Vœux du président aux partenaires sociaux : les avis sont mitigés


Les syndicalistes plutôt satisfaits contrairement aux patrons.
PAPEETE, le 15 janvier 2019 - Le président du Pays a adressé ce mardi ses vœux aux organisations syndicales et patronales. Un discours qui met en avant trois secteurs : la PSG, l'emploi et le social. Des propositions bien accueillies par certains leaders syndicaux, mais qui ont du mal à passer pour d'autres. On fait le point par secteur.

Trois dossiers phares ont été développés dans le discours du président Edouard Fritch, ce mardi, lors de ses vœux aux partenaires sociaux. On retrouve bien évidemment, la Protection sociale généralisée, l'emploi et le social. Des secteurs, où certains paramètres devront être réajustés cette année.

Du côté des syndicats et du patronat, les avis sont assez partagés. Certains se disent satisfaits des annonces du président, tandis que d'autres restent perplexes face à ce discours "bien rédigé".


Les annonces pour 2019

PSG

Le gouvernement garantit le paiement des retraites. D'ailleurs, la loi du Pays qui a été adoptée le 21 septembre 2018 sera applicable le 1er juillet 2019. En ce qui concerne, la réforme de la santé, "le gouvernement a mis, notamment, en œuvre le schéma d’organisation sanitaire, en créant l’agence de Régulation de l’Action Sanitaire et Sociale, ou en adoptant un schéma de prévention..."

Le président du Pays est également revenu sur la mise en place d'une branche Universelle de l’Assurance Maladie, avec quelques conditions tout de même, telle que la mise à l’équilibre des finances des régimes avant leur fusion dans la branche universelle…

Dans son discours, le président du Pays a consacré également quelques lignes à la participation financière de l’État. "Les contributions doivent nous aider à garantir l’accès aux soins, à prendre en compte certaines spécificités épidémiologiques polynésiennes et à garantir un égal accès à la santé des citoyens les plus pauvres s’agissant plus particulièrement des ressortissants du RSPF".

EMPLOI

Le gouvernement va poursuivre ses actions de soutien à la croissance, par des aides directes et des aides fiscales à l’investissement. Cependant, "le gouvernement entend poursuivre ses efforts en 2019 avec un accompagnement "efficace" des acteurs de notre économie, notamment par des évolutions règlementaires et administratives qui répondront également aux défis de modernisation de notre Pays."

Autre annonce, la présentation d'un projet de loi sur la promotion et la protection de l’emploi local. "Des travaux préliminaires tels que le réajustement du référentiel des métiers au contexte polynésien et la révision de la procédure de Déclaration Préalable à l’Embauche sont nécessaires."

Pour lutter contre le chômage, le gouvernement envisage de proposer "une politique publique de l’emploi et de la formation professionnelle "agile" et garante de l’accès pour tous à une formation de qualité."

Des modifications sont à prévoir pour l'obtention d'un Contrat d'accès à l'emploi (CAE), puisque les bénéficiaires relèveront désormais du Régime de Solidarité de la Polynésie française.

Pour l'évolution du Code du travail, le président estime que le dialogue social est primordial. Des rencontres bipartites seront donc mises en place cette année. "La première se tiendra en février." Des rencontres qui devraient se tenir tous les deux mois.

Au sujet du pouvoir d’achat des salariés. Le président est ouvert pour une revalorisation "du SMIG qui n’a pas augmenté depuis 2014, afin que tout le monde bénéficie des fruits de la croissance. C’est aussi cela, le partage et l’équité. Le point l’indice de la fonction publique sera révisé dans le courant de cette année 2019."


SOCIAL

De grands projets d’établissements seront initiés cette année : "la réhabilitation du centre de jour en faveur des sans domicile fixe, avec un accès aux douches et produits d’hygiène, mais également un accès aux droits et un véritable accompagnement dans la détermination d’un projet d’insertion. La construction d’un centre d’hébergement d’urgence qui viendrait remplacer le centre d’hébergement insalubre de Tipaerui, soit sur place ou à Outumaoro. La construction d’un centre d’hébergement et de réinsertion sociale, à Ra'imanutea, pour une période de 3 à 6 mois maximum, renouvelable une fois. Et la construction d’un village communautaire pour les SDF, à Atimaono. "Il s’agit là d’une prise en charge collective étayée sur le plan social et professionnel, durant laquelle seront dispensées des formations sur fond "d’éco gestion" (faa'apu, recyclage, autosuffisance…)", indique le président du Pays.

Un foyer des jeunes travailleurs devrait aussi voir le jour, sur une parcelle de l'Eglise protestante mā'ohi, à Papeete.

Pour terminer son discours, le président est revenu sur le sentiment d'insécurité dans les communes, avec la présence notamment de jeunes dans les rues ou les quartiers en soirée. Le gouvernement souhaite mettre en place, avec les tāvana, "un couvre-feu pour les mineurs entre 22 heures et 6 heures."

Les réactions des partenaires sociaux

Cyril Legayic
1er secrétaire général adjoint de la CSIP

"J'espère que tout ce qu'il a annoncé va se réaliser en 2019"


"C'est un discours de président et j'espère que tout ce qu'il a annoncé va se réaliser en 2019. Par contre, je suis pessimiste sur le fait que ce discours puisse ramener la paix sociale au fenua, parce que la paix sociale ne peut pas venir par des promesses, ni par des discours. Elle peut revenir que s'il y a des actions concrètes qui sont prises, comme la création de l'emploi. Il y a à peu près 3 000 à 4 000 CAE en Polynésie. J'aimerai qu'on essaye de comptabiliser combien ont un emploi après cela, et combien sont dans la nature."


