Une résolution pour soutenir le Traité sur l'interdiction des armes nucléaires


La représentante du Tavini Hinamoeura Morgant-Cross présentera ce vendredi, en commission des institutions, une proposition de résolution relative au soutien de l'assemblée de la Polynésie française au Traité sur l'interdiction des armes nucléaires (Tian). crédit photo AFP
Tahiti, le 12 septembre 2023 - La représentante du Tavini, Hinamoeura Morgant-Cross, présentera ce vendredi, en commission des institutions, une proposition de résolution relative au soutien de l'assemblée de la Polynésie française au Traité sur l'interdiction des armes nucléaires (Tian). Un traité adopté en 2017 par l'Assemblée générale des Nations unies, mais que la France n'a pas signé à l'instar de nombreux autres États.
 
La commission des institutions de l’assemblée de la Polynésie se réunira ce vendredi matin avec un seul dossier à l'ordre du jour : une proposition de résolution relative au soutien de l'APF au Traité sur l'interdiction des armes nucléaires (Tian). Ce traité prohibe l'utilisation, le développement, la production, les essais, le stationnement, le stockage et la menace d'utilisation de telles armes.
 
La France n'avait pas participé au vote de ce traité adopté le 7 juillet 2017 par l'Organisation des Nations unies. Mais ce n'est que qu'en janvier 2021 qu'il est entré en vigueur.
 
“Aujourd'hui, il est très regrettable pour la Polynésie française, sa population et son environnement, que l'État français ne soit pas signataire de ce Traité et ne participe pas aux réunions des États parties du Tian”, regrette ainsi l'élue Tavini dans son exposé.
 
Favoriser la participation de la France comme “observateur”

Rappelant le passé nucléaire de la Polynésie française “qui a accueilli le centre d'expérimentation nucléaire français (CEP)” et dont la “population a été victime et est toujours victime des retombées nucléaires”, l'élue Tavini demande au chef de l'État, par le biais de cette résolution, de soutenir le Tian. “Dans un premier temps”, en demandant à Emmanuel Macron de “favoriser la participation de la France” à ces prochaines réunions “en tant qu'État observateur”, et “dans un second temps, d'œuvrer en faveur d'une adhésion de la France à cette nouvelle norme internationale”.
 
Mais elle ne risque pas de trouver un écho très favorable du côté du gouvernement central. Du moins si l'on se réfère à la réponse apportée, en juin 2021, au sénateur de gauche, Joël Bigot, qui interpellait déjà le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères sur ce sujet. Dans une question écrite, il questionnait le ministère sur “ses intentions”, estimant que la France “s'honorerait à débattre dans la plus grande transparence de la ratification” de ce traité.
 
Un traité qui comporte de “graves lacunes”
 
Dans sa réponse, le ministère a d'abord tenu à rappeler que “la France est engagée avec détermination en faveur de la poursuite du désarmement nucléaire”. Plus précisément sur le Tian, il explique que “si la France a refusé, comme ses Alliés, de prendre part aux négociations, c'est que l'approche de ses promoteurs n'est pas compatible avec l'approche réaliste et progressive du désarmement nucléaire qui est la nôtre et qui suppose de tenir compte de l'environnement stratégique et du contexte de sécurité”. Le ministère précisait en outre que ce traité comportait de “graves lacunes” et était “incompatible avec le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP)” auquel la France a adhéré.
 
Et d'enfoncer le clou : “Notre force de dissuasion nucléaire demeure, en ultime recours, la clé de voûte de notre sécurité et la garantie de notre indépendance et de nos intérêts vitaux. Pour toutes ces raisons, de nombreux États, en Europe et sur d'autres continents, dont certains sont pourtant très engagés en faveur du désarmement nucléaire, ne le signeront pas. D'autres, qui avaient participé aux négociations, ont pris, depuis, leurs distances avec ce traité.” La messe semble déjà dite.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mardi 12 Septembre 2023 à 16:16 | Lu 952 fois