Union sacrée autour de la tour


credit photo Paris 2024
Tahiti, le 18 décembre 2023 – “La polémique n'a plus sa place. Les Jeux, c'est dans six mois”, a lancé le président du Tavini Oscar Temaru ce lundi à Tarahoi, remettant ainsi gentiment à leur place les élus du Tavini qui en remettaient une couche sur la “tour infernale” en attaquant l'ancien gouvernement dans leurs interventions.
 
La ministre des Sports, Nahema Temarii avait pourtant appelé de ses vœux, dès le début de cette séance lundi matin à Tarahoi, les élus à débattre dans la “paix” et la “sérénité” à l'approche des fêtes de Noël. Mais c'était sans compter sur le sujet qui met les nerfs à vif de beaucoup, y compris dans la majorité Tavini : la fameuse tour des juges de Teahupo'o.

En cause, un texte visant à déroger à certaines règles du code des marchés publics – comme l'obligation de publicité ou de mise en concurrence – afin de pouvoir mettre un coup d'accélérateur pour que les travaux de la tour puissent être terminés à temps, soit le 26 juillet prochain.
 
Les bleus tirent à boulets rouges
 
Dans leurs interventions respectives, les trois représentants du Tavini, Odette Homai, Heinui Le Caill et Maurea Maamaatuaiahutapu ne l'ont pas entendu de cette oreille. Chacun y allant de son épithète pour fustiger cette tour “de Babel”, “infernale” ou “maudite”, ils ont tous les trois dénoncé la tenue même de ces épreuves de surf des JO 2024 à Teahupo'o. Avec une seule et même cible : l'ancien gouvernement Tapura et son président Édouard Fritch. Heinui Le Caill a joué sur les mots en parlant de “patates” et annoncé qu'il voterait ce texte “à contrecœur”. “Notre gouvernement poursuit, hélas, un projet que vous avez pris”, a notamment lancé Maurea Maamaatuaiahutapu faisant même un parallèle avec les essais nucléaires...

Il n'en fallait pas plus pour faire sortir de ses gonds l'ancien président du pays : “Pourquoi continuer à gémir ? Vous êtes au pouvoir ! Vous avez la possibilité d'arrêter les Jeux. Faites-le ! Ayez le courage de le faire ! Je ne comprends pas pourquoi vous entretenez cette nébuleuse. Vous en faites une histoire politique. Vous n'allez pas avancer comme ça. Les JO, c'est notre affaire à tous. La WSL aussi va arrêter si on ne sécurise pas cette tour ! Vous avez tous les pouvoirs. Pourquoi vous n'arrêtez pas tout au lieu de créer la zizanie”, a-t-il lancé de l'autre bout de l'hémicycle.
 
Temaru recadre ses troupes
 
C'est alors qu'Oscar Temaru a pris la parole... et défendu Édouard Fritch qu'il a même remercié d'avoir candidaté pour que ces épreuves de surf des JO 2024 se tiennent en Polynésie française. “La polémique n'a plus sa place. Les Jeux, c'est dans six mois. Ici, nous n'avons pas le monopole du cœur”, a-t-il déclaré, remettant ainsi à sa place la jeune garde du Tavini qui se trouve, elle aussi, confrontée au principe de réalité aujourd'hui. Nécessité fait loi. Et ce projet de loi du Pays était nécessaire. Ils l'ont d'ailleurs finalement tous approuvé, ainsi que les trois élus Ahip. Édouard Fritch de son côté s'est dit ravi des “paroles de sagesse” d'Oscar Temaru, tout comme la jeune ministre des Sports qui a apprécié “d'avoir le soutien du pilier de la majorité”.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Lundi 18 Décembre 2023 à 12:12 | Lu 5049 fois