Paris, France | AFP | jeudi 11/09/2019 - Méfiance qui monte, infox propagées sur les réseaux sociaux, systèmes de santé défaillants dans les pays pauvres : la couverture vaccinale mondiale stagne et des maladies comme la rougeole sont en recrudescence, ce qui inquiète les autorités sanitaires.
En 2018, 19,4 millions d'enfants de moins d'un an n'ont pas reçu les vaccins de base contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche (DTP) ou la rougeole.
"Cela signifie que plus d'un enfant sur dix ne reçoit pas la totalité des vaccins dont il a besoin", avait expliqué une responsable de l'OMS, Kate O'Brien, en présentant le rapport.
Près des deux-tiers de ces enfants non-vaccinés vivent dans dix pays seulement: Angola, Brésil, Ethiopie, Inde, Indonésie, Nigeria, Pakistan, Philippines, République démocratique du Congo et Vietnam.
Globalement, depuis 2010, le taux de couverture pour la vaccination DTP et contre la rougeole stagne, à 86%. Certes "élevé", ce taux est "insuffisant", avertit l'OMS, selon laquelle il faudrait atteindre 95% pour se protéger des épidémies.
Pour la rougeole, ce taux descend à 69% si on prend en compte les deux doses du vaccin, et pas uniquement la première.
L'OMS estime que la vaccination permet actuellement d'éviter 2 à 3 millions de décès chaque année. Toutefois, selon elle, "1,5 million de décès supplémentaires pourraient être évités si la couverture vaccinale mondiale s'améliorait".
Plus de 360.000 cas ont été déclarés depuis janvier, soit les chiffres "les plus élevés" depuis 2006, selon l'OMS.
Souvent bénigne, cette maladie virale extrêmement contagieuse peut entraîner des complications graves, respiratoires (infections pulmonaires) et neurologiques (encéphalites), en particulier chez les personnes fragiles.
Avant l'arrivée des vaccins dans les années 1970, la rougeole était une redoutable tueuse d'enfants (7 à 8 millions de morts estimés par an dans le monde).
Entre 2000 et 2016, le nombre de morts dus à la rougeole a fortement diminué grâce aux campagnes de vaccination, passant de 550.000 à 90.000 selon l'OMS. Mais il est remonté à 110.000 en 2017.
La France, patrie du pionnier de la vaccination Louis Pasteur, est le pays le plus méfiant: un Français sur trois ne croit pas que les vaccins soient sûrs, selon une enquête mondiale publiée fin juin par l'institut de sondage américain Gallup pour l'ONG médicale britannique Wellcome.
Après la France, les pays les plus méfiants sont le Gabon, le Togo, la Russie et la Suisse. Selon cette enquête, cette méfiance envers les vaccins est répandue dans les pays riches, particulièrement en Europe.
A l'inverse, au Bangladesh ou au Rwanda, la quasi-totalité de la population dit avoir confiance dans les vaccins.
"Dans ces pays-là, il y a plus de maladies contagieuses, et leurs habitants voient sans doute ce qu'il se passe lorsqu'on n'est pas vacciné", avait expliqué à l'AFP Imran Khan, qui a mené l'étude.
Mais cette théorie continue à se propager grâce notamment aux réseaux sociaux.
La défiance peut aussi avoir des motifs religieux.
Aux Etats-Unis, l'Etat de New York, confronté à une résurgence de la rougeole dans des zones à forte population juive orthodoxe, a voté en juin la suppression des exemptions religieuses que les parents pouvaient invoquer pour contourner les obligations de vaccination dans les écoles.
En Afghanistan et au Pakistan, c'est le vaccin contre la polio qui est dans le viseur des talibans et de certains chefs religieux. Selon eux, les vaccins sont une conspiration occidentale visant à stériliser les enfants musulmans ou à porter atteinte en leur foi en l'islam.
Enfin, en RD Congo, un enregistrement audio a circulé avant l'été sur les réseaux sociaux, appelant à attaquer à la machette tous les soignants qui viennent vacciner contre Ebola, dont l'épidémie a déjà fait plus de 2.000 morts.
Selon l'OMS, la méfiance envers les vaccins est l'une des dix menaces pour la santé mondiale, aux côtés de la pollution, d'Ebola ou du virus du sida.
- Comment évolue la vaccination mondiale ? -
Elle stagne "dangereusement", selon un rapport annuel publié en juillet par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef).En 2018, 19,4 millions d'enfants de moins d'un an n'ont pas reçu les vaccins de base contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche (DTP) ou la rougeole.
