PAPEETE, le 26 septembre 2017 - D'ici une dizaine de jours, le gouvernement dévoilera sa décision concernant deux nouvelles licences télécoms. Si elles sont accordées, Viti pourra proposer des offres de téléphonie mobile, tandis que Vodafone pourra se lancer sur le marché de l'internet fixe. Une situation où les trois opérateurs locaux seraient en concurrence sur tous les fronts, qui a les faveurs de l'Autorité polynésienne de la concurrence.
Y aura-t-il bientôt trois opérateurs mobiles et trois fournisseur d'accès à internet (FAI) en Polynésie ? Pour l'instant deux entreprises sont sur les rangs pour obtenir deux nouvelles licences : Viti a demandé une licence de téléphonie mobile, tandis que Pacific Mobile Télécom (Vodafone Polynésie) tente de décrocher une licence de FAI.
La réponse officielle sera décidée lors d'un prochain conseil des ministres. Car c'est au gouvernement de faire l'arbitrage final sur l'opportunité d'accorder ces deux nouvelles licences télécoms, qui augmenteraient fortement la concurrence dans ce marché à 28 milliards de francs par an, dont 25 milliards vont à l'OPT.
Y aura-t-il bientôt trois opérateurs mobiles et trois fournisseur d'accès à internet (FAI) en Polynésie ? Pour l'instant deux entreprises sont sur les rangs pour obtenir deux nouvelles licences : Viti a demandé une licence de téléphonie mobile, tandis que Pacific Mobile Télécom (Vodafone Polynésie) tente de décrocher une licence de FAI.
La réponse officielle sera décidée lors d'un prochain conseil des ministres. Car c'est au gouvernement de faire l'arbitrage final sur l'opportunité d'accorder ces deux nouvelles licences télécoms, qui augmenteraient fortement la concurrence dans ce marché à 28 milliards de francs par an, dont 25 milliards vont à l'OPT.
Viti veut pouvoir utiliser son réseau 4G pour offrir des services mobiles, au lieu de se contenter de son marché de FAI
C'est Viti qui avait entamé cette demande de licence l'année dernière. Il avait essuyé un premier refus, mais l'opérateur a retravaillé son dossier et déposé une nouvelle demande en juin 2017. De son côté, Vodafone Polynésie se montre peu enthousiaste à l'idée de voir arriver un nouveau concurrent sur le marché mobile alors que l'opérateur n'a pas encore tout à fait atteint l'équilibre financier. Depuis 2009 l'opérateur travaille pour obtenir lui aussi sa propre licence, cette fois comme FAI, le marché traditionnel de Viti.
L'AUTORITÉ DE LA CONCURRENCE FAVORABLE À CES LICENCES… SOUS CONDITIONS
Le gouvernement a jusqu'au 8 octobre pour rendre sa décision et la motiver. Il a pour cela demandé en premier l'avis de l'Autorité polynésienne de la concurrence (APC), qui a rendu cet avis – confidentiel – vendredi dernier. La chaîne du Pays, TNTV, en a néanmoins publié des extraits ce lundi 25 septembre.
Selon nos confrères, les conseillers de l'APC sont favorables aux nouvelles licences pour les deux opérateurs privés, notant "qu'une telle ouverture à la concurrence ferait non seulement baisser les prix, mais améliorerait également les offres des différents opérateurs". Avec un bémol tout le même : l'opération ne réussira que si tous les opérateurs se retrouvent "dans une position de se concurrencer à armes égales". Ce n'est pas le cas aujourd'hui, aussi l'APC propose-t-elle de "modifier profondément les conditions réglementaires et économiques du secteur".
Les dysfonctionnements relevés par l'APC sont nombreux : l'absence d'une obligation de couverture de l'ensemble du territoire pour les nouveaux entrants handicape l'OPT, qui maintient des tarifs élevés à Tahiti pour compenser ses pertes abyssales dans les autres archipels (voir encadré) ; le calcul opaque des coûts qui aboutissent aux tarifs d'interconnexion très élevés que l'OPT impose aux autres opérateurs pour utiliser ses infrastructures inter-îles et internationales sont une "véritable boite noire" ; la régulation du marché est assurée par des pouvoirs publics qui sont juges et parties (l'APC recommande le transfert de cette compétence à une autorité indépendante).
