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Violences scolaires - Les classes de CP déjà concernées par le harcèlement scolaire


Le mois dernier, la Police nationale est intervenue à l'école primaire protestante de Taunoa pour sensibiliser les élèves et leurs parents sur la violence et le harcèlement scolaire
Le mois dernier, la Police nationale est intervenue à l'école primaire protestante de Taunoa pour sensibiliser les élèves et leurs parents sur la violence et le harcèlement scolaire
Tahiti, le 19 mars 2025 - Alors que les violences ou les faits de harcèlement se multiplient dans les cours de récréation, certains établissements scolaires ont décidé de prendre les devants. C'est le cas de l'école primaire protestante de Taunoa qui a fait venir spécialement la DTPN (Police Nationale) afin de sensibiliser ses élèves, et notamment les plus petits, ainsi que les parents.
 
Insultes, comportements violents ou inappropriés, les mauvaises anecdotes se multiplient et s'étendent même jusqu'aux plus petites classes. Un constat que soulève Tehetu Shan, Directrice de l'école primaire protestante de Taunoa : "On rencontre de plus en plus tôt des enfants qui reproduisent ce qu'ils voient sur les écrans ou chez eux, et cela se manifeste par des gestes, des mots, violents ou grossiers. On le voit, certains élèves tapent leurs camarades sans raison, gratuitement, dès l'âge de 3 ans. Ils se disent des choses méchantes, des choses réservées aux adultes, et c'est déjà naturel pour eux alors qu'ils sont si petits. Il y a une dizaine d'années, cela n'existait pas. Aujourd'hui, certains enfants de 3 ans font la loi, à l'école d'une part, mais aussi chez eux, devant leurs parents. C'est un réel problème. Si à 3 ans ils sont comme ça, c'est à dire  manipulateurs, imaginez à l'adolescence et plus tard..."

La prévention, dès le plus jeune âge
 
Un risque que la directrice souhaite éviter à tout prix. Inquiète, celle-ci a d'ailleurs organisé le mardi 19 mars dernier une réunion de sensibilisation auprès des élèves de CP et de leurs parents, avec le concours de la DTPN (Police Nationale NDLR). Projection de vidéos, photos d'illustration ou témoignages, les enfants ont pu se rendre compte des dessous et des travers d'une vie passée devant les écrans. L'occasion pour les autorités et les parents présents de mesurer l'étendue du problème. En effet, interrogés par l'agent de police Noelani Taharagi, formatrice anti-drogue, les enfants de CP ont presque tous assuré connaître Tik Tok, ou au moins un autre réseau social. Un espace pourtant réservé, en théorie, aux adultes. Choquée, la gardienne de la paix a tenu à rappeler aux enfants que, sur Tik Tok, " on trouve de très mauvaises choses et qu'il ne faut pas les regarder." Pour ensuite préciser pour les adultes : " Sur Tik Tok, on trouve des prédateurs qui n'hésitent pas à voler les vidéos de vous et de vos enfants, afin de les revendre à des sites pour adultes. C'est dangereux !" Et l'agent a également soulevé le problème des jeux vidéo en ligne qui, bien souvent, poussent des joueurs aux âges bien éloignés à se rencontrer. Un scénario récurrent menant à des actes pédophiles. Le message sous jacent est clair : "Parents, intéressez-vous à vos enfants !"
 
Réceptifs, ces derniers ont longuement participé aux échanges. Posant des questions ou témoignant de leurs propres anecdotes. De son côté, la Directrice de l'école primaire protestante de Taunoa s'est dite satisfaite : "Les parents s'interrogent, s'inquiètent et c'est une bonne chose. Ils veulent que leurs enfants grandissent bien, heureux et épanouis. C'est un devoir, en tant que responsable d'établissement, d'entamer ce travail avec les parents. Nous voulons que les enfants soient bien. Quand ils arrivent à l'école, il faut qu'ils puissent se dire "Ici, je suis bien. Ici, je sais que l'on va m'écouter. Ici, je n'ai pas peur". C'est notre rôle de prévenir et sensibiliser."

Pour autant, la Police Nationale a insisté sur un point : le discernement. " Il faut bien comprendre ce que veut dire le mot "harcèlement" et ne pas s'emporter à la moindre occasion " a rappelé l'agent Taharagi. "Dans la cour, il peut se passer plein de choses et des fois, par inadvertance ou maladresse, on a des incidents. Il faut dans ces cas là faire preuve de discernement. En revanche, lorsque le harcèlement est avéré, il faut avant tout écouter l'enfant. Prendre le temps d'écouter ce qu'il a à dire et ne pas s'emporter dès qu'il pleure. Ensuite, il faut aller voir la direction et le personnel éducatif pour essayer de comprendre ce qui se passe. Certains parents s'énervent tout de suite et cela entraîne des bagarres, ce n'est pas bon." Le harcèlement oui, mais du discernement aussi. Interrogé pour savoir s'ils avaient saisi la nuance, les enfants ont répondu unanimement "oui".
 

Rédigé par Wendy Cowan le Lundi 14 Avril 2025 à 07:22 | Lu 1949 fois