PHILIPPE HUGUEN / AFP
Washington, États-Unis | AFP | jeudi 12/12/2024 - Le guillemot de Troïl, un oiseau marin présent dans les eaux nordiques, a vu sa population drastiquement baisser en Alaska au cours de la dernière décennie en raison du changement climatique.
Selon une étude publiée jeudi dans la prestigieuse revue Science, une vague de chaleur maritime inédite, survenue dans le Pacifique Nord entre 2014 et 2016, a conduit à la mort de quatre millions de guillemots de Troïl, soit près de la moitié de la population alaskienne.
Et depuis cette hécatombe, les populations de ces oiseaux à plumage noir et blanc, souvent confondus avec les petits pingouins, n'ont montré que peu de signe de reprise, suggérant des changements à long terme dans le réseau alimentaire ainsi qu'un nouvel équilibre de l'écosystème.
"On parle beaucoup du déclin des espèces lié aux changements de température, mais dans ce cas, il ne s'agit pas d'un résultat sur le long terme", explique à l'AFP Heather Renner, biologiste dans une réserve naturelle de l'Alaska et co-autrice de l'étude.
"À notre connaissance, il s'agit du plus grand épisode documenté de mortalité de la faune sauvage au cours de l'ère moderne", insiste-t-elle avec ses collègues dans l'étude.
Ces résultats doivent servir de "sonnette d'alarme", explique la chercheuse, car le réchauffement climatique, attribuable aux activités humaines, rend les vagues de chaleur plus fréquentes, plus intenses et plus durables.
- Cadavres émaciés -
Hauts d'une quarantaine de centimètres, les guillemots de Troïl sont pourtant considérés comme des oiseaux robustes, en raison de leurs ailes fines leur permettant de parcourir de grandes distances pour trouver de la nourriture et de leurs capacités de plongée.
Mais cette vague de chaleur s'étant étirée sur deux années et ayant touché une vaste zone du nord-est de l'océan Pacifique, de la Californie à l'Alaska, les a lourdement affectés.
Durant cet épisode, 62.000 oiseaux émaciés, morts ou mourants, ont été retrouvés sur des milliers de kilomètres de côtes.
En cause, selon les chercheurs: une réduction de la qualité et de la quantité du phytoplancton liée à la chaleur, qui a ainsi affecté les poissons comme le hareng, la sardine et l'anchois dont se nourrissent les guillemots.
Ce phénomène s'est par ailleurs couplé à une augmentation des besoins énergétiques des grands poissons aussi due à la chaleur, qui sont alors entrés en concurrence avec les guillemots pour les mêmes proies.
"Nous savions alors qu'il s'agissait d'un problème important, mais malheureusement nous ne pouvions pas vraiment en quantifier les effets", se remémore Heather Renner.
Les premières estimations faisaient état d'environ un million d'oiseaux morts, mais l'analyse plus approfondie publiée jeudi et basée sur les données de 13 colonies de guillemots a révélé que le nombre de morts était quatre fois plus élevé.
"La situation est bien pire que ce que nous pensions", rapporte Heather Renner.
- Vie en collectif -
La vague de chaleur a également touché les populations de morues du Pacifique, de saumons royaux et de baleines à bosse.
Mais alors que ces espèces en subissaient les effets, d'autres en sont sortis indemnes, pointent les experts.
Par exemple, les guillemots de Brünnich, qui nichent souvent sur les mêmes falaises ou corniches que les guillemots de Troïl, ont été épargnés, peut-être en raison de leur régime alimentaire plus adaptable, explique Mme Renner.
Pour les guillemots de Troïl, cependant, les retombées persistent. Près de dix ans après la vague de chaleur, leurs colonies ne montrent aucun signe de reprise, et les pertes pourraient bien être permanentes.
Cela s'explique par le déclin à long terme de certaines de leurs proies, mais aussi par leur stratégie de survie qui repose sur leur vie en collectif.
Ces oiseaux marins se regroupent en effet en gigantesques colonies pour protéger leurs oeufs des prédateurs comme les aigles et les mouettes. Avec la baisse drastique de leur population, ce système de défense a été affaibli.
Des mesures de conservation couplées à celles nécessaires de lutte contre le réchauffement climatique pourraient offrir une chance à ces oiseaux menacés, pense toutefois Mme Renner.
