Une Tahiti Fashion Week 100% digitale


Tahiti, le 28 septembre 2020 - Septaine obligatoire et distanciation sociale n'auront pas suffi à dissuader ce festival de la mode, cher aux yeux de nombreux Polynésiens. Organisés par Alberto Vivian, Exotic Gardens et Salt Event, les catwalks de la Tahiti Fashion Week offrent du 5 au 17 octobre une 7e édition 100% numérique. Une première qui fait la part belle à la destination, venant ainsi au chevet du tourisme. 
 
Chanel avait déversé 240 tonnes de sable au Grand palais pour emmener ses mannequins à la plage en plein Paris. Vu de Tahiti, on se demande pourquoi se donner autant de mal pour relayer la Fashion Week en intérieur. Alberto Vivian a eu le déclic pendant le confinement justement. "On a la chance d'habiter dans un endroit magnifique. La mer, les bungalows, la brousse, le sable blanc, on a déjà tout ça, alors qu'organiser des défilés dans une pièce avec un podium ça peut se faire n'importe où" fait remarquer l'organisateur de la Tahiti Fashion Week, prévue du 5 au 11 octobre. Les défilés se feront donc en extérieur dans le cadre "idyllique" des grands hôtels, mais sans le public cette fois. 100% digital, la Tahiti Fashion Week – #TFWDIGITAL2020 – à l'instar des grandes capitales de la mode, a dû se plier aux exigences de la crise sanitaire.
 
Exit le traditionnel concours de mannequin – avec l'agence milanaise Brave – pour commencer. Le risque de faire venir un jury de professionnels étant trop grand, et trop coûteux. "On ne se sentait pas de prendre la responsabilité de faire venir tous ces gens, et comme on a déjà dépensé une fortune pour honorer toutes les mesures sanitaires, il fallait innover" argumente le directeur artistique.
 
Si populaire soit-il, l'événement qui rassemble chaque année près de 1 000 personnes n'est pas épargné par les contraintes du Covid-19. "C'est sûr que ça aurait été plus simple de le faire en intérieur" reconnaît Alberto, admettant le coût élevé du dispositif numérique. Car outre le facteur météo, les organisateurs ont dû faire appel à une armée de techniciens pour les nombreux shooting et tournages. "Les masques, les gants, la distanciation sociale : il y a tout un tas de petits processus à respecter, les créateurs eux-mêmes ne pouvaient pas toujours être sur les tournages sinon ça faisait rapidement trop de monde" rapporte Maiti Rossoni, directeur de l'agence Exotic Garden, chargée de la communication.  
 

Vaste plan de communication

 Pour compenser les événements physiques, le dispositif numérique prévoit un rythme de communication soutenu, pour ne pas dire un matraquage médiatique, comprenant des spots radio, des parutions dans la presse écrite, à la télé et sur les réseaux sociaux pendant douze jours. "Parce qu'il faudra faire vivre la fashion week quotidiennement avec des outils photos et des vidéos", justifie Maiti Rossoni, rappelant que la soirée de clôture accueille à elle seule d'ordinaire entre 400 et 600 spectateurs. "Si tu ajoutes les 200 à 300 personnes sur les autres soirées, ça fait un bon millier de visiteurs."

Pas de quoi inquiéter Alberto. "D'accord, il n'y a pas de public sur place, mais il y a beaucoup plus d'audience sur les réseaux sociaux" indique l'organisateur, certain que les créations auront une meilleure visibilité. "Dans les vidéos, on voit les détails des tissus, des coutures et des bijoux, ce qu'on voit moins bien sur un podium." À cet effet, un film de 2,30 minutes sera diffusé – en simultané sur le site dédié et les réseaux sociaux – tous les jours du 5 au 17 octobre. Le calendrier des diffusions bouclera le 18 octobre avec le clou du spectacle : un documentaire de 26 minutes.
 

​"Les retombées économiques sont immenses"

Cette "mise en image idyllique" du fenua servira ensuite de support pour de nombreux partenaires de l'événement, comme Air Tahiti Nui ou le GIE Tahiti Tourisme, dans leurs missions de promotion de la destination. "La Tahiti fashion week est une vitrine touristique exceptionnelle de notre pays, note l'organisation. Cette année plus que jamais, la destination Tahiti et l'ensemble des entreprises locales ont besoin de soutien publicitaire."
 
Organisateur du festival depuis 2013, Alberto V considère même l'événement comme un prétexte touristique. "Depuis qu'on a lancé la fashion week, on a fait connaître beaucoup de créateurs sans prétention, dont un certain nombre étaient inconnus au bataillon, assure le directeur artistique. Avec cet événement on a donné l'opportunité à beaucoup de professionnels de découvrir la Polynésie, les retombées économiques sont immenses, on en a plus que beaucoup d'autres événements." 
 
Si l'impact de la pandémie sur le milieu de la mode ne fait pas de doute, le confinement n'a pas freiné l'inspiration des créateurs selon le directeur artistique. Au contraire. "Ils ont continué à créer, le tout c'est d'essayer d'avoir de nouvelles idées, mais la mode s'est toujours nourrie des périodes de crise de notre histoire, sous l'occupation, après la première et la seconde guerres mondiales… C'est dans ces moment-là que les créateurs s'exprimaient le plus."   

Rédigé par Esther Cunéo le Lundi 28 Septembre 2020 à 19:59 | Lu 1459 fois