Vers une nouvelle organisation des transports en commun à Tahiti


On estime que guère plus de 5% de la population utilise régulièrement un mode de transport en commun à Tahiti.
PAPEETE, 3 novembre 2015 - Le nouveau schéma directeur des transports en commun doit être examiné à l’assemblée dans le courant du premier trimestre 2016, après 11 mois d’étude. Son ambition est de poser les bases de l’organisation et de la politique des transports terrestres sur l’île de Tahiti, pour les dix à 15 années à venir.

Aux heures de pointe, entre 6 et 7h30 et entre 16 et 17h30, à Tahiti, accéder à Papeete ou s’en extraire peut prendre jusqu’à 40 minutes. A bord des véhicules, à ces heures-là dans le trafic routier, souvent une voire deux personnes. Tahiti a pourtant tenté, il y a bientôt quinze ans, de remédier à ce phénomène. Visiblement, cela n'a pas fonctionné. Le système de transport en commun, jugé peu fiable, mal organisé, pas suffisamment ramifié et inadapté aux besoins, n’est pas considéré comme une alternative à la voiture. Une première volonté d’organisation des transports collectifs avait été à l’origine, en 2001, d’une délégation de service public visant à structurer une offre jusqu’alors confiée à des groupements de petits entrepreneurs réunis en GIE.

Trois sociétés sont depuis délégataires de service public : RTU (Réseau de transport urbain), RTC-Est (Réseau de transport collectif Est) et RTC-Ouest (Réseau de transport collectif Ouest). Aujourd’hui majoritairement détenues par un investisseur privé, Willy Chung Sao, ces trois sociétés gèrent un parc de 150 autobus à Tahiti et ont la charge des transport publics et scolaires.

530 000 trajets par jour sur l’île de Tahiti

En dépit de cette organisation, les moyens de transport collectifs sont toujours aussi peu attractifs, à Tahiti. On estime que guère plus de 5% de la population utilise régulièrement un mode de transport en commun, alors que la demande de déplacements est évaluée à 530 000 trajets par jour sur l’île de Tahiti, dont 460 000 sur la zone urbaine de Papeete et près de 145 000 en ville. On sait aussi que le réseau routier de Tahiti n’a pas la capacité d'accueillir un nombre de véhicules automobiles en constante augmentation.

C’est pour remédier à cette situation qu’une mission chargée de définir une nouvelle organisation des transports publics a été initiée en mars dernier et placée sous la direction d’un comité de pilotage. Ce comité de pilotage du schéma directeur des transports collectifs et déplacements durables sur l’île de Tahiti se réunissait pour la première fois au grand complet, mardi après-midi, à la Présidence. Composé des ministres en charge de l’Equipement, de l’Education du Tourisme, de représentants de l’Etat, des communes, de la société civile et de l’ADEME, il doit présider à la définition de ce qui sera la feuille de route, pour la décennie à venir, de l’organisation des transports collectifs.

L’élaboration de ce schéma directeur est confiée à un groupement de bureaux d’études et notamment à la société EGIS, mandataire, et aux bureaux SYSTRA et Pae Tai – Pae Uta. (PTPU). La mission est financée à parts égales par le Pays et par l’Agence pour l’environnement et la maîtrise de l’énergie (ADEME). L'objectif est de soumettre à l’assemblée de la Polynésie française un nouveau schéma directeur des transports collectifs terrestres, au premier trimestre 2016. Albert Solia, le ministre de l'Equipement a répondu à quelques questions, mardi en marge de la réunion de ce comité de pilotage :

Albert Solia, ministre de l'Equipement.
Avez-vous déjà des pistes, à ce stade de la réflexion sur l’organisation des transports terrestres ?

Albert Solia : Nous sommes dans la phase où l’on sait exactement où sont les problèmes et on commence à aborder les manières de traiter en termes de schéma directeur. Nous sommes dans une phase intermédiaire.

Quels problèmes avez-vous identifié à ce stade ?

Albert Solia : Ils sont nombreux : la régularité de la fréquence ; la qualité des transports ; la définition des circuits ; la traversée de la zone urbaine ; l’adaptation des prochains moyens de transport, les bus, par rapport à la demande… Tout ça devra faire l’objet de décisions dès que l’on aura achevé le schéma directeur.

A partir de quand pourra-t-on voir les effets de cette réflexion sur l’amélioration du service de transports en commun ?

Albert Solia : La délégation de service public en vigueur aujourd’hui, avec les trois compagnies qui assurent le service public, s’achève fin 2016. Le nouveau service sera mis en œuvre au début de l’année 2017 suite à des appels d’offre, courant 2016.

L’organisation actuellement en vigueur est-elle perfectible ?

Albert Solia : A la décharge de ceux qui font marcher ce système, on doit se souvenir qu’ils ont pris trois sociétés qui étaient en mauvais état et ont tant bien que mal essayé de les faire fonctionner (…) sans arriver à nous donner un service de très haute qualité.

Il a été question d’un réseau de transports propres dans la zone urbaine : tramway voire funiculaire. Cela est-il toujours d’actualité ?

Albert Solia : Non, justement le diagnostic a permis d'évoluer par rapport à ces pistes : funiculaire ; monorail ; navettes maritimes. Le bus reste l’option retenue. Ensuite, on entend parler de TCSP (transports collectifs en site propre), c’est-à-dire avec une voie dédiée. Le problème chez nous c’est que nous n’avons pas l’espace foncier pour aménager des voies réservées dans les deux sens. Il nous faudrait 3,5 mètres de chaque côté, donc 7 mètres : je vous laisse imaginer sur la route de ceinture.
Nous avons décidé d’opter pour une meilleure organisation, fondée sur des bus de meilleure qualité, mais en utilisant le réseau routier actuel. (…) Nous avons déterminé, avec des comptages assez précis, la manière dont sont utilisés aujourd’hui les transports en commun. A partir de là, nous allons déterminer les nouvelles lignes qui seront mises en place avec le nouveau schéma directeur
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Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 3 Novembre 2015 à 16:15 | Lu 4715 fois