Vatea Heller
Vice-président de la Cosac

"Toutes les mesures seront bonnes à condition que l'être humain suive"


"Très beau discours, très bien écrit avec beaucoup de promesses, et beaucoup de tentatives. Maintenant, il va falloir attendre les résultats, parce que je suis convaincu que lorsqu'on met l'être humain au centre des préoccupations, il devient aussi bien le centre que le problème. Dans tous les systèmes, le problème, c'est l'être humain. C'est lui qui dénature tout. Aujourd'hui, il faut voir si tout le monde va adhérer au projet. Pour la PSG, on voit qu'il y a des projets. Maintenant, on attend de voir comment cela va se travailler et comment le texte sera présenté à l'assemblée territoriale. Pour l'instant, on est toujours dans la crainte pour les employés, les retraités, les maladies, les CAE qui ont généré 500 millions de frais qui n'étaient pas prévus, parce qu'ils étaient considérés comme des salariés et ils ouvraient des droits à la famille. En basculant aujourd'hui les CAE dans le RSPF, ça va être mieux encadré. Toutes les mesures seront bonnes à condition que l'être humain suive."


Christophe Plee
Président de la CPME

"On demande des modifications sur le contrat de travail"


"On n'est pas complètement rassurés. C'est dommage parce qu'on ne va jamais au fond des choses, c'est trop généraliste. En tout cas pour les organisations patronales, on demande des modifications sur le contrat de travail, par exemple, pour donner plus de flexibilité. Il faut inciter les entreprises à embaucher et pas aller vers le travail clandestin et l'embauche des patentés, c'est mon combat déjà, depuis quelques mois. On n'a pas eu de réponses par rapport à cela. On a eu une annonce de négociation du Smig, là, je ne comprends plus rien, parce que le Smig augmente règlementairement en Polynésie sur des critères objectifs, quand on dépasse les 2 % de croissance. Je n'oublie pas non plus que pendant les dix dernières années, les chefs d'entreprise, qui avaient des difficultés parfois, ont maintenu le 1 % d'ancienneté des salariés depuis 3 ans. Donc, il n'y a pas eu de perte du pouvoir d'achat. Cette année, les entreprises maintiennent ce 1 %, il est obligatoire. L'entreprise peut couler, le 1 % augmentera tous les ans. Donc, il y a deux poids, deux mesures. Aujourd'hui, il ne faut pas crier victoire trop vite, la Polynésie est en train de redémarrer. Mais, je souhaite qu'on me donne des outils pour créer plus d'emplois. On veut bien aider le gouvernement à insérer plus de jeunes dans la vie économique avec les entreprises, mais il faut aussi nous aider à ce que la machine ne soit pas trop compliquée. Si c'est trop contraignant, le chef d'entreprise n'embauche pas. Le gouvernement a beaucoup aidé pour qu'on embauche des jeunes. Donc, il faut continuer dans ce sens, et il faut continuer à alléger tout ça. Il n'y a pas besoin d'avoir un code trop restrictif qui empêche les jeunes chefs d'entreprise à embaucher, et en tout cas, qui les dissuade d'embaucher."


Patrick Galenon
CSTP-FO

"J'attends les propositions concrètes"


"Ce discours a des aspects positifs pour les salariés, avec notamment l'augmentation du Smig, c'est une bonne nouvelle. J'espère que cette année sera bénéfique pour la PSG, puisque la maladie c'est entre 70 et 75 milliards, et 35 milliards pour la retraite. On ne va pas trop faire d'économies sur la retraite, parce que c'est un salaire différé. Donc, si on baisse le pouvoir d'achat des retraités, l'économie ira mal, puisque la principale économie, c'est la consommation des ménages. Pour la maladie, on peut faire des économies, surtout qu'il y a trop d'ordonnances de complaisance. On souhaiterait aussi qu'il y ait des médecins référents, comme ça, on sait parfaitement à qui, on a affaire. Et à ce moment-là, on pourra avoir la carte électronique ou une carte vitale, comme cela, on saura quel sera le traitement attribué à chacun.
Il a parlé de la diminution du remboursement de la CPS, ce que je n'ai pas trop aimé. Quand il a parlé de la flexibilité des CDD, je n'ai pas trop aimé non plus, parce qu'il existe aujourd'hui, des contrats de chantier. Quand le chantier est terminé, eh bien, les gens finissent leurs contrats. Si on fragilise les CDD, il faudrait peut-être que les aides à l'emploi aboutissent sur des CDI. On attend la proposition du gouvernement à ce sujet. En général, c'est pas mal. D'autant plus, qu'il a pointé du doigt le devoir de l'Etat concernant les maladies radio-induites et le remboursement à la CPS. Si c'est dans une démarche positive, je pense qu'on peut y arriver. Les discours, c'est bien, mais bon, après, j'attends les propositions concrètes."




Rédigé par Corinne Tehetia le Mardi 15 Janvier 2019 à 18:07 | Lu 1294 fois