Une enquête pour mesurer la cherté de la vie en Polynésie


Tahiti, le 28 février 2022 - Après 2010 et 2016, l’Institut de la statistique de la Polynésie française lance son enquête sur la comparaison spatiale des prix entre le fenua et la France métropolitaine métropole. Il y a six ans, l’Institut avait constaté que la Polynésie était 39% plus chère que la métropole. L’inflation importée, liée à l’augmentation du prix des matières premières et du fret, mais également l’instauration de la TVA sociale pourrait accroitre cet écart.
 
L’Institut de la statistique en Polynésie française (ISPF) lance une enquête de comparaison spatiale des prix entre les territoires ultramarins et lé métropole. La collecte des prix nécessaire à l’étude interviendra entre le 1er mars et le 22 avril. L’exercice n’est pas nouveau. L’Institut avait ainsi réalisé le même travail de collecte et d’analyse en 2010 puis en 2016.
 
Vie chère très chère Polynésie
 
L’enquête ainsi lancée vise à calculer quels seraient les écarts de prix constatés si un ménage de France métropolitaine gardait son mode de vie en Polynésie française ou, à l’inverse, si un ménage polynésien allait vivre en France métropolitaine en gardant ses habitudes de consommation. En un mot, il s’agit de savoir où la vie est la plus chère. En 2010, l’ISPF avait constaté un écart général de prix de +25,9% par rapport à la métropole avec déjà d’importantes différences constatées sur les prix des produits alimentaires (+40%) et les boissons alcoolisées (+99,5%). Six ans plus tard, l’écart des prix s’était substantiellement amplifié. L’écart global, sur tous les postes de dépenses, atteignait +38,5% par rapport à la métropole, s’accentuant notamment encore du fait des produits alimentaires (+48%) et des boissons alcoolisées (+112%). La Polynésie française avait largement devancé les autres territoires ultramarins. Les écarts constatés par exemple aux Antilles étaient alors de l’ordre de +7 à +12,5% par rapport à la métropole.
 
TVA sociale normalement prise en compte
 
L’enquête qui débute s’inscrit dans un contexte inflationniste certain. La tendance constatée en Polynésie française à la hausse des prix à la consommation, observée depuis début 2020 et plus prononcée qu’en métropole, devrait probablement conduire à constater que les écarts ont encore grandi. A cheval sur les mois de mars et d’avril 2022, l’enquête va conduire à la réalisation de relevés de prix sur environ 500 références identiques dans tous les départements et territoires d’outremer. Si les DOM-TOM sont tous impactés par les difficultés actuelles d’approvisionnement et l’augmentation du coût des matières premières et des matériaux, les résultats en Polynésie devraient également faire apparaitre les premiers  effets de la TVA sociale. Son entrée en vigueur est toujours prévue pour le 1er avril prochain. Pour les prix relevés avant cette date, une méthodologie, encore à définir, va être utilisée afin d’intégrer, dans un souci de précision, le niveau des prix de ces produits à un instant T.
 
Des chiffres à disposition des pouvoirs publics
 
Les résultats de l’étude sont attendus pour l’année prochaine. Le travail d’analyse de l’ISPF s’arrête là, il restera en effet à l’Etat et au Pays de tirer les conséquences du petit ou grand écart qui pourrait être constaté. Selon le directeur de l’ISPF, Nicolas Prudhomme, "le but c’est de constater les écarts et les évolutions. (…) C’est de mettre à disposition les résultats en 2023 pour que les acteurs publics puissent prendre les décisions qu’ils estiment nécessaires". Les écarts de prix qui seront ainsi observés à la fin de l’étude pourraient ainsi, entre autres, servir à justifier ou réviser le coefficient d’indexation des fonctionnaires d’Etat ou conduire à une nouvelle réforme de la fiscalité polynésienne vers un allégement. Ou a minima relancer le débat sur la nécessaire lutte contre la vie chère.
 


Rédigé par Sébastien Petit le Lundi 28 Février 2022 à 15:57 | Lu 2895 fois