DIJON, 7 avril 2014 (AFP) - Un viticulteur bio de Côte-d'Or, soutenu par les écologistes, a été condamné lundi à 500 euros d'amende ferme pour avoir refusé de traiter ses vignes contre une maladie, la flavescence dorée, suscitant la controverse dans la profession.
"Je ne me sens pas du tout coupable, c'est intolérable aujourd'hui d'être obligé de se masquer, d'être dans la peur quand on assume une position", a déclaré à la presse Emmanuel Giboulot à l'issue du délibéré. Le viticulteur, qui pratique la biodynamie depuis les années 1970, a annoncé son intention de faire appel.
Sa peine a été assortie d'une amende avec sursis de 500 euros, conformément aux réquisitions lors du procès fin février.
Il encourait six mois d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende.
L'affaire avait débuté au printemps 2013 avec la découverte de foyers de flavescence dorée - maladie mortelle pour la vigne véhiculée par un insecte, la cicadelle - près de Beaune, qui avait conduit le préfet à imposer de traiter tous les vignobles du département.
Emmanuel Giboulot avait refusé de traiter ses dix hectares qu'il exploite en Côte-de-Beaune et Haute-Côte-de-Nuits. Même à la pyréthrine, pesticide naturel autorisé dans la filière bio. Après un contrôle en juillet de la Direction régionale de l'agriculture, il avait été convoqué devant la justice.
La pyréthrine, qui n'est "pas sélective et tue la faune auxiliaire", ne doit être appliquée que "si on n'a pas le choix", a répété lundi le viticulteur devant une centaine de militants écologistes, réunis devant le tribunal de Dijon pour le soutenir.
Parmi les manifestants, une femme brandissait une pancarte: "Nous sommes tous des Giboulot".
"On ne peut plus banaliser les traitements", a plaidé le viticulteur.
"Preuve", selon lui, que l'application de ce produit n'était pas indispensable: "dans le périmètre de mes parcelles, il n'y a pas de pied de flavescence dorée qui s'est exprimé".
Représentant de la commission viticole à la Confédération paysanne, Vincent Talmot a fustigé "l'administratif qui gagne sur le paysan" par cette condamnation.
- 'Une situation absurde' -
"Le principe de précaution est dévoyé puisqu'on impose l'usage préventif de pesticides sans menace avérée et au détriment de la santé des travailleurs et des consommateurs", a dénoncé l'eurodéputée EELV Sandrine Bélier, présente aux côtés M. Giboulot.
"Cette réglementation doit être révisée impérativement. Elle est responsable d'une situation absurde où on condamne le vigneron qui a fait le choix de produire dans le respect de la nature et de la santé", a-t-elle ajouté.
Le porte-parole d'EELV, Julien Bayou, a prévenu dans un communiqué que "le scandale des pesticides, vecteurs de maladies professionnelles, pourrait être le nouvel amiante".
Lors de l'audience en février, le directeur régional de l'Alimentation et de l'Agriculture Jean-Roch Gaillet avait pour sa part assuré que des cas de flavescence dorée avait été détectés "dans les communes voisines, à Pommard, à Volnay, à Saint-Aubin, à Meursault".
Les mesures de traitement avaient été prises, selon M. Gaillet, "en accord total avec la profession, y compris la filière bio".
L'affaire a suscité une vive polémique au sein de la profession viticole qui s'est désolidarisée de M. Giboulot, même dans la filière bio, déplorant la mauvaise publicité faite aux vins de la région.
Dans un communiqué, le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne a estimé après la condamnation de M. Giboulot que "cette affaire était désormais close". "La profession préfère se concentrer sur la lutte contre la flavescence dorée, qui reste un enjeu majeur pour le vignoble bourguignon", est-il écrit.
"La volonté de l'ensemble des acteurs impliqués est de réduire au minimum le nombre de traitements insecticides, ainsi que la surface concernée. Rappelons qu'à ce jour, il n'existe, hélas, aucune alternative pour lutter contre cette maladie très épidémique et mortelle pour la vigne", a ajouté l'interprofession.
