Une base de données recense plus de 200 spongiaires polynésiens


PAPEETE, le 17 juillet 2017 - Le site sponges-polynesia.ird.fr vient d’être mis en ligne. Après deux années de labeur, il livre aux scientifiques, plongeurs, curieux et autres amateurs du monde sous-marin, une base de données complète sur les spongiaires (éponges) de Polynésie française. Retour sur le projet avec l’un des deux coordonnateurs : Sylvain Petek.

"L’inventaire des éponges de Polynésie française a été entrepris sur plusieurs années, d’une part pour combler le vide de connaissances sur ce groupe qui est pourtant l’un des fondements de la conservation de l’environnement marin, et d’autre part pour rechercher de nouvelles ressources économiques potentielles en Polynésie française", annoncent les auteurs du site sponges-polynesia.ird.fr en introduction.

900 plongées

Cet inventaire s’est traduit par 900 plongées jusqu’à 65 m de profondeur. Il a permis de récolter de façon aussi exhaustive que possible des éponges dans des habitats diversifiés sous différentes expositions, au vent ou sous le vent : des lagons et leur patates de corail, récifs frangeants et barrières, passes, pentes rocheuses, lavatubes immergés, baies et caps. Il a aussi donné naissance à une base de données particulièrement riche.

Sylvain Petek, l’un des coordonnateurs de la base de données, chargé de recherche de l’UMR écosystèmes insulaires océaniens, indique : "il y a environ 200 espèces de spongiaires en Polynésie, ce qui est peu finalement au regard de la taille de la Polynésie. Certaines sont très rares, d’autres communes et abondantes". Surtout, il indique que 46% des espèces rencontrées au cours de l’inventaire sont nouvelles. "Elles n’ont été trouvées nulle par ailleurs dans le Pacifique." Autres chiffres remarquables : 30% des échantillons n’ont été trouvés que sur une seule île, 10% seulement une seule fois.

La base de données est à destination de… "tout le monde !", répond Sylvain Petek. "Elle peut servir aux chercheurs mais également aux Polynésiens qui souhaiteraient en connaître d’avantage sur leur environnement et aux éco-touristes plongeurs", précise Sylvain Petek.

200 fiches descriptives

Elle est constituée de 200 fiches descriptives. Il y a une fiche pour chaque organisme avec sa taxonomie (ordre, famille, genre et espèces), sa photo dans la plupart des cas, sa répartition par archipel, son habitat ainsi que des liens vers d’autres bases de données : spongemaps.org (base de données du Queensland Museum), le World register of marine species (Worms) et le Global biodiversity information facility (GBIF). Par ailleurs, il y a une galerie de photos des organismes, une carte positionnant les éponges sur telle ou telle île. Un ebook actualisé et généré automatiquement à partir du site est téléchargeable, il peut être emporté sur le terrain.

Plusieurs personnes ont travaillé à la réalisation de la base de données. Sylvain Petek et Cécile Debitus l’ont coordonné, le pôle web de l’institut de recherche pour le développement (IRD) avec la société Kaliop ont créé la structure et les fonctionnalités informatiques, l’actualisation des données est faite avec le Queensland Museum et en particulier Kathryn A. Hall qui gère le site spongemaps.org. "L’IRD collabore avec le Queensland Museum depuis plus de 30 ans", explique Sylvain Petek à propos de l’établissement australien. "Il possède la plus large collection d’éponges de l’Indo-Pacifique, ce qui permet d’identifier rapidement les organismes connue et de référencer les nouvelles espèces. Cécile et moi travaillons sur les spongiaires de Polynésie mais nous de sommes pas taxonomistes, ils sont peu dans le monde à l’être."

2 années de travail

De plus, "par le biais du Queensland Museum nous sommes en lien avec les autres banques de données mondiales et internationales, ce qui permet d’actualiser la taxonomie, d’assurer la qualité et la pérennité des données". Deux années ont été nécessaires l’équipe, depuis les premiers développements informatiques jusqu’aux dernières fiches ajoutées.

Crédit : IRD.
Zoom sur les éponges

Longtemps considérées comme des végétaux, les éponges sont aujourd’hui classées dans le règne animal. Elles vivent partout dans le monde. Elles ont colonisé les eaux marines, douces et saumâtres de quelques centimètres de profondeur à 5 000 mètres de fond, sous tous les climats de la planète. Leur rôle ? "Ce sont des organismes filtreurs capables de filtrer de très grandes quantités d’eau par jour. En se nourrissant des microorganismes, elles épurent l’écosystème, assurent la cohésion du récif, servent d’abri pour les crustacés, de nourriture à d’autres organismes comme les poissons, nudibranches…", rapporte Sylvain Petek, l’un des coordonnateurs de la base de données, chargé de recherche de l’UMR écosystèmes insulaires océaniens.



Rédigé par Delphine Barrais le Lundi 17 Juillet 2017 à 13:39 | Lu 2221 fois