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Vers un recours contre la commission d’enquête de Géros


Vers un recours contre la commission d’enquête de Géros
Tahiti, le 29 avril 2025 – La création de la commission d’enquête initiée par Antony Géros pour évaluer la valeur de nos ressources naturelles dans le cadre d’un processus de décolonisation a été validée ce mardi par la commission des institutions. Les élus du Tapura ont voté contre et envisagent de déposer un recours car ils estiment que cette commission ne répond pas aux critères définis par le règlement intérieur de l’assemblée, et que le patron du perchoir utilise les deniers publics pour faire aboutir le projet politique d’indépendance du Tavini.  
 

Il l’a fait. Après avoir créé sa commission spéciale de décolonisation, Antony Géros vient de faire valider par les élus de sa majorité (sauf Hinamoeura Morgant-Cross qui s’est abstenue) en commission des institutions, une commission d’enquête visant à “recueillir tous les éléments d’information relatifs aux enjeux géostratégiques, environnementaux, économiques et financiers de la Polynésie française et de sa zone économique exclusive”. Car, selon lui, et toujours dans l’objectif affiché de faire accéder la Polynésie française à son indépendance, “la richesse potentielle de nos ressources terrestres, aériennes, marines et sub-marines – qu’il s’agisse de métaux rares, de ressources halieutiques, d’énergie océanique, de potentiel scientifique ou encore de capacités de projection et de surveillance – mérite une évaluation la plus détaillée, objective et transparente possible”. Pourquoi pas ? Sauf que selon l’article 68 du règlement intérieur de l’assemblée, les commissions d’enquête “sont formées pour recueillir des éléments d’information soit sur des faits déterminés, soit sur la gestion des services publics”. Or, dans ce cas précis, il ne s’agit ni de l’un, ni de l’autre.
 
C’est pourquoi le Tapura envisage de saisir la justice, comme nous l’a confirmé Lana Tetuanui ce mardi en sortant de commission : “Nous consulterons la majorité des élus mais vu que ça ne rentre pas du tout dans les critères prévus par le règlement intérieur de l’assemblée, je pense bien qu’on s’achemine vers un recours contre cette délibération”. Si les élus non-inscrits de Ahip ne siègent pas en commission des institutions, ils n’en pensent pas moins et pourraient se joindre au Tapura dans leur démarche. Mais pour l’élu de la majorité, Tematai Le Gayic, cette commission d’enquête est tout à fait légitime car “si on suit dogmatiquement la rédaction de l’article 68, on n’aurait pas pu faire la commission d’enquête qu’on a créée au début de la mandature sur les prix de l’immobilier”. Il la trouve par ailleurs “pertinente pour tous les partis politiques car elle va permettre de disposer d’un état des lieux sur le potentiel économique et géostratégique de la Polynésie à l’international”.
 
Mais il admet que si Antony Géros n’a pas intégré ce sujet dans sa commission spéciale de décolonisation, c’est parce qu’elle “n’a pas de force législative et ne dispose pas de moyens”, contrairement à cette commission d’enquête dont le budget prévisionnel est fixé à 25 millions. Une somme qui a d’ailleurs fait tiquer également sa maman et collègue, Béatrice Le Gayic, en commission. Lana Tetuanui dénonce de son côté le fait que le Tavini utilise un outil législatif et les deniers publics pour mener à bien sa politique : “Oscar Temaru l’a clairement dit en commission. Depuis très longtemps, nous avons utilisé les moyens financiers personnels et aujourd’hui, il est normal que la puissance publique vienne nous aider dans cette quête, dixit le président Temaru lui-même”.  Enfin, sur le fond, Tematai Le Gayic qui, comme Moetai Brotherson, est lui aussi pour un moratoire sur l’exploitation de nos fonds marins, concède qu’ils ne sont “pas en phase avec (leur) parti politique” mais que “cela ne doit pas empêcher la Polynésie de connaître son potentiel”.  

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mardi 29 Avril 2025 à 19:23 | Lu 2488 fois