"Cela signifie que plus d'un enfant sur dix ne reçoit pas la totalité des vaccins dont il a besoin", avait expliqué une responsable de l'OMS, Kate O'Brien, en présentant le rapport.
Près des deux-tiers de ces enfants non-vaccinés vivent dans dix pays seulement: Angola, Brésil, Ethiopie, Inde, Indonésie, Nigeria, Pakistan, Philippines, République démocratique du Congo et Vietnam.
Globalement, depuis 2010, le taux de couverture pour la vaccination DTP et contre la rougeole stagne, à 86%. Certes "élevé", ce taux est "insuffisant", avertit l'OMS, selon laquelle il faudrait atteindre 95% pour se protéger des épidémies.
Pour la rougeole, ce taux descend à 69% si on prend en compte les deux doses du vaccin, et pas uniquement la première.
L'OMS estime que la vaccination permet actuellement d'éviter 2 à 3 millions de décès chaque année. Toutefois, selon elle, "1,5 million de décès supplémentaires pourraient être évités si la couverture vaccinale mondiale s'améliorait".
- Quelles conséquences ? -
La plus spectaculaire est la forte recrudescence de la rougeole dans le monde.Plus de 360.000 cas ont été déclarés depuis janvier, soit les chiffres "les plus élevés" depuis 2006, selon l'OMS.
Souvent bénigne, cette maladie virale extrêmement contagieuse peut entraîner des complications graves, respiratoires (infections pulmonaires) et neurologiques (encéphalites), en particulier chez les personnes fragiles.
Avant l'arrivée des vaccins dans les années 1970, la rougeole était une redoutable tueuse d'enfants (7 à 8 millions de morts estimés par an dans le monde).
Entre 2000 et 2016, le nombre de morts dus à la rougeole a fortement diminué grâce aux campagnes de vaccination, passant de 550.000 à 90.000 selon l'OMS. Mais il est remonté à 110.000 en 2017.
- Pourquoi la vaccination stagne-t-elle ? -
Les raisons sont de deux ordres: la méfiance envers les vaccins essentiellement dans les pays riches, et les problèmes d'accès aux vaccins dans les pays pauvres, où les systèmes de santé sont défaillants.La France, patrie du pionnier de la vaccination Louis Pasteur, est le pays le plus méfiant: un Français sur trois ne croit pas que les vaccins soient sûrs, selon une enquête mondiale publiée fin juin par l'institut de sondage américain Gallup pour l'ONG médicale britannique Wellcome.
Après la France, les pays les plus méfiants sont le Gabon, le Togo, la Russie et la Suisse. Selon cette enquête, cette méfiance envers les vaccins est répandue dans les pays riches, particulièrement en Europe.
A l'inverse, au Bangladesh ou au Rwanda, la quasi-totalité de la population dit avoir confiance dans les vaccins.
"Dans ces pays-là, il y a plus de maladies contagieuses, et leurs habitants voient sans doute ce qu'il se passe lorsqu'on n'est pas vacciné", avait expliqué à l'AFP Imran Khan, qui a mené l'étude.
- Pourquoi cette défiance ? -
Beaucoup d'"anti-vax" s'appuient sur une publication de 1998 liant le vaccin ROR (rougeole-oreillons-rubéoles) et l'autisme. Pourtant, il a été établi que son auteur, le Britannique Andrew Wakefield, avait falsifié ses résultats, et plusieurs études ont montré depuis que le vaccin n'augmentait pas le risque d'autisme.Mais cette théorie continue à se propager grâce notamment aux réseaux sociaux.
La défiance peut aussi avoir des motifs religieux.
Aux Etats-Unis, l'Etat de New York, confronté à une résurgence de la rougeole dans des zones à forte population juive orthodoxe, a voté en juin la suppression des exemptions religieuses que les parents pouvaient invoquer pour contourner les obligations de vaccination dans les écoles.
En Afghanistan et au Pakistan, c'est le vaccin contre la polio qui est dans le viseur des talibans et de certains chefs religieux. Selon eux, les vaccins sont une conspiration occidentale visant à stériliser les enfants musulmans ou à porter atteinte en leur foi en l'islam.
Enfin, en RD Congo, un enregistrement audio a circulé avant l'été sur les réseaux sociaux, appelant à attaquer à la machette tous les soignants qui viennent vacciner contre Ebola, dont l'épidémie a déjà fait plus de 2.000 morts.
Selon l'OMS, la méfiance envers les vaccins est l'une des dix menaces pour la santé mondiale, aux côtés de la pollution, d'Ebola ou du virus du sida.