Vaccin contre le Covid-19: le gouvernement veut passer la vitesse supérieure


Paris, France | AFP | mardi 02/02/2021 - Un troisième vaccin autorisé et la promesse d'avoir vacciné "tous les Français qui le souhaitent" "d'ici la fin de l'été": le gouvernement tente de passer la vitesse supérieure dans sa gestion de l'épidémie de Covid-19 après avoir refusé d'imposer un nouveau confinement dans l'immédiat.

A la veille d'un nouveau Conseil de défense, Emmanuel Macron a assuré mardi soir sur TF1 que "d'ici la fin de l'été, nous aurons proposé un vaccin à tous les Français qui le souhaitent".

Le chef de l'Etat, qui avait réuni juste avant les grands grands laboratoires français et européens pour les encourager à accélérer la production de vaccins, a aussi estimé que, "début mars", auront été vaccinés les 80% des pensionnaires des Ehpad qui le souhaitent, soit 500.000 personnes.

"Ce n'est pas notre stratégie de vaccination qui permettra d'éviter à court terme un reconfinement ou non", a-t-il toutefoids estimé, invitant les Français à se mobiliser et à respecter les gestes barrières. Il s'agit "collectivement" d'"être extraordinairement responsables comme nos concitoyens le sont depuis plusieurs semaines, et je les en remercie très profondément".

Les Français disposent depuis mardi d'un troisième vaccin contre le Covid-19: celui d'AstraZeneca, mais pas pour les plus de 65 ans, faute de données actuellement disponibles sur son efficacité dans cette classe d'âge.

"Ces données vont arriver dans les semaines qui viennent, dans l'intervalle, nous recommandons son utilisation chez les moins de 65 ans", a déclaré la présidente de la Haute autorité de santé (HAS) Dominique Le Guludec, en dévoilant en fin de journée un avis très attendu. "Cet avis sera revu à la lumière de données cliniques complémentaires que nous attendons prochainement", a-t-elle souligné.

Oui, mais 

L'avis de la HAS doit être entériné par le gouvernement. Si c'est le cas, la France rejoindra la liste des pays qui déconseillent le vaccin d'AstraZeneca aux plus âgés et prennent ainsi le contre-pied des recommandations de l'Agence européenne des médicaments (EMA). Parmi ces pays figurent l'Allemagne, la Suède, la Pologne ou l'Italie.

S'il ne pourra pas être injecté à tous les âges, le vaccin d'AstraZeneca pourra l'être par davantage de professionnels de santé car il peut être stocké à long terme dans des frigos classiques, contrairement aux deux autres déjà disponibles, ceux de Pfizer/BioNTech et Moderna, qui doivent l'être à très basse température (-70°C pour le premier et -20°C pour le second).

Le fait que ce vaccin ne soit pas recommandé pour les personnes âgées contraint la France à adapter sa stratégie. Il sera administré à "deux populations particulières", recommande la HAS: aux professionnels de santé et du médico-social, quel que soit leur lieu d'exercice y compris en ville" ainsi qu'aux "personnes âgées entre 50 et 65 ans en commençant par ceux qui présentent des comorbidités".

Alors qu'AstraZeneca a subi les foudres des dirigeants européens à cause d'importants retards de livraisons, "on espère environ 10 millions de doses (de ce vaccin) dans les 3 mois qui viennent, ce qui permettra de vacciner 5 millions de personnes supplémentaires", a précisé la Pr Le Guludec.

Même avec des restrictions, l'arrivée de ce nouveau vaccin pourrait donner un coup de pouce à une campagne de vaccination qui plafonne, avec des centres de vaccination qui ont dû reporter des rendez-vous déjà fixés pour la première dose, environ 50.000, selon le ministre de la Santé Olivier Véran.

23.000 cas 

Dès fin février-début mars, quatre sites pharmaceutiques en France vont commencer à produire des vaccins anti-Covid, a annoncé Emmanuel Macron.

Selon un dernier bilan lundi soir, on comptait plus de 1,54 million de premières injections en France, alors que 2,6 millions de doses ont déjà été reçues en France et 1,1 million de plus sont attendues d'ici à la fin de la semaine, selon des données du ministère.

Le coronavirus circule toujours activement dans le pays, avec plus de 23.000 cas positifs dans les dernières 24 heures mardi soir.

Et les variants anglais et sud-africain, plus contagieux, inquiètent toujours. En Ile-de-France, "on était plutôt aux alentours de 6% le 7 janvier (de présence des variants dans la totalité des cas) et on est monté à 15/20% la semaine dernière", s'est alarmé le président de la commission médicale de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) Rémi Salomon, sur franceinfo.

Les marges sont toujours réduites à l'hôpital, avec 28.029 patients Covid-19 dans tout le pays, chiffre qui se rapproche des pics des deux précédentes vagues (32.000 et 33.000), et 3.270 patients en réa (4.900 à l'automne, 7.000 au printemps). Plus de 77.000 malades du Covid sont décédés en France depuis le début de l'épidémie.

le Mardi 2 Février 2021 à 12:56 | Lu 128 fois