Tahiti, le 14 juin 2023 - Le président Moetai Brotherson a reçu, mardi soir, Karl Anihia de l'association Tahiti Herb Culture, Philippe Cathelain président du syndicat polynésien du chanvre, mais aussi des pharmaciens et des médecins pour avancer sur le sujet du cannabis, thème de campagne du Tavini. Quatre grands axes sont à l’étude pour aboutir à un nouveau texte de loi d'ici “la fin du mois”.
“C’est un rendez-vous que l'on attendait depuis très longtemps. Déjà avec le président Fritch, on l'avait sollicité plusieurs fois mais on n'a jamais eu de réponse. Là, une simple demande à Moetai [Brotherson] et il nous reçoit dès son retour de mission, donc ça prouve son attachement à ce dossier. Il est très conscient de l'urgence pour les personnes malades qui n'en peuvent plus. Donc oui on est très satisfaits. On a eu droit à une oreille très attentive, très pragmatique”. C'est avec un sourire jusqu'aux oreilles que Karl Anihia et Philippe Cathelain sont sortis de la présidence, mardi vers 19h30, après avoir été reçus par le président Brotherson et son ministre de l'Agriculture, Taivini Teai. Au menu des discussions : le cannabis thérapeutique, mais pas uniquement. “Il nous a donné quatre grands axes”, explique Karl Anihia de Tahiti Herb Culture : “Le chanvre industriel dans un premier temps, ensuite ce sera le CBD [substance présente dans le cannabis et connue pour ses vertus thérapeutiques, NDLR], après le CBD ‘local’ c’est-à-dire les monoi, les baumes que vous voyez circuler aujourd'hui sans aucun contrôle, et enfin, le 4e point est en rapport avec son projet de loi nationale sur l'usage adulte du cannabis”, autrement dit, le cannabis récréatif.
Légiférer sur le cannabis... de Tahiti à Paris
En effet, en mars 2022, lorsqu'il était encore député, Moetai Brotherson avait déposé une proposition de loi organique à l'Assemblée nationale “relative à l'expérimentation de la régulation sociale du cannabis en Polynésie française”. L'article 10 prévoyait notamment la création de “Cannabis club”, “une association à but non lucratif ayant pour seul objectif de réunir des usagers et de cultiver du cannabis pour leur consommation personnelle”. Mais le texte avait été renvoyé en commission des lois constitutionnelles, et depuis… plus rien.
Aujourd'hui, ce sont les trois nouveaux députés “qui seront mandatés pour faire ce travail”, a expliqué Karl Anihia à Tahiti Infos. Philippe Cathelain ajoute : “Pas seulement les trois députés mais aussi les deux sénateurs qui sont aujourd'hui dans l'opposition [Lana Tetuanui et Teva Rohfritsch, NDLR] donc ce sera plus compliqué, mais il faut essayer de faire un front uni pour faire aboutir ce projet de loi. Il va tenter de réunir tous ces parlementaires. Une chose est sûre, c'est que le président nous a annoncé qu'il ne pourrait pas aller au-delà de ce que la France pourrait autoriser.”
S'attaquer aux problèmes d'addiction et ouvrir l'exploitation du chanvre
Mais avant de parler de cannabis récréatif, il a d'abord été question des problèmes d'addiction car il faut savoir que 50% de la population polynésienne de plus de 15 ans fait usage de cannabis. De plus, comme l'avait alerté le procureur général Thomas Pison, “sur ces 50%, 5 à 10% font aussi usage d'ice”. Le président du Pays souhaite être très vigilant sur ce point, nous a confié Karl Anihia qui concède que “l'usage est important mais il n'y a aucun encadrement et cela met en danger les personnes qui en consomment”.
