Une synergie Justice-Education pour lutter contre les déviances en milieu scolaire


Dans l'enseignement public en Polynésie française, près de 70.000 élèves ont repris le chemin de l'école, entre le 16 et le 20 août dernier.
Mardi 28 août, les principes d'un partenariat entre la Justice et le ministère de l'Education ont été évoqués, afin d'améliorer la sécurité des élèves et des enseignants dans l’enceinte scolaire et à ses abords, de faciliter la prévention auprès des jeunes, et de lutter contre le décrochage scolaire.

Le procureur de la République, José Thorel et son substitut en charge des mineurs, Aurélien Buffart, ont été reçus à ce titre par le ministre de l’Education, Tauhiti Nena et Christian Morhain, le directeur de l’enseignement primaire, dans la matinée, au ministère de l'avenue Pouvanaa'a Oopa, à Papeete.

Cette première rencontre vise à jeter les bases d'une convention de partenariat permettant de lutter contre les phénomènes déviants observés en milieu scolaire.

Suite à cette réunion, un groupe de travail sera formé avec la gendarmerie et plus particulièrement la BPDJ (brigade de prévention de délinquance juvénile, ndlr), la Direction de la sécurité publique, la Direction des affaires sociales et le ministère de l’Education et ses services.

La Charte de l’éducation rappelle que la scolarité est obligatoire de 5 à 16 ans. Pour lutter contre le décrochage scolaire, phénomène qui a concerné l’année dernière près de 600 élèves en Polynésie, une coopération entre les entités de la Justice et de l’Education est jugée nécessaire.

La prévention, en partenariat avec la Justice et ses services, souhaite être pratiquée dans tous les établissements des 1er et 2nd degrés pour lutter contre les phénomènes de consommation de drogues, de violence ou de racket. Il s’agit de vecteurs reconnus importants de déscolarisation et de décrochage scolaire.

Cette coopération avec la Justice veut également permettre de mieux former et informer le monde enseignant aux réalités judiciaires de ces phénomènes afin de mieux les appréhender. Une collaboration dont l'objectif est enfin de permettre une meilleure gestion de situations délicates comme les agressions commises par des adultes sur des enseignants et des adultes sur leurs propres enfants.


José Thorel, procureur de la République : « Les parents confient les enfants aux établissements scolaires pour qu’ils y soient éduqués… »


Vous avez rencontré le ministre de l’Education pour mettre en place un partenariat entre Justice et ministère.

José Thorel : Oui, c’est l’occasion d’une rencontre entre le Parquet et le ministère de l’Education, de manière à, d’une part actualiser les divers protocoles qui existent déjà entre les directions des enseignements primaires et secondaires et le Parquet de Papeete, mais aussi pour mettre en chantier une convention plus globale, de communication entre nos services, dans les domaines de la sécurisation des établissements scolaires, de la prévention des actes de délinquance dans les établissements et autours, et de signalement au Parquet des infractions commises dans les établissements scolaires et de la situation des mineurs en danger, et notamment déscolarisés, c'est-à-dire ne fréquentant pas régulièrement les établissements scolaires.

Comment va se traduire ce partenariat sur le terrain ?

José Thorel : Nous allons réunir un groupe de travail entre les représentants du ministère, du Parquet et de la direction des affaires sociale, de la gendarmerie et de la DSP. Et, sur le terrain ça consistera à traiter différents thèmes tels que la prévention et la répression du trafic de drogue aux alentours des établissements scolaires, le signalement au Parquet de faits de violences commis dans l’enceinte des établissements (…) : en temps réel, le Parquet est déterminé à porter des réponses à ces comportements.
Enfin, il s’agira de la lutte contre la déscolarisation, puisque ces mineurs en errance, qui ne fréquentent plus l’école, sont aux prises avec des problèmes sociaux.
Il s’agit donc d’un travail en collaboration avec le ministère de l’Education, la DASS, les juges des enfants, qui doit être mis en place, et qui fera l’objet de cette convention.


Les faits impliquant les mineurs sont-ils en augmentation en Polynésie française ?

José Thorel : Il faut relativiser. La situation n’est pas catastrophique. Elle est loin d’être aussi problématique que dans certaines zones urbaines de métropole. Néanmoins, le phénomène existe : le ministre évoque plus de 600 mineurs déscolarisés en 2011, c'est-à-dire non inscrits dans un établissement ou ne fréquentant pas l’établissement. Ce phénomène est important et il convient d’y apporter des réponses. (…)
Les infractions qui nous sont plus généralement signalées tournent autours de la revente et de l’usage du « paka » : il n’est pas admissible que des mineurs fassent l’objet de propositions de « paka » ou ne soient pris en train de consommer ce genre de produits dans les établissements. Les parents confient les enfants aux établissements scolaires pour qu’ils y soient éduqués et non pas exposés au contact avec de la drogue. Il y a là une répression à poursuivre et à perfectionner.


Rédigé par JPV le Mardi 28 Aout 2012 à 11:51 | Lu 1015 fois