Si le gouvernement suit cet avis, la Polynésie pourrait donc assister à une nouvelle guerre commerciale entre trois opérateurs mobiles et trois FAI d'ici la fin de l'année prochaine.
L'AUTORITÉ DE LA CONCURRENCE FAVORABLE À CES LICENCES… SOUS CONDITIONS
Le gouvernement a jusqu'au 8 octobre pour rendre sa décision et la motiver. Il a pour cela demandé en premier l'avis de l'Autorité polynésienne de la concurrence (APC), qui a rendu cet avis – confidentiel – vendredi dernier. La chaîne du Pays, TNTV, en a néanmoins publié des extraits ce lundi 25 septembre.
Selon nos confrères, les conseillers de l'APC sont favorables aux nouvelles licences pour les deux opérateurs privés, notant "qu'une telle ouverture à la concurrence ferait non seulement baisser les prix, mais améliorerait également les offres des différents opérateurs". Avec un bémol tout le même : l'opération ne réussira que si tous les opérateurs se retrouvent "dans une position de se concurrencer à armes égales". Ce n'est pas le cas aujourd'hui, aussi l'APC propose-t-elle de "modifier profondément les conditions réglementaires et économiques du secteur".
Les dysfonctionnements relevés par l'APC sont nombreux : l'absence d'une obligation de couverture de l'ensemble du territoire pour les nouveaux entrants handicape l'OPT, qui maintient des tarifs élevés à Tahiti pour compenser ses pertes abyssales dans les autres archipels (voir encadré) ; le calcul opaque des coûts qui aboutissent aux tarifs d'interconnexion très élevés que l'OPT impose aux autres opérateurs pour utiliser ses infrastructures inter-îles et internationales sont une "véritable boite noire" ; la régulation du marché est assurée par des pouvoirs publics qui sont juges et parties (l'APC recommande le transfert de cette compétence à une autorité indépendante).
Si le gouvernement suit cet avis, la Polynésie pourrait donc assister à une nouvelle guerre commerciale entre trois opérateurs mobiles et trois FAI d'ici la fin de l'année prochaine.
Mario Nouveau, président de Viti, accompagné de Bernard Foray, son directeur général
"Les flux vont migrer massivement vers le mobile, donc pour continuer à nous développer notre seule solution est d'aller vers le mobile"
Pourquoi aller vers le mobile ?
Les experts anticipent qu'en 2020, 66% des flux internet proviendront du mobile, et les trois-quarts des flux sur les mobiles seront de la vidéo. Donc c'est juste ça qui nous pousse. 2020 c'est demain, et les flux vont migrer massivement vers le mobile, comme ça s'est passé de la téléphonie fixe vers le mobile. Donc nous, pour continuer à croître et nous développer, notre seule solution est d'aller vers le mobile. La distinction entre internet fixe et mobile va s'estomper. C'était notre stratégie dès que nous avons lancé notre réseau 4G, même s'il sert à offrir des solutions d'internet fixe. L'abondance va arriver sur le mobile très rapidement, comme on l'a vu en Europe. Et faire passer de la voix sur un réseau dimensionné pour l'internet haut débit est très simple, ça représentera 5 à 10% du trafic.
Justement votre démarche pour obtenir une licence mobile s'accélère ces derniers jours…
On a ramé pour redécoller après le premier refus, mais il était temps. Nous estimons que toutes les études qui ont été faites par des professionnels justifient un troisième opérateur mobile. En France, l'ARCEP a même accepté depuis 2017 la présence de 4 opérateurs mobiles dans chaque département d'Outre-mer ! À Mayotte qui a autant d'habitants que la Polynésie, il y a quatre opérateurs mobiles. En Guyane aussi. Nous avons aussi fait nos propres études de marché et notre business plan, et il n'y a aucun obstacle à entrer sur ce marché. L'objectif est d'arriver avec des offres innovantes et compétitives.
Du coup il y aurait encore la place pour un quatrième opérateur en Polynésie ?
(Rires) Non trois suffiront ! Il faut nous laisser respirer…
Si la licence est accordée, quand arriveront vos premières offres ?