La réunion de mardi soir a aussi permis de définir un calendrier : “Dans deux semaines, les associations vont intégrer les groupes de travail, chose que l'on n'a jamais vu avec le gouvernement précédent. Très concrètement nous allons participer à ces réunions avec le ministère de la Santé, de l'Agriculture et bien sûr la présidence”, a-t-il poursuivi, précisant que le premier chantier concernerait le chanvre industriel : “Ce n'est pas celui qu'on fume, c'est celui qu'on utilise dans les matériaux de construction, les textiles ... Par exemple, quand vous allez au magasin vous trouvez du shampoing avec du chanvre qui vient d'Australie. Pourquoi ne pas le faire ici ? Nous avons eu avec nous des acteurs dans la cosmétologie comme monsieur Olivier Touboul et Philippe Meunier qui sont en attente.” Aujourd'hui, les associations veulent être "dans l'action".
“Dans les starting-blocks”
Depuis le mois dernier, l'Institut Louis Malardé dispose d'une machine pour analyser la teneur en cannabinoïdes des saisies de paka opérées par les forces de l'ordre. Le ministre en charge de l'Agriculture, Taivini Teai, l'a confirmé à Tahiti Infos au sortir de la réunion : “Les études à l'ILM ont commencé, les appareillages nécessaires pour les analyses des compositions en CBD et en THC sont maintenant disponibles à l'Institut Louis Malardé. Je rencontre d'ailleurs après-demain [jeudi, NDLR] le directeur en charge de ce programme avec un collègue qui vient des États-Unis pour discuter des techniques et des modalités d'analyse... On est dans les starting-blocks.
” L'objectif est de parvenir à pouvoir doser la concentration de CBD pour “normaliser” ce produit et “assurer” la filière. “Il y a une attente forte des personnes vis-à-vis du cannabis thérapeutique. Il y a des personnes en souffrance et il est important de les écouter et de prendre en compte leurs attentes”, a souligné le ministre qui confirme qu'un texte devrait être prêt “d'ici la fin du mois”.
Ce rendez-vous a par ailleurs été l'occasion pour les associations de sensibiliser le président du Pays sur l'appel du “18-joints”, ce rassemblement lancé il y a plusieurs années par Tahiti Herb Culture, à l’instar de ce qui se faisait déjà en métropole, et qui se tiendra devant l'assemblée de Polynésie ce dimanche de 14 heures à16 heures.
Stéphanie Delorme avec Vaite Urarii Pambrun
“C’est un rendez-vous que l'on attendait depuis très longtemps. Déjà avec le président Fritch, on l'avait sollicité plusieurs fois mais on n'a jamais eu de réponse. Là, une simple demande à Moetai [Brotherson] et il nous reçoit dès son retour de mission, donc ça prouve son attachement à ce dossier. Il est très conscient de l'urgence pour les personnes malades qui n'en peuvent plus. Donc oui on est très satisfaits. On a eu droit à une oreille très attentive, très pragmatique”. C'est avec un sourire jusqu'aux oreilles que Karl Anihia et Philippe Cathelain sont sortis de la présidence, mardi vers 19h30, après avoir été reçus par le président Brotherson et son ministre de l'Agriculture, Taivini Teai. Au menu des discussions : le cannabis thérapeutique, mais pas uniquement. “Il nous a donné quatre grands axes”, explique Karl Anihia de Tahiti Herb Culture : “Le chanvre industriel dans un premier temps, ensuite ce sera le CBD [substance présente dans le cannabis et connue pour ses vertus thérapeutiques, NDLR], après le CBD ‘local’ c’est-à-dire les monoi, les baumes que vous voyez circuler aujourd'hui sans aucun contrôle, et enfin, le 4e point est en rapport avec son projet de loi nationale sur l'usage adulte du cannabis”, autrement dit, le cannabis récréatif.
Légiférer sur le cannabis... de Tahiti à Paris
En effet, en mars 2022, lorsqu'il était encore député, Moetai Brotherson avait déposé une proposition de loi organique à l'Assemblée nationale “relative à l'expérimentation de la régulation sociale du cannabis en Polynésie française”. L'article 10 prévoyait notamment la création de “Cannabis club”, “une association à but non lucratif ayant pour seul objectif de réunir des usagers et de cultiver du cannabis pour leur consommation personnelle”. Mais le texte avait été renvoyé en commission des lois constitutionnelles, et depuis… plus rien.