Lutter contre certaines espèces prédatrices et envahissantes, telles que les renards et les rats, est une autre des solutions envisagées.
Selon une étude publiée jeudi dans la prestigieuse revue Science, une vague de chaleur maritime inédite, survenue dans le Pacifique Nord entre 2014 et 2016, a conduit à la mort de quatre millions de guillemots de Troïl, soit près de la moitié de la population alaskienne.
Et depuis cette hécatombe, les populations de ces oiseaux à plumage noir et blanc, souvent confondus avec les petits pingouins, n'ont montré que peu de signe de reprise, suggérant des changements à long terme dans le réseau alimentaire ainsi qu'un nouvel équilibre de l'écosystème.
"On parle beaucoup du déclin des espèces lié aux changements de température, mais dans ce cas, il ne s'agit pas d'un résultat sur le long terme", explique à l'AFP Heather Renner, biologiste dans une réserve naturelle de l'Alaska et co-autrice de l'étude.
"À notre connaissance, il s'agit du plus grand épisode documenté de mortalité de la faune sauvage au cours de l'ère moderne", insiste-t-elle avec ses collègues dans l'étude.
Ces résultats doivent servir de "sonnette d'alarme", explique la chercheuse, car le réchauffement climatique, attribuable aux activités humaines, rend les vagues de chaleur plus fréquentes, plus intenses et plus durables.
- Cadavres émaciés -
Hauts d'une quarantaine de centimètres, les guillemots de Troïl sont pourtant considérés comme des oiseaux robustes, en raison de leurs ailes fines leur permettant de parcourir de grandes distances pour trouver de la nourriture et de leurs capacités de plongée.
Mais cette vague de chaleur s'étant étirée sur deux années et ayant touché une vaste zone du nord-est de l'océan Pacifique, de la Californie à l'Alaska, les a lourdement affectés.
Durant cet épisode, 62.000 oiseaux émaciés, morts ou mourants, ont été retrouvés sur des milliers de kilomètres de côtes.
En cause, selon les chercheurs: une réduction de la qualité et de la quantité du phytoplancton liée à la chaleur, qui a ainsi affecté les poissons comme le hareng, la sardine et l'anchois dont se nourrissent les guillemots.
Ce phénomène s'est par ailleurs couplé à une augmentation des besoins énergétiques des grands poissons aussi due à la chaleur, qui sont alors entrés en concurrence avec les guillemots pour les mêmes proies.
"Nous savions alors qu'il s'agissait d'un problème important, mais malheureusement nous ne pouvions pas vraiment en quantifier les effets", se remémore Heather Renner.
Les premières estimations faisaient état d'environ un million d'oiseaux morts, mais l'analyse plus approfondie publiée jeudi et basée sur les données de 13 colonies de guillemots a révélé que le nombre de morts était quatre fois plus élevé.
"La situation est bien pire que ce que nous pensions", rapporte Heather Renner.
- Vie en collectif -
La vague de chaleur a également touché les populations de morues du Pacifique, de saumons royaux et de baleines à bosse.
Mais alors que ces espèces en subissaient les effets, d'autres en sont sortis indemnes, pointent les experts.
Par exemple, les guillemots de Brünnich, qui nichent souvent sur les mêmes falaises ou corniches que les guillemots de Troïl, ont été épargnés, peut-être en raison de leur régime alimentaire plus adaptable, explique Mme Renner.
Pour les guillemots de Troïl, cependant, les retombées persistent. Près de dix ans après la vague de chaleur, leurs colonies ne montrent aucun signe de reprise, et les pertes pourraient bien être permanentes.
Cela s'explique par le déclin à long terme de certaines de leurs proies, mais aussi par leur stratégie de survie qui repose sur leur vie en collectif.
Ces oiseaux marins se regroupent en effet en gigantesques colonies pour protéger leurs oeufs des prédateurs comme les aigles et les mouettes. Avec la baisse drastique de leur population, ce système de défense a été affaibli.
Des mesures de conservation couplées à celles nécessaires de lutte contre le réchauffement climatique pourraient offrir une chance à ces oiseaux menacés, pense toutefois Mme Renner.
Lutter contre certaines espèces prédatrices et envahissantes, telles que les renards et les rats, est une autre des solutions envisagées.