Nous avons anticipé beaucoup de choses. La solution technique est finalisée et le cœur de réseau mobile est acheté, mais il faudra 6 mois pour l'intégrer à notre réseau après l'obtention officielle de la licence, pour laquelle il nous faudra mettre en place un cahier des charges, attendre l'attribution des numéros… Après il y aura au moins trois mois de mise en point avec des clients-pilotes. Donc les premières offres seraient probablement pour le deuxième semestre 2018. Mais notre réseau 4G est déjà totalement adapté à la téléphonie.
Allez-vous vous appuyer sur un partenariat avec une entreprise extérieure pour lancer votre offre ?
Non, on n'est pas allé voir le patron de Free pour proposer Viti si c'est ce que vous voulez dire ! Nous allons recruter quelques personnes spécialisées, c'est obligé, mais nous n'avons besoin d'aucun partenaire extérieur.
Viti est rentable depuis trois ans seulement, allez-vous repasser dans le rouge avec le mobile ?
Nous comptons rester rentables. Nous gagnons de l'argent depuis trois ans, et nous comptons bien en gagner aussi l'année prochaine ! Nous limitons nos coûts en ne gérant qu'un seul réseau de dernière génération, au lieu d'en entretenir trois (NDLR : 2G, 3G et 4G) comme les opérateurs historiques. J'en profite pour passer un message : nous allons arrêter notre réseau Wimax au 1er décembre de cette année, et migrer les 10% de nos clients qui utilisent encore cette technologie sur le réseau 4G. Ce n'est plus la peine d'entretenir ces deux réseaux car le réseau 4G a surpassé le réseau Wimax en tous points, et l'ensemble de ces abonnés historiques sont couverts par le nouveau réseau. Et comme ça, nous pouvons commencer à réfléchir à la 5G, qui offrira des débits encore sept fois supérieurs.
Vos futurs abonnés pourront-ils utiliser leurs vieux téléphones pour se connecter, ou sera-t-il réservé aux smartphones ?
Il faut bien sûr un téléphone compatible 4G pour utiliser notre réseau, donc il faudra un smartphone, mais ils sont standards aujourd'hui. Nous sommes en train de terminer la couverture de Tahiti et Moorea, en installant des antennes dans des zones peu habitées pour couvrir les axes routiers. Nous aurons aussi un accord avec l'OPT pour couvrir nos zones blanches au début.
Visez-vous Vodafone en vous attaquant au marché mobile ?
Nous ne nous attaquons pas à Vodafone, c'est plutôt l'OPT qui va perdre des clients. C'est eux les plus gros, 75% de nos clients fixes ont un abonnement chez Vini… Et si on se compare aux taux de pénétration du mobile dans les autres collectivités d'Outre-Mer, le marché mobile en Polynésie va encore grossir de 85 000 cartes SIM dans les années qui viennent. Il y aura de nouveaux usages et nous allons proposer des services qui n'existent pas, donc c'est là qu'il y aura des parts de marché à prendre, nous ne visons pas les clients Vodafone. Je ne pense pas que nous pouvons tuer Vodafone. Mais de toute façon le marché est là, il n'appartient à personne ! Les clients sont libres, nous essaierons de leur apporter un service qui leur plait.
Pourquoi aller vers le mobile ?
Les experts anticipent qu'en 2020, 66% des flux internet proviendront du mobile, et les trois-quarts des flux sur les mobiles seront de la vidéo. Donc c'est juste ça qui nous pousse. 2020 c'est demain, et les flux vont migrer massivement vers le mobile, comme ça s'est passé de la téléphonie fixe vers le mobile. Donc nous, pour continuer à croître et nous développer, notre seule solution est d'aller vers le mobile. La distinction entre internet fixe et mobile va s'estomper. C'était notre stratégie dès que nous avons lancé notre réseau 4G, même s'il sert à offrir des solutions d'internet fixe. L'abondance va arriver sur le mobile très rapidement, comme on l'a vu en Europe. Et faire passer de la voix sur un réseau dimensionné pour l'internet haut débit est très simple, ça représentera 5 à 10% du trafic.