Aujourd'hui, ce sont les trois nouveaux députés “qui seront mandatés pour faire ce travail”, a expliqué Karl Anihia à Tahiti Infos. Philippe Cathelain ajoute : “Pas seulement les trois députés mais aussi les deux sénateurs qui sont aujourd'hui dans l'opposition [Lana Tetuanui et Teva Rohfritsch, NDLR] donc ce sera plus compliqué, mais il faut essayer de faire un front uni pour faire aboutir ce projet de loi. Il va tenter de réunir tous ces parlementaires. Une chose est sûre, c'est que le président nous a annoncé qu'il ne pourrait pas aller au-delà de ce que la France pourrait autoriser.”
S'attaquer aux problèmes d'addiction et ouvrir l'exploitation du chanvre
Mais avant de parler de cannabis récréatif, il a d'abord été question des problèmes d'addiction car il faut savoir que 50% de la population polynésienne de plus de 15 ans fait usage de cannabis. De plus, comme l'avait alerté le procureur général Thomas Pison, “sur ces 50%, 5 à 10% font aussi usage d'ice”. Le président du Pays souhaite être très vigilant sur ce point, nous a confié Karl Anihia qui concède que “l'usage est important mais il n'y a aucun encadrement et cela met en danger les personnes qui en consomment”.
La réunion de mardi soir a aussi permis de définir un calendrier : “Dans deux semaines, les associations vont intégrer les groupes de travail, chose que l'on n'a jamais vu avec le gouvernement précédent. Très concrètement nous allons participer à ces réunions avec le ministère de la Santé, de l'Agriculture et bien sûr la présidence”, a-t-il poursuivi, précisant que le premier chantier concernerait le chanvre industriel : “Ce n'est pas celui qu'on fume, c'est celui qu'on utilise dans les matériaux de construction, les textiles ... Par exemple, quand vous allez au magasin vous trouvez du shampoing avec du chanvre qui vient d'Australie. Pourquoi ne pas le faire ici ? Nous avons eu avec nous des acteurs dans la cosmétologie comme monsieur Olivier Touboul et Philippe Meunier qui sont en attente.” Aujourd'hui, les associations veulent être "dans l'action".
“Dans les starting-blocks”
Depuis le mois dernier, l'Institut Louis Malardé dispose d'une machine pour analyser la teneur en cannabinoïdes des saisies de paka opérées par les forces de l'ordre. Le ministre en charge de l'Agriculture, Taivini Teai, l'a confirmé à Tahiti Infos au sortir de la réunion : “Les études à l'ILM ont commencé, les appareillages nécessaires pour les analyses des compositions en CBD et en THC sont maintenant disponibles à l'Institut Louis Malardé. Je rencontre d'ailleurs après-demain [jeudi, NDLR] le directeur en charge de ce programme avec un collègue qui vient des États-Unis pour discuter des techniques et des modalités d'analyse... On est dans les starting-blocks.
” L'objectif est de parvenir à pouvoir doser la concentration de CBD pour “normaliser” ce produit et “assurer” la filière. “Il y a une attente forte des personnes vis-à-vis du cannabis thérapeutique. Il y a des personnes en souffrance et il est important de les écouter et de prendre en compte leurs attentes”, a souligné le ministre qui confirme qu'un texte devrait être prêt “d'ici la fin du mois”.
Ce rendez-vous a par ailleurs été l'occasion pour les associations de sensibiliser le président du Pays sur l'appel du “18-joints”, ce rassemblement lancé il y a plusieurs années par Tahiti Herb Culture, à l’instar de ce qui se faisait déjà en métropole, et qui se tiendra devant l'assemblée de Polynésie ce dimanche de 14 heures à16 heures.
Stéphanie Delorme avec Vaite Urarii Pambrun