Une marche pour le maintien de la pharmacie de Teano Cojan à Bora Bora


Tahiti, le 9 janvier 2024 - L’association Tamarii no Bora Bora organise une marche, le 12 janvier, sur la Perle du Pacifique pour venir en soutien à la pharmacie appartenant à Teano Cojan, alors que le gérant de l’autre pharmacie de l’île a demandé au tribunal administratif l’annulation de l’arrêté autorisant la création et l’exploitation de cette deuxième officine.
 
L’association Tamarii no Bora Bora a adressé un courrier, le 25 décembre dernier, au président du Pays Moetai Brotherson, ainsi qu’au président de l’assemblée Tony Géros, à la présidente du Cesec Voltina Dauphin, à la présidente de l’Autorité polynésienne de la concurrence Johanne Peyre et au tāvana de la Perle du Pacifique Gaston Tong Sang, concernant notamment l’organisation d’une “marche pour le maintien de la seconde pharmacie” sur son île. Celle-ci aura lieu le 12 janvier prochain pour manifester “notre colère face à cette injustice”.
 
Le courrier de la présidente de ladite association, Sylvana Estall, a d’abord pour objectif d’interpeller les pouvoirs publics quant aux “difficultés” rencontrées par le gérant de la pharmacie Te Ora, Teano Cojan.
  
Sylvana Estall rappelle ensuite que le gérant de la pharmacie Lafayette, Nicolas Loyer, a demandé au tribunal administratif l’annulation de l’arrêté autorisant la création et l’exploitation de la pharmacie du Dr Cojan. La présidente de l’association Tamarii no Bora Bora souligne dans son courrier que “le motif principal invoqué” devant le tribunal administratif est “l’impact sur son activité économique” puisqu’il “détient le monopole pharmaceutique dans notre île”. La décision du tribunal administratif sera d’ailleurs rendue le 16 janvier prochain. Dans ses conclusions rendues en décembre dernier, le rapporteur public a demandé l’annulation de l’arrêté pris en juin. Deux décisions dans ce sens avaient d’ailleurs déjà été prises par la justice administrative en 2022, estimant que la pharmacie de Teano Cojan était trop proche de celle de Nicolas Loyer.
 
Dans son courrier, Sylvana Estall rappelle qu’en 2020, Nicolas Loyer ne s’était pas opposé “à la création de la seconde officine proposée par son adjoint, Thierry Angel, dans la commune de Anau (…) même si celle-ci impacte son affaire actuelle”. Et que face au “refus des propriétaires de céder leur parcelle à titre gracieux, cette création n’a pas été concrétisée”, écrit-elle.
 
“La population a pu constater des avantages”
 
Selon la présidente de l’association Tamarii no Bora Bora, l’accueil à la pharmacie de Teano Cojan “est assuré avec professionnalisme” et “la population a pu constater des avantages” tels que des livraisons à domicile, “jusqu’alors inexistantes pour les personnes vulnérables ou de santé fragile et n’ayant pas de moyens de se déplacer”. Elle précise également que la pharmacie Lafayette a effectué une baisse des “prix de certains produits” ou encore que sa plage horaire est beaucoup plus étendue aujourd’hui.
 
L’association Tamarii no Bora Bora pose la question aux instances du Pays : “Le motif économique (…) fait-il partie des critères d’éligibilité relative à une demande d’installation d’une nouvelle officine ?” “Non”, assure-telle. La présidente Sylvana Estall considère que l’intérêt “individuel” et “privé” ne doit pas primer sur “l’intérêt général”.
 
Dans son courrier, Sylvana Estall pose également la question relative au “désaveu” des institutions qui ont “validé” l’autorisation d’installation de la pharmacie de Teano Cojan. Elle rappelle également que ce dernier a respecté les “deux critères principaux de la loi : la population actuelle affiche un nombre de près de 11 000 habitants (le seuil règlementaire est fixé à 10 000 habitants) et la distance entre les deux pharmacies est de plus de 4 000 mètres (la distance règlementaire est fixée à 1 000 mètres)”.
 
Sylvana Estall rappelle d’ailleurs les propos du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, lors d’un de ses déplacements au Fenua en 2023, relatifs à la lutte “contre les monopoles économiques dans les outre-mer, sources des prix très élevés, notamment en Polynésie française”.

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Mardi 9 Janvier 2024 à 19:24 | Lu 3495 fois