Justement votre démarche pour obtenir une licence mobile s'accélère ces derniers jours…
On a ramé pour redécoller après le premier refus, mais il était temps. Nous estimons que toutes les études qui ont été faites par des professionnels justifient un troisième opérateur mobile. En France, l'ARCEP a même accepté depuis 2017 la présence de 4 opérateurs mobiles dans chaque département d'Outre-mer ! À Mayotte qui a autant d'habitants que la Polynésie, il y a quatre opérateurs mobiles. En Guyane aussi. Nous avons aussi fait nos propres études de marché et notre business plan, et il n'y a aucun obstacle à entrer sur ce marché. L'objectif est d'arriver avec des offres innovantes et compétitives.
Du coup il y aurait encore la place pour un quatrième opérateur en Polynésie ?
(Rires) Non trois suffiront ! Il faut nous laisser respirer…
Si la licence est accordée, quand arriveront vos premières offres ?
Nous avons anticipé beaucoup de choses. La solution technique est finalisée et le cœur de réseau mobile est acheté, mais il faudra 6 mois pour l'intégrer à notre réseau après l'obtention officielle de la licence, pour laquelle il nous faudra mettre en place un cahier des charges, attendre l'attribution des numéros… Après il y aura au moins trois mois de mise en point avec des clients-pilotes. Donc les premières offres seraient probablement pour le deuxième semestre 2018. Mais notre réseau 4G est déjà totalement adapté à la téléphonie.
Allez-vous vous appuyer sur un partenariat avec une entreprise extérieure pour lancer votre offre ?
Non, on n'est pas allé voir le patron de Free pour proposer Viti si c'est ce que vous voulez dire ! Nous allons recruter quelques personnes spécialisées, c'est obligé, mais nous n'avons besoin d'aucun partenaire extérieur.
Viti est rentable depuis trois ans seulement, allez-vous repasser dans le rouge avec le mobile ?
Nous comptons rester rentables. Nous gagnons de l'argent depuis trois ans, et nous comptons bien en gagner aussi l'année prochaine ! Nous limitons nos coûts en ne gérant qu'un seul réseau de dernière génération, au lieu d'en entretenir trois (NDLR : 2G, 3G et 4G) comme les opérateurs historiques. J'en profite pour passer un message : nous allons arrêter notre réseau Wimax au 1er décembre de cette année, et migrer les 10% de nos clients qui utilisent encore cette technologie sur le réseau 4G. Ce n'est plus la peine d'entretenir ces deux réseaux car le réseau 4G a surpassé le réseau Wimax en tous points, et l'ensemble de ces abonnés historiques sont couverts par le nouveau réseau. Et comme ça, nous pouvons commencer à réfléchir à la 5G, qui offrira des débits encore sept fois supérieurs.
Vos futurs abonnés pourront-ils utiliser leurs vieux téléphones pour se connecter, ou sera-t-il réservé aux smartphones ?
Il faut bien sûr un téléphone compatible 4G pour utiliser notre réseau, donc il faudra un smartphone, mais ils sont standards aujourd'hui. Nous sommes en train de terminer la couverture de Tahiti et Moorea, en installant des antennes dans des zones peu habitées pour couvrir les axes routiers. Nous aurons aussi un accord avec l'OPT pour couvrir nos zones blanches au début.
Visez-vous Vodafone en vous attaquant au marché mobile ?
Nous ne nous attaquons pas à Vodafone, c'est plutôt l'OPT qui va perdre des clients. C'est eux les plus gros, 75% de nos clients fixes ont un abonnement chez Vini… Et si on se compare aux taux de pénétration du mobile dans les autres collectivités d'Outre-Mer, le marché mobile en Polynésie va encore grossir de 85 000 cartes SIM dans les années qui viennent. Il y aura de nouveaux usages et nous allons proposer des services qui n'existent pas, donc c'est là qu'il y aura des parts de marché à prendre, nous ne visons pas les clients Vodafone. Je ne pense pas que nous pouvons tuer Vodafone. Mais de toute façon le marché est là, il n'appartient à personne ! Les clients sont libres, nous essaierons de leur apporter un service qui leur plait.
Patrick Moux, vice-président de Vodafone Polynésie
"Demain sur les téléphones il n'y aura que de la data, donc c'est vraiment pour notre cœur de métier, le mobile, que nous demandons cette licence"
Pourquoi Vodafone demande-t-il une licence de FAI aujourd'hui ?
