
Le sénateur le sait : la lutte contre la vie chère est un sujet particulièrement complexe. “Si une solution miracle existait, elle aurait été appliquée depuis longtemps.”
Tahiti, le 14 mars 2025 - La délégation sénatoriale aux Outre-mer prépare un rapport visant à formuler des recommandations pour lutter contre la vie chère dans les territoires ultramarins. Mais en Polynésie, le sénateur Teva Rohfritsch alerte sur une impasse : les Collectivités d’outre-mer, au nom de leur autonomie, sont trop souvent laissées en marge des dispositifs nationaux. Une situation qu’il souhaite corriger en plaidant pour un dialogue renforcé entre l’État et le Pays, mais aussi entre territoires.
Alors que la délégation sénatoriale aux Outre-mer s’attelle à un rapport d’information sur la lutte contre la vie chère dans les territoires ultramarins, un constat s’impose : le coût de la vie y reste nettement plus élevé qu’en métropole, oscillant entre +19 % et +38 % selon l’Autorité de la concurrence hexagonale. Ce rapport, qui doit être finalisé en avril, se veut force de propositions auprès du gouvernement français mais aussi, indirectement, polynésien.
“Il était nécessaire de s’y pencher à l’échelle nationale. On ne peut plus se contenter de réactions face aux crises. Ce sujet mérite une analyse de fond et de véritables préconisations”, insiste le sénateur polynésien Teva Rohfritsch, vice-président de la délégation sénatoriale aux Outre-mer. Pour lui, la question est aussi politique : Paris se focalise essentiellement sur les Départements et régions d’outre-mer (DROM), laissant les COM en marge des discussions. Une erreur, selon l’élu, qui y voit une rupture d’égalité au sein de la République. Les COM, dont la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie, sont souvent les grandes oubliées des dispositifs nationaux, au nom d’une autonomie statutaire qui, paradoxalement, semble servir d’alibi.
Fracture entre DROM et COM
“Dès qu’on parle d’Outre-mer à Paris, on parle avant tout des DROM”, confie Teva Rohfritsch, pour Tahiti Infos. “L’autonomie statutaire est trop souvent un frein à la prise en compte du Pacifique (Polynésie française et Nouvelle-Calédonie, NDLR). Alors que ce frein, ne devrait pas exister, nous sommes au sein de la République et nous avons un passeport européen. On doit être inclus au débat au même titre.”
L’argument du sénateur est clair : l’État ne peut se retrancher derrière l’autonomie de Pays du Pacifique pour justifier son désengagement. “L'autonomie ne doit pas être un paravent (...) L'État ne doit pas prendre pour excuse l'autonomie pour ne pas nous accompagner dans ces réflexions sur la lutte contre la vie chère.” Certes, les compétences économiques relèvent en grande partie du Pays, mais la dynamique inflationniste, elle, est soumise à des facteurs bien plus vastes, allant des mécanismes d’importation aux stratégies des grandes enseignes, en passant par les monopoles structurels présents sur les territoires insulaires. Dans ces conditions, l’État français doit, en somme, également assumer ses responsabilités et inclure pleinement les COM dans ses stratégies de lutte contre la vie chère.
Alors que la délégation sénatoriale aux Outre-mer s’attelle à un rapport d’information sur la lutte contre la vie chère dans les territoires ultramarins, un constat s’impose : le coût de la vie y reste nettement plus élevé qu’en métropole, oscillant entre +19 % et +38 % selon l’Autorité de la concurrence hexagonale. Ce rapport, qui doit être finalisé en avril, se veut force de propositions auprès du gouvernement français mais aussi, indirectement, polynésien.
“Il était nécessaire de s’y pencher à l’échelle nationale. On ne peut plus se contenter de réactions face aux crises. Ce sujet mérite une analyse de fond et de véritables préconisations”, insiste le sénateur polynésien Teva Rohfritsch, vice-président de la délégation sénatoriale aux Outre-mer. Pour lui, la question est aussi politique : Paris se focalise essentiellement sur les Départements et régions d’outre-mer (DROM), laissant les COM en marge des discussions. Une erreur, selon l’élu, qui y voit une rupture d’égalité au sein de la République. Les COM, dont la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie, sont souvent les grandes oubliées des dispositifs nationaux, au nom d’une autonomie statutaire qui, paradoxalement, semble servir d’alibi.
Fracture entre DROM et COM
“Dès qu’on parle d’Outre-mer à Paris, on parle avant tout des DROM”, confie Teva Rohfritsch, pour Tahiti Infos. “L’autonomie statutaire est trop souvent un frein à la prise en compte du Pacifique (Polynésie française et Nouvelle-Calédonie, NDLR). Alors que ce frein, ne devrait pas exister, nous sommes au sein de la République et nous avons un passeport européen. On doit être inclus au débat au même titre.”
