile et harcèlement, selon les médias allemands.
  - Défilés autorisés mardi  
Ces faits interviennent dans un contexte tendu en Allemagne, en particulier dans cet Etat de Hesse frappé mercredi par un double attentat raciste qui a fait neuf morts à Hanau.
Les autorités allemandes sont sur le qui-vive concernant la menace islamiste, particulièrement depuis un attentat au camion-bélier revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique qui avait fait 12 morts en décembre 2016 à Berlin. 
Mais la menace d'un terrorisme d'extrême droite inquiète désormais tout autant, après le meurtre d'un élu allemand pro-migrants en juin 2019 à Kassel, également en Hesse, puis une attaque visant une synagogue de Halle en octobre 2019, et enfin l'attentat de Hanau.
Les régions catholiques de l'Ouest et du Sud de l'Allemagne en particulier ont célébré ces derniers jours le carnaval, rendez-vous annuel costumé très attendu.
Lundi, la police avait annoncé "par mesure de précaution" l'annulation de tous les défilés dans l'Etat de Hesse. Mardi, le ministère de l'Intérieur du Land a donné son feu vert pour que les défilés encore prévus puissent avoir lieu. 

le Mardi 25 Février 2020 à 05:37 | Lu 273 fois