C'est un dossier qui remonte à 2009, c'était une époque où la licence se payait 1,5 milliard de francs pour neuf ans pour la licence mobile, et 600 millions par an pour l'aspect FAI. Et ce n'était pas possible pour nous de payer le cumul des deux… Mais on nous assurait que la licence mobile suffirait pour tout ce que nous voulions faire. Sauf que depuis, il y a eu des changements et récemment on nous a expliqué que la licence mobile ne permettait pas de faire ce que l'on voulait dans la data mobile.
Donc notre but premier, ce n'est pas de proposer des abonnements ADSL ou fibre, même si ça sera sans doute possible. Nous visons l'internet mobile et le contrôle de la data. Demain sur les téléphones il n'y aura que de la data, donc c'est vraiment pour notre cœur de métier, le mobile, que nous demandons cette licence. Sur les offres data uniquement, nous ne pouvons pas proposer des tarifs aussi attractifs que nous le souhaitons aujourd'hui.
En pratique que va changer cette licence ?
Nous allons pouvoir être beaucoup plus compétitifs sur l'internet mobile. Aujourd'hui nous passons par l'OPT pour beaucoup de choses que nous pourrions faire nous-même, et avec cette licence nous pourrons reprendre une partie de ces processus. Nous pourrions être beaucoup plus efficaces sans ces surcharges, avec par exemple un accès un peu plus direct à Honotua, avec moins d'intermédiaires.
En parallèle Viti demande une licence mobile pour pouvoir offrir de la voix sur son réseau 4G…
Je m'interroge sur les intentions derrière cette demande. Dans le monde, on sait qu'une licence mobile donne beaucoup de valeur à une société. Donc pourquoi ils demandent une licence mobile alors qu'il faut de sacrés investissements derrière…
Nous avons toujours alerté les institutions et le gouvernement sur le fait qu'il faut pouvoir mettre des gens sérieux dans ce genre d'industrie. La dernière licence accordée a été à Smart Tahiti Network, et il n'y a eu aucun suivi financier. Mais ce genre d'incertitude est très difficile pour nous, les opérateurs en place, ça ne nous permet pas d'anticiper sereinement l'avenir, prévoir nos futurs investissements… Donc je pense que les règles devraient être mieux définies pour l'attribution de ces licences mobiles. Ils devraient demander l'apport d'un concours bancaire pour prouver leur sérieux dans leurs intentions d'investir. Il faut quelque chose de beaucoup plus carré et plus clair.
Donc pour nous la priorité est une visibilité sur le marché du mobile. On veut ajouter une troisième licence aujourd'hui, bientôt peut-être quatre… On est dans l'incertitude totale et ça effraie les investisseurs. Il faut stabiliser le marché. Regardons les comptes, faisons un audit sérieux de l'économie des télécoms, et ensuite on pourra aviser de façon sereine.
Y a-t-il assez de place sur le marché mobile pour accueillir Viti ?
Aujourd'hui quand on regarde le marché de la téléphonie mobile, il n'y a malheuresement pas de place pour trois entreprises avec trois réseaux mobiles. À l'époque de l'ouverture à la concurrence, quand quelqu'un a obtenu une licence avant nous, nous nous étions retirés, parce qu'il n'y a pas de la place pour trois entreprises. Nous sommes revenus quand le champ était libre.
Donc il faut bien regarder la configuration locale avant de chambouler le marché. Regardez en France, on a ouvert le marché à un quatrième opérateur, mais on voit aujourd'hui que même en France il n'y a pas la place, Bouygues Telecom est à vendre, on détruit des emplois, les opérateurs n'arrêtent pas de se bouffer. Au final ils vont retomber à trois opérateurs, les consommateurs n'auront rien gagné. Ici on est un petit marché, c'est d'autant plus visible. On ne va pas mettre trois litres d'eau dans une bouteille de deux litres, ce n'est pas possible.
Sur le fixe c'est différent, il y a plus de marges et moins d'investissement, donc partout dans le monde il y a deux fois plus de FAI que d'opérateurs mobiles. À Singapour ils ont 3 ou 4 opérateurs mobiles et plus de 10 FAI !
