Paris, France | AFP | jeudi 01/12/2016 - L'augmentation des cas de grippe aviaire dans le monde est liée à la migration des oiseaux sauvages, selon le Dr Monique Eloit, directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE), qui rappelle qu'on n'a jamais identifié de transmission à l'homme de la souche H5N8 présente en Europe.
QUESTION: Comment expliquez-vous cette flambée de cas de grippe aviaire dans le monde?
REPONSE: "Il n'est pas étonnant d'avoir tous ces cas (de grippe aviaire, NDLR) en ce moment car ils sont tous liés à des oiseaux sauvages et on est en pleine période de migration d'hiver. Pour les pays d'Europe de l'Ouest, ce sont notamment les animaux eurasiens qui, avec le froid, se rapprochent de zones où il fait meilleur pour passer l'hiver. Ils font des stops pour ensuite continuer vers les pays chauds africains.
Les cas asiatiques sont également très liés aux migrations, mais il faut noter que l'Asie est le berceau de l'influenza aviaire. Ils mélangent à la fois une situation de risque endémique dans la faune sauvage et les élevages avec des mouvements de migration. Beaucoup d'élevages sont en plein air, donc avec des connexions avec la faune sauvage qui font que le risque y est quasi permanent, ce qui n'est pas le cas en Europe de l'Ouest."
Q: Quelles sont les souches concernées, et sont-elles dangereuses?
R: "Les pays asiatiques sont le réservoir (du virus, NDLR), le point de départ de tout, ce n'est donc pas étonnant de retrouver en Asie régulièrement différentes souches. En Europe de l'ouest, la souche est la même dans tous les pays, le H5N8.
Les premiers cas de H5N8 apparaissent en 2014 en Chine et en Corée. Il y a régulièrement eu d'autres déclarations en Asie en 2015 et en 2016, on le retrouve également en Europe de l'Ouest au Danemark, en Allemagne, en Pologne, en France récemment.
Jusqu'à présent, on n'a pas eu de connexion entre des cas humains et cette souche H5N8. Mais je ne me permettrai pas de dire qu'une souche donnée ne présente pas de risque pour l'homme car les virus d'influenza sont assez compliqués. Entre leurs mutations, leurs réassortiments, leurs petites modifications génétiques je ne crois pas que vous trouviez quelqu'un qui vous dise que tel virus ne présente pas de risque pour l'homme.
Pour certains c'est clair: le H5N1, par exemple, est déjà passé à l'homme, on connaît le risque, mais le H5N8 on ne l'a jamais identifié dans des cas humains."
Q: Quels sont les moyens de lutte face à cette épizootie?
R: "De plus en plus de pays sont sensibilisés et améliorent leur programme de surveillance ainsi que la transparence sur qui se passe chez eux en augmentant leurs notifications.
En matière de maladies transmissibles à l'homme, la grippe aviaire est un exemple majeur voire unique de surveillance mondiale aussi fine. Avec l'OMS et la FAO nous avons monté un réseau de surveillance avec des laboratoires de référence.
Concernant les mesures de sécurité, dans des pays à l'élevage traditionnel avec beaucoup de fermes et de basse-cours, elles sont très difficiles à appliquer. Pour enfermer des animaux il faut déjà avoir des bâtiments. Mais certains pays font de vrais efforts.
L'OIE peut fournir une aide en approvisionnement de vaccins, en fonction des disponibilités budgétaires. Il y a des pays en Asie du Sud-Est, ou comme l'Egypte, où le virus est endémique et où la vaccination a de l'intérêt car elle fait baisser la pression de la maladie, et ainsi diminue le risque de transmission à l'homme.
Il est également possible, comme ces derniers mois pour des foyers en Afrique de l'Ouest de faire une mission sur place conjointement avec la FAO pour aider à analyser ce qui s'est passé et bloquer l'évolution de la maladie."
QUESTION: Comment expliquez-vous cette flambée de cas de grippe aviaire dans le monde?
REPONSE: "Il n'est pas étonnant d'avoir tous ces cas (de grippe aviaire, NDLR) en ce moment car ils sont tous liés à des oiseaux sauvages et on est en pleine période de migration d'hiver. Pour les pays d'Europe de l'Ouest, ce sont notamment les animaux eurasiens qui, avec le froid, se rapprochent de zones où il fait meilleur pour passer l'hiver. Ils font des stops pour ensuite continuer vers les pays chauds africains.
Les cas asiatiques sont également très liés aux migrations, mais il faut noter que l'Asie est le berceau de l'influenza aviaire. Ils mélangent à la fois une situation de risque endémique dans la faune sauvage et les élevages avec des mouvements de migration. Beaucoup d'élevages sont en plein air, donc avec des connexions avec la faune sauvage qui font que le risque y est quasi permanent, ce qui n'est pas le cas en Europe de l'Ouest."
Q: Quelles sont les souches concernées, et sont-elles dangereuses?
R: "Les pays asiatiques sont le réservoir (du virus, NDLR), le point de départ de tout, ce n'est donc pas étonnant de retrouver en Asie régulièrement différentes souches. En Europe de l'ouest, la souche est la même dans tous les pays, le H5N8.
Les premiers cas de H5N8 apparaissent en 2014 en Chine et en Corée. Il y a régulièrement eu d'autres déclarations en Asie en 2015 et en 2016, on le retrouve également en Europe de l'Ouest au Danemark, en Allemagne, en Pologne, en France récemment.
Jusqu'à présent, on n'a pas eu de connexion entre des cas humains et cette souche H5N8. Mais je ne me permettrai pas de dire qu'une souche donnée ne présente pas de risque pour l'homme car les virus d'influenza sont assez compliqués. Entre leurs mutations, leurs réassortiments, leurs petites modifications génétiques je ne crois pas que vous trouviez quelqu'un qui vous dise que tel virus ne présente pas de risque pour l'homme.
Pour certains c'est clair: le H5N1, par exemple, est déjà passé à l'homme, on connaît le risque, mais le H5N8 on ne l'a jamais identifié dans des cas humains."
Q: Quels sont les moyens de lutte face à cette épizootie?
R: "De plus en plus de pays sont sensibilisés et améliorent leur programme de surveillance ainsi que la transparence sur qui se passe chez eux en augmentant leurs notifications.
En matière de maladies transmissibles à l'homme, la grippe aviaire est un exemple majeur voire unique de surveillance mondiale aussi fine. Avec l'OMS et la FAO nous avons monté un réseau de surveillance avec des laboratoires de référence.
Concernant les mesures de sécurité, dans des pays à l'élevage traditionnel avec beaucoup de fermes et de basse-cours, elles sont très difficiles à appliquer. Pour enfermer des animaux il faut déjà avoir des bâtiments. Mais certains pays font de vrais efforts.
L'OIE peut fournir une aide en approvisionnement de vaccins, en fonction des disponibilités budgétaires. Il y a des pays en Asie du Sud-Est, ou comme l'Egypte, où le virus est endémique et où la vaccination a de l'intérêt car elle fait baisser la pression de la maladie, et ainsi diminue le risque de transmission à l'homme.
Il est également possible, comme ces derniers mois pour des foyers en Afrique de l'Ouest de faire une mission sur place conjointement avec la FAO pour aider à analyser ce qui s'est passé et bloquer l'évolution de la maladie."