Vins de Bordeaux et réchauffement : bientôt des cépages étrangers dans les AOC ?


Bordeaux, France | AFP | vendredi 05/06/2015 - Virage à 180 degrés dans les vins de Bordeaux: le Comité interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB) est favorable à une modification de la réglementation permettant l'introduction, à titre expérimental, de cépages étrangers aux Appellations d'origine contrôlée (AOC) pour faire face au réchauffement climatique.

C'est ce qu'a annoncé vendredi le président du CIVB, Bernard Farge, au cours d'une rencontre avec des journalistes au Club de la Presse à Bordeaux.

Raison de ce revirement, les conséquences du réchauffement climatique qui nécessiteraient le recours à des cépages plus résistants, notamment des cépages dits hybrides. "Nous vendangeons aujourd'hui en moyenne dix jours plus tôt que dans les années 80 et cette évolution va se poursuivre", a-t-il souligné. "Le réchauffement climatique doit être pris en compte si nous ne voulons pas nous retrouver en porte-à-faux à l'avenir. Par exemple, l'un des principaux cépages des vins de Bordeaux, le merlot, vendangé en premier, souffre particulièrement du changement climatique", a-t-il précisé.

C'est pourquoi le CIVB a officiellement demandé aux autorités une modification de la réglementation des cépages autorisés dans chaque AOC des vins de Bordeaux (Saint-Emilion, Médoc, Pauillac, Graves, Pomerol, Saint-Julien, Pessac-Léognan, Côtes-de-Bourg, Côtes-de-Francs, etc.)

Cette expérimentation de l'acclimatation dans le vignoble bordelais de cépages hybrides sera menée notamment avec l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) et devrait s'étaler sur huit années.

Jusqu'à présent, un vigneron qui plantait des cépages non-autorisés dans une AOC soit s'excluait lui-même de l'appellation, soit en était exclu et commercialisait alors son vin comme "Vin de table" il y a quelques années, et maintenant sous l'appellation "Vin de France". Cette problématique concerne déjà des vignerons dans d'autres appellations, notamment en Provence et dans la Loire.

Par ailleurs, le CIVB s'est prononcé pour l'instauration d'un taux maximum de résidus dans le vin, une norme déjà existante pour le raisin.

Le CIVB a aussi pris position dans le débat en cours sur la modernisation de la loi Evin contre l'alcoolisme, dans le cadre du projet de loi de Marisol Touraine, ministre de la Santé. Bernard Farge s'est fermement prononcé pour l'adoption d'un amendement du Sénat à un autre projet de loi, la loi Macron, qui délimite clairement la frontière entre publicité et information journalistique sur le vin, à la suite de la condamnation en justice de plusieurs journaux pour des articles assimilés à de la publicité. Cet amendement doit être examiné au Parlement en commission spéciale lundi 8 juin.

Enfin, le président du CIVB, également président de la Confédération nationale des AOC (CNAOC), regroupant les viticulteurs de toutes les appellations françaises, s'est félicité de la venue du président François Hollande dimanche 14 juin à Bordeaux pour inaugurer le 18e Vinexpo, plus important salon du vin dans le monde.

Il y voit "un signe fort" en faveur de la filière viticole, un des atouts de la France à l'exportation (7,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2013): "Depuis le début de son mandat (ndlr: en 2012), ce sera la première fois que le chef de l'Etat consacrera un déplacement à une filière agricole spécifique, celle du vin".

Rédigé par AFP le Vendredi 5 Juin 2015 à 07:08 | Lu 254 fois