Une étude bat en brèche le bilan du gouvernement sur le pouvoir d'achat


Paris, France | AFP | mardi 16/11/2021 - Bataille de chiffres en vue? Une étude publiée mardi bat en brèche le bilan du quinquennat d'Emmanuel Macron sur la hausse du pouvoir d'achat, sujet majeur de la pré-campagne présidentielle, estimant que le niveau de vie des plus pauvres a diminué en cinq ans.

Selon l'Institut des politiques publiques, institut lié à l'Ecole d'économie de Paris, tous les ménages auront vu leur niveau de vie (c'est-à-dire l'ensemble de leurs revenus après impôts et prestations) progresser d'environ 1,6% depuis le début du quinquennat, sauf les 5% de ménages les plus pauvres, qui ont perdu jusqu'à 0,5%.

Même si ces résultats concernant les plus pauvres peuvent recouvrir "des situations très hétérogènes", nuance l'étude, le niveau de vie des ménages les plus modestes a été grignoté par de moindres revalorisations de certaines prestations et par la hausse des taxes sur l'énergie et le tabac, qui pèsent davantage en proportion de leur revenu.

A l'inverse, les 1% les plus riches ont engrangé la plus importante progression (en pourcentage), avec un gain moyen de 2,8%. Et parmi eux, les 0,1% les plus riches ont encore davantage gagné (environ +4%).

Ces derniers ont en particulier bénéficié en début de quinquennat de la suppression de l'ISF, remplacé par l'Impôt sur la fortune immobilière (IFI), ou encore de l'instauration du prélèvement forfaitaire unique sur les revenus du capital.

Une partie des ménages les moins aisés ont eux aussi vu leurs revenus progresser de 2% environ, grâce à la revalorisation de la prime d'activité et du minimum vieillesse.

Prime au travail 

Selon l'IPP, le fait de travailler ou non s'est avéré "crucial" dans l'évolution du niveau de vie des ménages durant le quinquennat, et c'était d'ailleurs la priorité affichée par le gouvernement depuis 2017.

En témoigne la hausse de la prime d'activité ou la suppression des cotisations sociales chômage et assurance-maladie visibles sur la fiche de paye des salariés.

Mais globalement, les ménages ont bénéficié d'une baisse d'impôts de 28 milliards d'euros (suppression de la taxe d'habitation, remplacement de l'ISF par l'IFI, baisse de l'impôt sur le revenu, etc.), quand les prestations sociales versées ont diminué de plus de 4 milliards d'euros, malgré la revalorisation de certaines d'entre elles.

Le mois dernier, le gouvernement avait présenté un tout autre bilan de sa politique. Selon une étude de la direction du Trésor au ministère de l'Economie, le niveau de vie des ménages aurait progressé de 4% pour les 10% de ménages les plus modestes, et de 2% en moyenne pour la plupart des ménages.

De quoi invalider la critique d'un président de la République "président des riches", qui lui colle à la peau depuis la suppression de l'ISF en 2018 et accentuée par le mouvement des "gilets jaunes".

Une contradiction que l'IPP explique par des différences de méthode entre lui et l'exécutif.

Au ministère de l'Economie, on pointe notamment le fait que l'IPP n'a pas pris en compte certaines mesures "qui bénéficient directement (aux ménages) au bas de la distribution", comme le 100% santé, MaPrimeRenov ou le contrat d'engagement jeunes, ni des mesures "entrées en vigueur sous ce quinquennat mais décidées avant".

Enfin, Bercy estime que "l'IPP exagère l'effet de la fiscalité du tabac" sur les ménages les plus modestes, par rapport aux "remontées fiscales observées" par l'administration.

D'ailleurs, l'institut reconnaît que s'il avait utilisé dans son étude les mêmes hypothèses que le gouvernement, il aurait trouvé des résultats proches, soit une progression de 3% du niveau de vie des 10% les plus pauvres, et d'environ 1,5% pour les 10% les plus aisés.

Mais l'étude tombe mal alors que depuis plusieurs mois l'exécutif s'évertue à contrer le retour de l'inflation, en particulier la hausse des prix de l'énergie qui grèvent le budget des ménages, conscient qu'à cinq mois de l'élection présidentielle, le sujet est devenu prioritaire pour de nombreux Français.

L'opposition a d'ailleurs aussi multiplié les promesses et propositions, en particulier pour augmenter les salaires. A gauche, on privilégie notamment la revalorisation du Smic, quand la droite défend la baisse des cotisations sociales, ou comme Xavier Bertrand une "prime au travail" pour les salariés touchant jusqu'à 2.000 euros.

Rédigé par RB le Mardi 16 Novembre 2021 à 04:56 | Lu 358 fois