Une victoire pour les pêcheurs de Vaitupa


Au premier plan, tavana Oscar Temaru et au deuxième plan, Albert Tapi dit "bb gros"
Tahiti le 4 juillet 2024 - Les pêcheurs de Vaitupa obtiennent gain de cause au tribunal. Une assemblée générale doit être organisée “sous un mois” pour “désigner un conseil d’administration”. En attendant, un administrateur provisoire a été désigné pour assurer “la gestion courante” de la coopérative.

Les pêcheurs de Vaitupa obtiennent gain de cause auprès du tribunal de 1 ère instance de Papeete à l’issue de près d’un an de bataille sur le terrain. En effet, depuis plusieurs mois, le président de la société coopérative maritime Motu ovini rava’ai, Albert Tapi, appelé plus communément “BB gros”, “empêche” les pêcheurs de Vaitupa d’accéder à leur bateau, en fermant les portes d’accès au site. Il refuse aussi de leur vendre de la glace, pour maintenir les poissons au frais.

Averti de ce problème en mai 2023, par les pêcheurs eux-mêmes, le tāvana de Faa’a, Oscar Temaru, qui a mis à disposition de cette société coopérative, le 3 octobre 2022, le quai des pêcheurs de Vaitupa, a organisé une réunion à la mairie de Faa’a avec toutes les personnes concernées. Au sortir de cette rencontre, tous avaient le sentiment qu’Oscar Temaru avait pris parti pour le président Albert Tapi. De plus, il avait annoncé au micro de Tahiti infos que ces derniers devaient “voir” avec Albert Tapi.

Déçus les pêcheurs avaient alors annoncé qu’ils allaient porter cette affaire au tribunal. Et c’est ce qui a été fait en janvier dernier, puisque le portail est toujours rester fermé, et qu’en plus les relations s’étaient dégradées entre le président de la coopérative et une grande partie des pêcheurs. Albert Tapi a donc été assigné au tribunal en février dernier.

Retour aux urnes

Le tribunal vient de prononcer, fin juin, la “nullité” de l’assemblée générale du 4 août 2023 “au regard du nombre des irrégularités relevées tant dans la tenue de l’assemblée générale que dans le vote de la seule décision adoptée, concernant les règles substantielles de fonctionnement de la coopérative”.

En effet, l’article 10 des statuts de la coopérative précise que les administrateurs sont élus “au scrutin secret et à la majorité des suffrages par l’assemblée générale”. Mais, lors de cette assemblée générale, le vote avait “eu lieu à mains levées, en totale contradiction tant avec le texte applicable que les statuts”. En outre, à la lecture de la feuille d’émargement et du procès verbal, il est impossible de “connaître le nombre exact de sociétaires”. Et il apparait qu’il y a eu plus de votants que de personnes qui ont émargé.

Le tribunal précise également qu’“aucun motif intelligible” n’est avancé par la coopérative sur le fait qu’elle ait écarté la liste concurrente, “ni les conditions dans lesquelles elle l’a été”. Il constate enfin que les comptes de la coopérative n’ont pas été approuvés.

Désignation d’un administrateur provisoire

Ainsi la société coopérative maritime Motu ovini rava’ai se trouvant sans “organe dirigeant et de représentation”, le tribunal a décidé de désigner un administrateur provisoire. Il devra “se faire remettre les documents relatifs à la gestion” de la coopérative, assurer “la gestion courante” de cette dernière, sous les trois mois, et également convoquer une assemblée générale, sous le délai d’un mois, pour désigner un conseil d’administration. Et, vu l’urgence de la situation, puisqu’il s’agit de l’activité professionnelle de nombre d’entre eux, le tribunal a ordonné l’exécution provisoire de cette décision, ce qui prive de caractère suspensif tout recours en appel.

La société coopérative maritime Motu ovini rava’ai dirigée par Albert Tapi a également été condamnée à payer aux pêcheurs la somme de 250 000 francs. Elle devra en outre s’acquitter des frais de justice.

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Jeudi 4 Juillet 2024 à 18:01 | Lu 4940 fois