Une commission chargée de baliser une possible baisse du nucléaire en France


PARIS, 6 septembre 2011 (AFP) - Le gouvernement a chargé une commission d'établir d'ici janvier des scénarios pour l'énergie en France d'ici 2050, a annoncé mardi le ministre de l'Energie Eric Besson, incluant une "sortie progressive" du nucléaire, une option qu'il combat pourtant fermement.

Parmi les scénarios à "explorer" pour les experts, ONG, professionnels et pouvoirs publics, figurent la prolongation de la durée de vie du parc nucléaire actuel, l'accélération de sa modernisation, ainsi que la possibilité d'"aller vers une sortie progressive du nucléaire à horizon 2050 voire 2040, ou vers une réduction progressive de la part du nucléaire", a expliqué le ministre à l'AFP.

Actuellement, la part du nucléaire dans la production d'électricité de la France est d'environ 75%, de très loin la plus élevée des grandes puissances, et le gouvernement de François Fillon a répété ces derniers mois qu'il assumait le choix de l'atome malgré la catastrophe de Fukushima au Japon.

Mais le gouvernement a également lancé un vaste plan de développement du renouvelable, notamment par l'éolien en mer, visant à atteindre 23% de la production totale d'ici 2020 et à diversifier les ressources de l'Hexagone.

"L'objectif est d'explorer plusieurs scénarios possibles du devenir du système énergétique français aux horizons 2030-2050, d'en préciser les limites et d'en établir les conséquences, avantages et inconvénients", a souligné M. Besson.

La réflexion française intervient alors que plusieurs pays européens, en premier lieu l'Allemagne mais également la Suisse et l'Italie, ont tourné le dos à l'énergie nucléaire après Fukushima, remettant en question "la renaissance" de l'atome espérée par l'industrie nucléaire française et mondiale 25 ans après Tchernobyl.

Présentée par M. Besson comme "naturellement pluraliste", la commission, qui devra remettre un rapport "dans le courant du mois de janvier", s'incrit dans le cadre de l'"exercice de prospective" intitulé "Energies 2050" que le gouvernement avait lancé en juillet.

A l'époque, M. Besson avait préconisé un ratio d'environ 2/3 de nucléaire d'ici 20 à 30 ans, en parallèle à la montée en puissance du renouvelable.

Présidée par Jacques Percebois, professeur d'université spécialiste de l'énergie, la commission aura pour vice-président Claude Mandil, directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

Selon un projet de composition, elle regroupera également six autres experts: le professeur Christian de Perthuis, l'économiste Christian de Boissieu, l'ancien PDG d'EDF Pierre Gadonneix, la directrice énergie de CapGemini Colette Lewiner, l'ingénieur Jean-Marc Jancovici et l'économiste spécialiste des matières premières Jean-Marie Chevalier.

Doivent s'ajouter des ONG invitées (WWF, Réseau Action Climat, UFC Que choisir...), syndicats (CFDT, CFE/CGC, CFTC, CGT, FO), des fédérations professionnelles (Union française de l'industrie pétrolière, Syndicat des énergies renouvelables, Union française de l'électricité...) et des représentants de l'Etat et des agences publiques, selon la liste encore provisoire.

L'organisation écologiste Greenpeace, qui figurait sur la liste d'un projet de participants, a décliné au motif que les experts retenus étaient tous --à l'exception de M. de Perthuis-- des "pro-nucléaires notoires", dont plusieurs ont travaillé pour EDF ou Areva (ex-Cogema).

"Greenpeace n'a aucun espoir quant à l'issue des travaux de cette commission lancée au moment même où le ministre de l'Industrie et de l'Energie annonçait que la sortie du nucléaire n'était pas une option pour le gouvernement", écrit l'ONG dans un communiqué.

"La commission annoncée par le ministre comme "naturellement pluraliste" n'est en réalité qu'un nouvel outil de communication en faveur de l'industrie nucléaire", a-t-elle critiqué.

map/fga

Rédigé par Par Marc PRÉEL le Mardi 6 Septembre 2011 à 06:35 | Lu 395 fois