Pourquoi Vodafone demande-t-il une licence de FAI aujourd'hui ?
C'est un dossier qui remonte à 2009, c'était une époque où la licence se payait 1,5 milliard de francs pour neuf ans pour la licence mobile, et 600 millions par an pour l'aspect FAI. Et ce n'était pas possible pour nous de payer le cumul des deux… Mais on nous assurait que la licence mobile suffirait pour tout ce que nous voulions faire. Sauf que depuis, il y a eu des changements et récemment on nous a expliqué que la licence mobile ne permettait pas de faire ce que l'on voulait dans la data mobile.
Donc notre but premier, ce n'est pas de proposer des abonnements ADSL ou fibre, même si ça sera sans doute possible. Nous visons l'internet mobile et le contrôle de la data. Demain sur les téléphones il n'y aura que de la data, donc c'est vraiment pour notre cœur de métier, le mobile, que nous demandons cette licence. Sur les offres data uniquement, nous ne pouvons pas proposer des tarifs aussi attractifs que nous le souhaitons aujourd'hui.
En pratique que va changer cette licence ?
Nous allons pouvoir être beaucoup plus compétitifs sur l'internet mobile. Aujourd'hui nous passons par l'OPT pour beaucoup de choses que nous pourrions faire nous-même, et avec cette licence nous pourrons reprendre une partie de ces processus. Nous pourrions être beaucoup plus efficaces sans ces surcharges, avec par exemple un accès un peu plus direct à Honotua, avec moins d'intermédiaires.
En parallèle Viti demande une licence mobile pour pouvoir offrir de la voix sur son réseau 4G…
Je m'interroge sur les intentions derrière cette demande. Dans le monde, on sait qu'une licence mobile donne beaucoup de valeur à une société. Donc pourquoi ils demandent une licence mobile alors qu'il faut de sacrés investissements derrière…
Nous avons toujours alerté les institutions et le gouvernement sur le fait qu'il faut pouvoir mettre des gens sérieux dans ce genre d'industrie. La dernière licence accordée a été à Smart Tahiti Network, et il n'y a eu aucun suivi financier. Mais ce genre d'incertitude est très difficile pour nous, les opérateurs en place, ça ne nous permet pas d'anticiper sereinement l'avenir, prévoir nos futurs investissements… Donc je pense que les règles devraient être mieux définies pour l'attribution de ces licences mobiles. Ils devraient demander l'apport d'un concours bancaire pour prouver leur sérieux dans leurs intentions d'investir. Il faut quelque chose de beaucoup plus carré et plus clair.
Donc pour nous la priorité est une visibilité sur le marché du mobile. On veut ajouter une troisième licence aujourd'hui, bientôt peut-être quatre… On est dans l'incertitude totale et ça effraie les investisseurs. Il faut stabiliser le marché. Regardons les comptes, faisons un audit sérieux de l'économie des télécoms, et ensuite on pourra aviser de façon sereine.
Y a-t-il assez de place sur le marché mobile pour accueillir Viti ?
Aujourd'hui quand on regarde le marché de la téléphonie mobile, il n'y a malheuresement pas de place pour trois entreprises avec trois réseaux mobiles. À l'époque de l'ouverture à la concurrence, quand quelqu'un a obtenu une licence avant nous, nous nous étions retirés, parce qu'il n'y a pas de la place pour trois entreprises. Nous sommes revenus quand le champ était libre.
Donc il faut bien regarder la configuration locale avant de chambouler le marché. Regardez en France, on a ouvert le marché à un quatrième opérateur, mais on voit aujourd'hui que même en France il n'y a pas la place, Bouygues Telecom est à vendre, on détruit des emplois, les opérateurs n'arrêtent pas de se bouffer. Au final ils vont retomber à trois opérateurs, les consommateurs n'auront rien gagné. Ici on est un petit marché, c'est d'autant plus visible. On ne va pas mettre trois litres d'eau dans une bouteille de deux litres, ce n'est pas possible.
Sur le fixe c'est différent, il y a plus de marges et moins d'investissement, donc partout dans le monde il y a deux fois plus de FAI que d'opérateurs mobiles. À Singapour ils ont 3 ou 4 opérateurs mobiles et plus de 10 FAI !
