Vanaa : "Mon écriture est existentielle"


TAHITI, le 12 avril 2022 - L’artiste Vanaa revient salle Muriāvai. Il expose ses mots sur des toiles où se mêlent écrits et couleurs. Un univers particulier qui naît de ses lectures et de ses rencontres, de sa vie toute entière consacrée à la littérature.

Peintre, sculpteur, homme de théâtre et de lettres : Vanaa est un artiste complet. Il est aussi professeur, expert en arts martiaux, ajoute-t-il, pêcheur et agriculteur. Ce mardi, démarre une exposition salle Muriāvai où sont présentés ses tableaux d’écrits. Une quinzaine de textes rédigés et colorés. Sur des toiles de couleurs vives se posent des citations, des mots, des textes personnels agencés à la lueur d’impressions qui pourraient paraître hasardeuses.

Il consacre sa vie à la lecture et l’écriture. Il se réfère aux Lumières. Il cite Voltaire ou Leibniz. Il a lu Teuira Henry, Bruno Saura. Il se nourrit pour dire et décrire. Du matin au soir et du soir au matin, Vanaa conjugue les mots en langue française ou en reo tahiti. Il s’exprime indifféremment dans les deux langues. “Mon écriture est existentielle. J'écris en continu, par incapacité de m'arrêter.” En rêvant, en se levant, en observant, en discutant, il compose. L’écriture n’est plus le fruit d’une réflexion, mais un automatisme. Il parle de “métacognition”.

Il noircit de ses idées, ses pensées et intuitions, les pages de ses carnets qui ne le quittent jamais. “Eiaha e parau noa, a rohi ia ha’a. Cesse de parler, fait !” Vanaa est dans l’action. Pour lui, écrire est plus qu’une passion : “C’est comme une seule alternative de vie à une existence de lettré qui vient au monde par les mots. Et même si l’écriture ou la littérature n’ont pas le monopole de la conscience, elles y participent grandement.

La magie de la littérature

Pour Vanaa tout a commencé à l’âge de onze ans. “Avant j’avais une écriture plutôt scolaire.” Après, grâce à sa professeure de français qui lui a insufflé l’art et le goût d’écrire alors qu’il étudiait au collège Henri Hiro, son destin a basculé. Il a découvert la magie de la littérature. “Je suis devenu ce que la littérature a fait de moi.”

À la question “qui suis-je ?” il répond : “Je suis une sensibilité éternelle qui jamais ne meurt ni ne songe un instant mourir de tristesse et d'amertume, de consolations et de chimères. J'avance tel un soleil qui jamais n'implose puisqu'étant lui-même sa vie et tout son devenir en puissance. J'aspire ici et dans les espaces-temps à venir, illuminer de mes dires le pauvre et l'intellect, la jeunesse et les vieux qui ont perdu de ce souffle qui redonne vigueur et ardeur à la tache. J'ai le rêve de mille vies inscrites dans mon génome surhumain. J'ai l'idéalité en mon âme pour réenfanter ma mâ'ohitude retrouvée, incarnée, dupliquée à n'en plus pouvoir, à en avoir la nausée…”. Il dit aussi vouer un culte sans fin à la culture au sens large.

Vanaa répond également : “Je suis cet enseignant polymorphe qui élève son école à la gloire de toutes culturalités humanistes. Je vais dès à présent frapper le feu et la foudre en tous ceux qui entendent mes vérités. Je suis un chemin qui mène inexorablement vers nous-mêmes.” De fait, il a enseigné le français, l’économie, le droit, le reo tahiti (qu’il enseigne toujours). Il a passé le concours pour devenir professeur des écoles en 2019 puis a été affecté deux années à Hao auprès d’une classe SM/SG (section des moyens/section des grands). Il est maintenant à Tahiti, à l’école Manotahi à Punaauia où il a un niveau CE1. Avec ses élèves il a mis en place un chantier d’écriture. “Je leur transmets le virus.”


Pratique

Du mardi 12 au samedi 16 avril, Salle Muriāvai à la Maison de la culture.
Horaires : de 9 heures à 17 heures du mardi au vendredi et de 9 heures à midi le samedi.
Entrée libre.

Du 19 avril au 19 mai, il exposera à la bibliothèque universitaire. Il s’interrogera sur la place de l’écriture dans la formation identitaire.

Contacts

Renseignements au 40 544 544
Page FB : Maison de la Culture de Tahiti

Rédigé par Delphine Barrais le Mardi 12 Avril 2022 à 20:06 | Lu 1212 fois