"Je ne me sens pas du tout coupable, c'est intolérable aujourd'hui d'être obligé de se masquer, d'être dans la peur quand on assume une position", a déclaré à la presse Emmanuel Giboulot à l'issue du délibéré. Le viticulteur, qui pratique la biodynamie depuis les années 1970, a annoncé son intention de faire appel.
Sa peine a été assortie d'une amende avec sursis de 500 euros, conformément aux réquisitions lors du procès fin février.
Il encourait six mois d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende.
L'affaire avait débuté au printemps 2013 avec la découverte de foyers de flavescence dorée - maladie mortelle pour la vigne véhiculée par un insecte, la cicadelle - près de Beaune, qui avait conduit le préfet à imposer de traiter tous les vignobles du département.
Emmanuel Giboulot avait refusé de traiter ses dix hectares qu'il exploite en Côte-de-Beaune et Haute-Côte-de-Nuits. Même à la pyréthrine, pesticide naturel autorisé dans la filière bio. Après un contrôle en juillet de la Direction régionale de l'agriculture, il avait été convoqué devant la justice.
La pyréthrine, qui n'est "pas sélective et tue la faune auxiliaire", ne doit être appliquée que "si on n'a pas le choix", a répété lundi le viticulteur devant une centaine de militants écologistes, réunis devant le tribunal de Dijon pour le soutenir.
Parmi les manifestants, une femme brandissait une pancarte: "Nous sommes tous des Giboulot".
"On ne peut plus banaliser les traitements", a plaidé le viticulteur.
"Preuve", selon lui, que l'application de ce produit n'était pas indispensable: "dans le périmètre de mes parcelles, il n'y a pas de pied de flavescence dorée qui s'est exprimé".
Représentant de la commission viticole à la Confédération paysanne, Vincent Talmot a fustigé "l'administratif qui gagne sur le paysan" par cette condamnation.
- 'Une situation absurde' -
"Le principe de précaution est dévoyé puisqu'on impose l'usage préventif de pesticides sans menace avérée et au détriment de la santé des travailleurs et des consommateurs", a dénoncé l'eurodéputée EELV Sandrine Bélier, présente aux côtés M. Giboulot.
"Cette réglementation doit être révisée impérativement. Elle est responsable d'une situation absurde où on condamne le vigneron qui a fait le choix de produire dans le respect de la nature et de la santé", a-t-elle ajouté.
Le porte-parole d'EELV, Julien Bayou, a prévenu dans un communiqué que "le scandale des pesticides, vecteurs de maladies professionnelles, pourrait être le nouvel amiante".
Lors de l'audience en février, le directeur régional de l'Alimentation et de l'Agriculture Jean-Roch Gaillet avait pour sa part assuré que des cas de flavescence dorée avait été détectés "dans les communes voisines, à Pommard, à Volnay, à Saint-Aubin, à Meursault".
Les mesures de traitement avaient été prises, selon M. Gaillet, "en accord total avec la profession, y compris la filière bio".
L'affaire a suscité une vive polémique au sein de la profession viticole qui s'est désolidarisée de M. Giboulot, même dans la filière bio, déplorant la mauvaise publicité faite aux vins de la région.
Dans un communiqué, le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne a estimé après la condamnation de M. Giboulot que "cette affaire était désormais close". "La profession préfère se concentrer sur la lutte contre la flavescence dorée, qui reste un enjeu majeur pour le vignoble bourguignon", est-il écrit.
"La volonté de l'ensemble des acteurs impliqués est de réduire au minimum le nombre de traitements insecticides, ainsi que la surface concernée. Rappelons qu'à ce jour, il n'existe, hélas, aucune alternative pour lutter contre cette maladie très épidémique et mortelle pour la vigne", a ajouté l'interprofession.