Viol de Courbevoie: l'antisémitisme revient dans la campagne législative


Photo d'illustration. THOMAS COEX / AFP
Paris, France | AFP | mercredi 19/06/2024 - Le drame de Courbevoie où deux adolescents sont accusés d'avoir violé une jeune fille juive a remis l'antisémitisme au centre de la campagne des législatives. Il a été rapidement et fermement dénoncé par Jean-Luc Mélenchon (LFI), qui s'était attiré de vertes remontrances, y compris à gauche, pour ses déclarations sur l'antisémitisme "résiduel".

"Horrifié par ce viol à Courbevoie et tout ce qu'il met en lumière concernant le conditionnement des comportements masculins criminels dès le jeune âge, et du racisme antisémite", a condamné dans la matinée le leader insoumis sur X.

Les deux adolescents ont été mis en examen mardi pour viol en réunion, menaces de mort, injures et violences à caractère antisémite sur une jeune fille de 12 ans à Courbevoie (Hauts-de-Seine). La jeune fille a dit avoir été traitée de "sale juive" et menacée de mort par les jeunes mis en cause, selon une source policière.

"J'espère que les soins, secours et accompagnements sont pris correctement en charge. Et qu'on ne transforme pas ce crime ni la souffrance qu'il engendre en spectacle médiatique", a également souligné Jean-Luc Mélenchon, régulièrement accusé depuis l'attaque meurtrière du Hamas le 7 octobre contre Israël d'ambiguïté sur l'antisémitisme.

Début juin, il avait été la cible de vives critiques, y compris à gauche, pour avoir déclaré dans une note de blog que "contrairement à ce que dit la propagande de l'officialité, l'antisémitisme reste résiduel en France. Il est en tous cas totalement absent des rassemblements populaires".

"Il faudrait lire le texte et pas un seul mot. Mais je suis prêt à rectifier l’adjectif", avait déclaré l'ancien candidat à la présidentielle, tout en lançant une "alerte". "Si on dit que la France est un pays antisémite, derrière, certains en rendent coupables les musulmans".

- "Temps d'échanges" -

Marine Le Pen, elle, a rebondi sur l'affaire de Courbevoie pour la condamner tout en appelant à ne pas voter pour le Nouveau Front populaire, alliance de gauche pour les législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet. "L'agression antisémite et le viol d'une enfant de 12 ans dans les Hauts-de-Seine nous révulsent", a d'abord réagi la responsable du parti d'extrême droite. 

Puis elle a évoqué une "stigmatisation des juifs depuis des mois par l'extrême gauche à travers l'instrumentalisation du conflit israélo-palestinien". "Chacun devra en avoir pleinement conscience" au moment de voter, a-t-elle lancé.

Emmanuel Macron a, de son côté, abordé le sujet au cours du Conseil des ministres mercredi matin. Selon son entourage il a demandé à la ministre de l’Éducation Nicole Belloubet qu'"un temps d'échanges" soit organisé "dans les prochains jours" dans les écoles sur le racisme et l'antisémitisme.

Gabriel Attal a dénoncé "un acte monstrueux et abject". Dans une allusion à peine voilée, le Premier ministre, qui attaque régulièrement la France insoumise et le RN, a également exprimé sa "colère", face "à ceux qui nous divisent, nous opposent, font sciemment exploser les haines".

"Les mots ont des effets, les idées ont des conséquences. Le combat contre l'antisémitisme doit être celui de tous les républicains", a-t-il ajouté.

- "Fléau" -

A gauche, les condamnations sont venues de tous les principaux partis.

"L'antisémitisme, les violences faites aux femmes, sont des plaies béantes de notre société. Nous devons regarder cette réalité en face et agir résolument", a également réagi la secrétaire nationale des Ecologistes Marine Tondelier, quand son homologue du PCF Fabien Roussel a dénoncé "un crime atroce qui nous rappelle une fois de plus que l'antisémitisme gangrène notre société et grandit dangereusement".

Mardi, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, avait déjà fustigé le "fléau" de "la haine antisémite", appelant à la combattre "sans faiblesse et sans répit".

"C'est la République toute entière qui doit se mobiliser pour éduquer, pour combattre et pour punir cette haine antisémite", a appelé mercredi l'ancien président de la République François Hollande, désormais candidat PS aux législatives.

Lors des discussions pour la création du Nouveau Front populaire, les partenaires de LFI avaient beaucoup insisté sur l'importance de la lutte contre l'antisémitisme. Les partis de gauche ont notamment intégré dans leur programme commun un "plan interministériel contre l'antisémitisme et l'islamophobie".

le Mercredi 19 Juin 2024 à 06:51 | Lu 451 fois