L’argument du sénateur est clair : l’État ne peut se retrancher derrière l’autonomie de Pays du Pacifique pour justifier son désengagement. “L'autonomie ne doit pas être un paravent (...) L'État ne doit pas prendre pour excuse l'autonomie pour ne pas nous accompagner dans ces réflexions sur la lutte contre la vie chère.” Certes, les compétences économiques relèvent en grande partie du Pays, mais la dynamique inflationniste, elle, est soumise à des facteurs bien plus vastes, allant des mécanismes d’importation aux stratégies des grandes enseignes, en passant par les monopoles structurels présents sur les territoires insulaires. Dans ces conditions, l’État français doit, en somme, également assumer ses responsabilités et inclure pleinement les COM dans ses stratégies de lutte contre la vie chère.

Ce vendredi, Teva Rohfritsch s'est rendu à l'Autorité polynésienne de la concurrence, où il a échangé avec sa présidente, Johanne Peyre. Crédit photo : Thibault Segalard.
L’État et le Pays : un nécessaire rapprochement
Si Teva Rohfritsch affirme donc vouloir veiller à ce que les recommandations du Sénat intègrent les spécificités du Pacifique, il insiste aussi sur une ouverture du gouvernement polynésien aux propositions hexagonales. Puisqu'au final, c'est le Pays qui choisit, ou non, de mettre en place les recommandations émises. “Le gouvernement polynésien doit penser à ouvrir ses compétences. Il faut une réflexion plus large que celle menée uniquement avec les acteurs locaux”, prévient-il. Autrement dit, la coopération entre l’État et le Pays ne doit pas être perçue comme une atteinte à l’autonomie, mais comme un levier stratégique. L'égo doit donc être mis de côté, “au bénéfice premier de la population”, qu'importe le territoire. “Nous avons déjà démontré par le passé, avec le contrat de développement ou d’autres partenariats, que nous pouvions travailler de manière concertée. Le statut d’autonomie ne doit pas être un obstacle à la coopération. La question n’est pas de savoir qui a raison ou tort.”
Pour l’heure, le sénateur préfère rester discret sur les recommandations précises qui figureront dans le rapport. Il évoque néanmoins une volonté de rapprocher les politiques publiques entre État et collectivités.
Tirer parti des expériences locales
Dans le cadre de ses travaux, la délégation sénatoriale a mené une série d’auditions auprès d’acteurs institutionnels et économiques de l’ensemble des territoires ultramarins. Une dimension a particulièrement retenu l’attention du sénateur : la coopération interterritoriale. “Nous partageons des problématiques communes avec les autres économies insulaires, mais nous dialoguons trop peu entre nous. Chaque territoire échange bien avec Paris, mais pas assez entre territoires. Alors qu'il y a de nombreux sujets qui peuvent rapprocher”, analyse-t-il.
Un exemple concret illustre cette carence : le rôle de l’Autorité polynésienne de la concurrence (APC). “L’APC est aujourd’hui un acteur incontournable de la vie économique en Polynésie. Elle pourrait servir de modèle pour la création d’autorités locales de la concurrence dans d’autres territoires, sous l’égide de l’Autorité nationale.” Une initiative qui permettrait donc, selon le sénateur, de mieux encadrer les marchés locaux en outre-mer.
À l’inverse, certaines mesures appliquées au Fenua mériteraient d’être réexaminées, si elles devaient être transposées sur d'autres territoires, à l’aune de leurs effets pervers. C’est notamment le cas des produits de première nécessité (PPN), un dispositif censé garantir un accès abordable à des denrées essentielles. “Sur le papier, c’est une solution clé en main. Mais en pratique, elle entraîne des effets de bord : formation de marges arrière, d'une forme d’exclusivité et ce principe de marge absolue et relative qui influe sur le comportement des importateurs et distributeurs.”
Un défi complexe, sans solution miracle
Cependant, le sénateur le sait : la lutte contre la vie chère est un sujet particulièrement complexe. “Si une solution miracle existait, elle aurait été appliquée depuis longtemps”, concède-t-il. L’objectif du rapport sénatorial n’est donc pas d’annoncer des mesures miracles, mais de poser un cadre de réflexion stratégique, permettant de sortir d’une logique purement réactive face aux crises successives.
Alors que la remise du rapport est attendue en avril, l’enjeu sera d’amener l’exécutif à dépasser ses schémas traditionnels et à intégrer pleinement l’ensemble des Outre-mer dans ses dispositifs économiques. “L'avantage du Sénat, c'est qu'il apporte un regard sur le fond. On va pouvoir dire des choses qui ne sont pas forcément dites dans les circuits officiels, toujours dans l'optique d'être utiles pour la population.”
Indubitablement, le combat contre la vie chère reste donc autant politique qu'économique. Et Le Sénat proposera donc des recommandations pour tenter d'apporter un regard neuf sur l'équation, le mois prochain.