Une agence nationale pour sauver notre biodiversité


Endémique de Tahiti, 46 Monarques de Tahiti adultes et 17 couples dont 11 se sont reproduits en 2014. Photo : Moana Iti
PAPEETE, le 18 mars 2015. L'Assemblée nationale a voté mercredi la création de l'Agence française de la biodiversité (AFB). Sa mission : préserver les espaces naturels, leur faune et leur flore. Cinq sièges du conseil d'administration de l'Agence sont réservés aux Ultramarins. L'agence devra agir rapidement : au fenua, 61 espèces sont en danger critique d'extinction.


La Polynésie française, c'est 88 espèces éteintes, 61 espèces en danger critique d'extinction, 87 espèces vulnérables et 21 en danger. La création de l'Agence française de la biodiversité (AFB), élément central du projet de loi sur la biodiversité de la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal, a été votée mercredi à l'Assemblée nationale.
Selon ce texte examiné en première lecture cette semaine par les députés, l'AFB devra œuvrer en faveur d'une meilleure préservation des espaces naturels, de leur faune et de leur flore, et d'une action plus concertée des services de l'Etat.
Elle regroupera à compter de 2016 les 1 200 agents de quatre organismes existants : Office national de l'eau et des milieux aquatiques (Onema), Atelier technique des espaces naturels, Agence des aires marines protégées et Parcs nationaux.


Des représentants ultramarins au conseil d'administration

Soulignant que 80% de la biodiversité française se situe outre-mer, les élus ultramarins se sont battus pour qu'une place plus importante lui soit accordée dans l'AFB. Finalement, les députés ont voté à la quasi-unanimité un amendement UDI, avec l'accord de la ministre, augmentant de 39 à 44 le nombre de membres du conseil d'administration de l'agence, et attribuant ces cinq sièges supplémentaires à des représentants "de chacun des cinq bassins écosystémiques ultramarins".

Le président du conseil d'administration sera désigné par le président de la République, au sein et sur proposition du conseil, en vertu d'une autre texte débattu en même temps par les députés.

En revanche, l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) -comme l'Office national des forêts (ONF)- n'est pas inclus dans cette agence, au grand dam d'associations mais aussi de la rapporteure socialiste du texte Geneviève Gaillard, qui y voient l'influence du lobby des chasseurs.


Parrainée par l'astrophysicien Hubert Reeves


La création de l'AFB avait été promise par François Hollande lors de la première conférence environnementale en 2012 et elle est parrainée par l'astrophysicien Hubert Reeves. 

L'AFB sera le deuxième grand opérateur de l'Etat en matière d'environnement avec l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). 

Dotée d'un budget de fonctionnement de 225 millions d'euros (26, 849 milliards de Fcfp), plus 60 millions (7,159 milliards de Fcfp) tirés des investissements d'avenir pour des projets liés à l'eau et à la biodiversité selon une annonce récente de la ministre, elle sera chargée d'un appui technique et financier, d'une gestion des parcs naturels marins et de la police de l'eau, d'une action internationale, de recherche et communication.


Espèces menacées de la liste rouge UICN mondiale en Polynésie française


Le monarque de Tahiti dans les 15 espèces les plus menacées au monde

La revue scientifique Current Biology a publié lundi le compte rendu d’une étude internationale, qui classe les animaux menacés en fonction de leurs chances de survie. Cette étude a identifié quinze espèces presque condamnées, parmi lesquelles une salamandre, plusieurs grenouilles, des rongeurs et des oiseaux marins.

L’équipe qui regroupe des chercheurs danois, anglais, américains et australiens à partir de la liste de 841 mammifères, reptiles, oiseaux et amphibiens les plus menacés, établie par l’ONG Alliance for Zero Extinction.
En tête des pays qui a le plus d'espèces menacées, on trouve le Brésil et la France à égalité. Une mauvaise position due en partie aux trois espèces d’oiseaux des îles qui sont menacées : l’Albatros d’Amsterdam (archipel de Saint-Paul et Nouvelle-Amsterdam, terres australes françaises), le monarque de Tahiti et le pétrel de Bourbon (île de La Réunion), tous installés dans l’hémisphère Sud.

Un point chaud de biodiversité (de l'anglais biodiversity hotspot) est une zone biogéographique, terrestre ou marine, possédant une grande richesse de biodiversité particulièrement menacée par l'activité humaine.

En chiffres

- Dans les territoires outre-mer, 10 000 nouvelles espèces par an ont été comptabilisées ces dernières années. 

- Seulement 10% des espèces présentes outre-mer ont a priori été recensés. Un taux qui passe à 80% en métropole. Les nouvelles espèces répertoriées sont parfois des espèces introduites, volontairement ou non.

- La France compte 13.325 espèces endémiques, c'est-à-dire présentes nulle part ailleurs au monde.

- 10% des récifs coralliens mondiaux sont en France (4e rang mondial), surtout en Nouvelle Calédonie et Polynésie

- La Nouvelle-Calédonie abrite à elle seule 3 000 plantes dont 2 423 sont endémiques

 - La Polynésie française compte plus de 550 plantes, 989 mollusques (sur terre et en mer) et 27 oiseaux endémiques.

- La Polynésie française compte à elle seule 20 % des atolls de la planète.

- A La Réunion, 1/3 des oiseaux sont menacés, ainsi que trois reptiles, 14% des papillons de jour, 21% des libellules et 33% des poissons d'eau douce. Un tiers des oiseaux nicheurs en Guadeloupe sont menacés. La flore de Mayotte est particulièrement en danger (une espèce sur deux). En Nouvelle-Calédonie, 14% des plantes sont menacées.

Rédigé par Mélanie Thomas le Mercredi 18 Mars 2015 à 12:18 | Lu 471 fois