Une formation à la permaculture en juillet à Tahiti


PAPEETE, le 8 juillet 2018 - Ceux qui veulent se lancer dans la permaculture peuvent apprendre toutes les bases nécessaires lors d'une formation qui commencera la semaine prochaine à Papeete. Elle sera dispensée par Thierry Lison de Loma, qui exploite une ferme permacole à Raiatea depuis 4 ans, et qui a été formé à la permaculture en Australie.

En Polynésie, il y a un vrai intérêt pour les nouvelles formes d'agriculture plus respectueuses de la nature. En témoigne la quinzaine de personnes qui se sont déjà inscrites à la formation diplômante en "permaculture design" qui sera donnée à Papeete du 15 au 26 juillet prochain. Il reste encore une dizaine de place pour les ceux qui sont intéressés.

La formation est assurée par Thierry Lison de Loma, un formateur en permaculture agréé, qui a tout appris en Australie, à l'Institut de recherche en permaculture. Il nous assure avoir appris avec Geoff Lawton, une référence. A son retour en 2015, il a monté la ferme permacole Vaihuti Fresh, à Raiatea. Un gros projet, comme il nous l'explique : "Ça prend au minimum 4 ou 5 ans pour que tout soit comme on le veut. Ce n'est pas comme en conventionnel où on rase tout et on met des serres. On commence par un design, une idée des espèces que l'on veut cultiver et leurs interactions. Ensuite on défriche petit à petit, il faut avant tout protéger les sols donc y aller progressivement. A Vaituhi on est sur 8 hectares, on fait déjà de la papaye et de la banane en fruitier, on a aussi une dizaine d'autres espèces arbres fruitiers qui donneront d'ici un à deux ans. On a aussi 5 fruits et légumes, salade, pota, aubergines, tomates et concombres, et quelques aromates." Beaucoup de travail et d'expertise accumulée qu'il veut donc transmettre à la population.

Un biologiste marin devenu permaculteur

Car Thierry s'est lancé dans la permaculture avant tout par passion : "Avant j'étais chercheur en océanographie au Criobe de Moorea, je suis biologiste marin. Je me suis lancé dans la permaculture pour protéger les sols et les lagons, parce que tout ce qu'on fait dans les faapu dans les montagnes, ça atterri dans les lagons. C'est aussi pour ça que je fais cette formation, pour promouvoir la permaculture, le bio, et les pratiques qui permettent de préserver les sols, pour ne pas qu'ils se fassent empoisonner."

Ce biologiste est bien conscient que la permaculture peut sembler complexe aux agriculteurs issus des méthodes traditionnelles, mais il assure que sa formation sera tout publique, avec autant de vulgarisation que possible. "La formation va commencer par de la théorie, mais on terminera avec des visites dans des fermes permacoles de Tahiti pour la mise en pratique. Par exemple nous allons étudier sur la vie du sol, comment intégrer des arbres en production avec du maraîchage, le zonage des différentes productions dans une exploitation ou un jardin… En fait c'est tout un tas de notions qui vont permettre de produire avec le moins d'intrants possible, donc sans engrais ou pesticides. On apprend comment fabriquer son composte, comment mettre en place différents éléments biologiques et les lier entre eux pour qu'il y ait des interactions positives… Comme certains arbres avec les légumes qui leurs sont associés par exemple, comment associer certaines plantes pour qu'elles s'aident et se protègent mutuellement… C'est vraiment toutes ces notions de 'permaculture design' qui ont été développées par Bill Mollison, le fondateur de la permaculture. On essaie de vulgariser au maximum et il ne faut pas forcément de baguage technique en biologie ou en agronomie pour suivre la formation, même si, bien sûr, ça peut aider. Le but est d'expliquer ces concepts de permaculture en termes simples."

A la fin de la formation, les stagiaires recevront un certificat de 'permaculture design', un contenu standard enseigné dans le monde entier. Pour participer, il faudra tout de même compter entre 130 000 francs (pour le stage à Tahiti) et 170 000 francs (pour une semaine de mise en pratique supplémentaire à Raiatea). Thierry justifie ce prix : "Dans les formations en permaculture on est parmi les moins chers, en Europe ou en Australie c'est plus de 2000 euros. Là je dois organiser plus de deux semaines de formation où je devrai lâcher mes champs, il y a des frais, et j'ai dû me former moi-aussi pour devenir formateur agréé." Ces formations sont assurées depuis quatre ans maintenant, les précédentes ayant eu lieu à Raiatea, rassemblant à chaque fois une dizaine de stagiaires. Cette édition tahitienne devrait donc être particulièrement suivie.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Lundi 8 Juillet 2019 à 17:29 | Lu 1498 fois