L'avenir de l'internet par satellite
Viti nous révèle avoir signé un accord avec la start-up Kacific, qui a récemment bouclé ses financements pour lancer un satellite de nouvelle génération en bande Ka. En 2016 Tahiti Infos avait rencontré Jacques Samuel Prolon, le directeur général de cette jeune entreprise, qui cherchait alors des investisseurs. Il promettait à l'époque que le satellite de nouvelle génération qu'il souhaitait lancer en 2018 offrirait des capacités inégalées jusqu'alors : "le type de services qui pourra être fourni, en incluant une marge de 100% pour notre partenaire, serait de l'accès à internet avec des terminaux pouvant aller jusqu'à 50 Mb/s, donc très rapide, qui peuvent être déployés n'importe où, et où le coût de revient par gigaoctet en volume consommé serait aux alentours de 2 euros… Il faudra installer une parabole, qui pourrait être partagée par exemple pour une école ou du résidentiel."
Viti a donc réservé des capacités sur Kacific et souhaite offrir ce service quand le satellite sera lancé, mais l'opérateur se bute au monopole légal de l'OPT sur les communications extérieures. Jean-François Martin, président de l'OPT, n'a pas de position officielle sur l'aventure commerciale que veut tenter Viti, soulignant que c'est le législateur qui régule le marché. Mais il ne croit pas vraiment à ses chances : i" S'ils veulent lancer le satellite dans les îles, bon courage à eux. Je ne sais pas à qui ils vont le vendre et à combien ! C'est vrai qu'il y a un monopole de droit sur les communications extérieures, mais c'est au gouvernement et à l'Assemblée de légiférer sur le sujet. De toute façon nous connaissons bien le prix des communications satellites, l'OPT y consacre 600 millions de francs par an. Je ne pense pas que ce sera rentable de proposer ces solutions aux Marquises, surtout que nous allons tirer un câble qui offrira un bien meilleur service. Quand nous avons des conversations par Skype avec des opérateurs aux îles Cook, qui sont connectés par satellite, la qualité de la conversation est très mauvaise, malgré un bon débit. D'ailleurs les îles Cook ont rejoint avec enthousiasme [le projet Manatua, le câble sous-marin qui va aller de Tahiti aux Samoa..."]i
Viti a donc réservé des capacités sur Kacific et souhaite offrir ce service quand le satellite sera lancé, mais l'opérateur se bute au monopole légal de l'OPT sur les communications extérieures. Jean-François Martin, président de l'OPT, n'a pas de position officielle sur l'aventure commerciale que veut tenter Viti, soulignant que c'est le législateur qui régule le marché. Mais il ne croit pas vraiment à ses chances : i" S'ils veulent lancer le satellite dans les îles, bon courage à eux. Je ne sais pas à qui ils vont le vendre et à combien ! C'est vrai qu'il y a un monopole de droit sur les communications extérieures, mais c'est au gouvernement et à l'Assemblée de légiférer sur le sujet. De toute façon nous connaissons bien le prix des communications satellites, l'OPT y consacre 600 millions de francs par an. Je ne pense pas que ce sera rentable de proposer ces solutions aux Marquises, surtout que nous allons tirer un câble qui offrira un bien meilleur service. Quand nous avons des conversations par Skype avec des opérateurs aux îles Cook, qui sont connectés par satellite, la qualité de la conversation est très mauvaise, malgré un bon débit. D'ailleurs les îles Cook ont rejoint avec enthousiasme [le projet Manatua, le câble sous-marin qui va aller de Tahiti aux Samoa..."]i
La fin de la péréquation ?
Concernant la couverture du vaste territoire polynésien par les réseaux télécoms, Viti et Vodafone assurent respecter les obligations imposées par leurs licences en étendant progressivement leurs réseaux aux Îles du Vent puis aux Îles Sous-le-Vent. Mais l'OPT a bien fait savoir à l'Autorité de la concurrence que cette situation était intenable.
