Visite “pragmatique” à Paris pour le président Brotherson


Tahiti le 13 septembre 2023. À la tête d'une délégation resserrée, le président du Pays a terminé hier une tournée parisienne des ministères afin de boucler le prochain budget 2024 de la Polynésie. Il repartira du fenua pour les États-Unis avant la fin du mois.

Moetai Brotherson reprend l'avion pour rentrer à Tahiti ce jeudi, après une tournée parisienne d'une semaine. Le président du Pays a consacré cette semaine à rencontrer autorités politiques et personnalités du milieu économique français hexagonal. Sa délégation, composée de quatre personnes avec lui – la députée (GDR) Mereana Reid Arbelot, la nouvelle déléguée à la Polynésie française à Paris, Sarah Teriitaumihau, et le conseiller interministériel Anthony Pheu –, est allée de ministère en ministère jusqu'à l'Élysée, en passant par un salon de la gastronomie et même une foire agricole en plein air.

La visite et ses objectifs étaient avant tout “pragmatiques”, du mot du président Brotherson lui-même. “Nous avons évoqué le futur Campus de la mer avec deux ministres, celui de la Mer, Hervé Berville, et celui de l'Éducation, Gabriel Attal. Nous visons l'année 2025 pour l'ouverture de ce grand projet éducatif qui concentre beaucoup d'enjeux économiques pour la Polynésie : tourisme, perliculture, aquaculture. Nos entretiens avec les ministres ont été très cordiaux. Une mission de suivi sera mise en place avant la fin de l'année. Nous continuons à travailler sur le lycée de la mer mais aussi sur le bac pro hôtellerie à Bora Bora. Nous visons la rentrée 2025, mais notre calendrier n'est pas encore figé, il faut avancer à petits pas.”

​Bouclage du budget 2024

Moetai Brotherson et sa délégation souhaitent mettre avant tout en lumière ce projet de “Campus de la mer” et la “lutte contre la vie chère” matérialisée par des rencontres avec les responsables nationaux de grandes enseignes de distribution.

Cela dit, pour l'exécutif polynésien, il s'agit au moins autant de faire avancer ces dossiers que de plaider la cause du fenua auprès de l'État central afin de boucler le budget 2024 qui doit être déposéà l'assemblée de la Polynésie française au plus tard le 15 novembre. “Des arbitrages sont en cours, on est venu chercher du budget”, confirme l'entourage du président.

Les sujets institutionnels, de relation avec la France, d'évolution statutaire, n'étaient pas la priorité. “Ce n'était pas le sujet”, ajoute l'entourage de Moetai Brotherson. La délégation a bien été reçue à l'Élysée, mais pas par Emmanuel Macron. “Nous avons travaillé avec le conseiller du président de la République sur des dossiers qui présentent des blocages”, précise, d'une façon un peu allusive, Moetai Brotherson. “Nous avons parlé du contenu de certaines politiques sectorielles qui sont soutenues par l'État.”

Reprendre le dialogue

Moetai Brotherson ne discute de sujets tels que la décolonisation de la Polynésie française qu'avec le président Macron en personne. Il a eu l'occasion de le faire “lors du match de rugby d'ouverture de la Coupe du monde”. Le ministre délégué aux Outre-mer, Philippe Vigier, a été reçu boulevard Saint-Germain, à la délégation de Polynésie française, et une rencontre a été organisée avec la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet.

Les sujets d'évolution statutaire chers au Tavini n'ont toutefois pas été complètement négligés. Le président du Pays a tenté, de façon “pragmatique” là encore, de convaincre les autorités françaises de reprendre le dialogue autour de la Quatrième Commission des Nations unies (ONU), chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation. “Nous ne demandons pas l'indépendance à l'ONU”, conclut Moetai Brotherson, “mais simplement la mise en place d'un processus d'autodétermination équilibré. Nous dialoguons avec la France qui est la puissance administrante.”

Avant même ce rendez-vous onusien, prévu le 5 octobre prochain, la délégation polynésienne sera aux États-Unis pour répondre à une invitation que le président américain, Joe Biden, a lancé à tous les États insulaires du Pacifique. Ce sera autour du 24 septembre.

Rédigé par Julien Sartre le Mercredi 13 Septembre 2023 à 19:51 | Lu 4430 fois