Selon le président de l'OPT Jean-François Martin, "nous avons été auditionnés par l'APC, et nous avons dit ce que nous avions à dire. Nous estimons que dans l'état actuel du marché il y a déjà assez de concurrence, et que maintenant il faut définir les règles pour les zones denses et moins denses. Pour les zones peu denses où ces nouveaux opérateurs n'iront jamais car ce n'est pas rentable, il n'y a que nous qui finançons le réseau. Et c'est la fin des grands équilibres financiers, donc il n'y a plus de péréquation entre Tahiti et les archipels. Sans un dispositif de financement du service universel, on ne pourra plus payer les investissements pour les îliens, tels que Natitua. Donc pour nous permettre de continuer à assurer le service dans les îles il faudrait réfléchir à un financement du service universel pour les zones peu denses, ce qui n'est pas fait."
Viti et Vodafone lui répondent que dans les conditions actuelles d'organisation du marché, c'est l'OPT qui les empêche de se développer dans les îles. "Malgré la nouvelle taxe qui veut obliger les opérateurs à partager leurs antennes, ce qui permettrait de nous développer rapidement dans les îles et de participer au financement de ces infrastructures, nous n'avons aucun accord de ce type avec l'OPT" note Mario Nouveau, président de Viti. Il assure également que "ça nous coûte plus cher de transporter nos données de Moorea à Tahiti par le câble de l'OPT que de les envoyer à Honolulu ! Dans ces conditions comment peut-on se développer dans les îles ? Et de toute façon l'OPT n'a aucune offre de gros en dehors de l'archipel de la Société, donc on n'a même pas les moyens d'aller vers les archipels. Ça changera peut-être avec Natitua."
L'autorité polynésienne de la concurrence semble avoir entendu ces deux messages. Selon TNTV, son rapport au gouvernement expose des "zones de carence d’initiative privée" dans les archipels où seul l'OPT est présent, des zones qui coûtent cher à l'Office alors que les revenus de la zone urbaine ne sont plus suffisants pour compenser ces pertes. Mais il évoque aussi "l’opacité" des tarifs de l’OPT, notamment ceux d’interconnexion proposés aux concurrents, qui entravent le développement des entreprises privées…
Selon le président de l'OPT Jean-François Martin, "nous avons été auditionnés par l'APC, et nous avons dit ce que nous avions à dire. Nous estimons que dans l'état actuel du marché il y a déjà assez de concurrence, et que maintenant il faut définir les règles pour les zones denses et moins denses. Pour les zones peu denses où ces nouveaux opérateurs n'iront jamais car ce n'est pas rentable, il n'y a que nous qui finançons le réseau. Et c'est la fin des grands équilibres financiers, donc il n'y a plus de péréquation entre Tahiti et les archipels. Sans un dispositif de financement du service universel, on ne pourra plus payer les investissements pour les îliens, tels que Natitua. Donc pour nous permettre de continuer à assurer le service dans les îles il faudrait réfléchir à un financement du service universel pour les zones peu denses, ce qui n'est pas fait."
Viti et Vodafone lui répondent que dans les conditions actuelles d'organisation du marché, c'est l'OPT qui les empêche de se développer dans les îles. "Malgré la nouvelle taxe qui veut obliger les opérateurs à partager leurs antennes, ce qui permettrait de nous développer rapidement dans les îles et de participer au financement de ces infrastructures, nous n'avons aucun accord de ce type avec l'OPT" note Mario Nouveau, président de Viti. Il assure également que "ça nous coûte plus cher de transporter nos données de Moorea à Tahiti par le câble de l'OPT que de les envoyer à Honolulu ! Dans ces conditions comment peut-on se développer dans les îles ? Et de toute façon l'OPT n'a aucune offre de gros en dehors de l'archipel de la Société, donc on n'a même pas les moyens d'aller vers les archipels. Ça changera peut-être avec Natitua."
L'autorité polynésienne de la concurrence semble avoir entendu ces deux messages. Selon TNTV, son rapport au gouvernement expose des "zones de carence d’initiative privée" dans les archipels où seul l'OPT est présent, des zones qui coûtent cher à l'Office alors que les revenus de la zone urbaine ne sont plus suffisants pour compenser ces pertes. Mais il évoque aussi "l’opacité" des tarifs de l’OPT, notamment ceux d’interconnexion proposés aux concurrents, qui entravent le développement des entreprises privées…